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Les agriculteurs et leurs « frères jumeaux »

Publié le 03 mai 2010 par Lecriducontribuable

Nous avons vu des milliers de tracteurs dans Paris manifestant la colère des céréaliers. Ce n’est pas la première fois, ces protestations permanentes étant rituelles. Il y eut le lait et la pêche avec des manifestations très violentes. En 2009, les producteurs de fruits et légumes protestèrent contre Bruxelles qui avait  exigé de la France qu’ils remboursent une partie des aides nationales reçues entre 1992 et 2002 ;  la facture adressée par  la dictature bruxelloise  s’élevait au total à environ 500 millions d’euros.  Nous ne savons pas ce qu’est devenue cette odieuse réclamation ; il est probable que le gouvernement a dû  éteindre l’incendie en prenant de l’argent par la force fiscale à d’autres pour arroser les producteurs de fruits et légumes.

Ces jours-ci, ce sont  les céréaliers qui ont manifesté et qui pourtant sont plutôt favorisés. Après des années fastes en 2006 et 2007 dues à l’envolée des prix des céréales, ils souffrent gravement de l’écroulement de ces prix  depuis 2008. Cette apparente contradiction est dans la pure logique du socialisme : lorsque l’on vit des réglementations et aides publiques l’on ne dit rien tant que cela marche et l’on se révolte quand cela s’écroule. À la chute des prix, s’ajoute une redistribution des aides européennes vers les plus nécessiteux. Ils demandent que les  États interviennent pour faire remonter les cours ; notons que cette revendication revient à souhaiter la ruine de toutes les populations pour une spéculation tout à fait hasardeuse concernant un produit agricole.

Ces évènements mettent une nouvelle fois en lumière les divers mensonges en vigueur. ; n’oublions jamais que le mensonge permanent est une des « valeurs »  de la République.

Il nous est dit que la profession agricole a besoin d’aides : c’est un pur mensonge. Aider une activité quelle qu’elle soit c’est,  par définition, la tromper et l’empêcher de s’adapter aux conditions du marché.

Beaucoup d’agriculteurs sont à la limite de la pauvreté, c’est vrai. Mais le silence se fait sur l’existence du « frère jumeau » qui les saigne. Chaque  agriculteur doit supporter un frère jumeau  travaillant dans les bureaux avec  des conditions de confort qu’il  ne connaît pas,  lui agriculteur, et faisant bravement ses 32 heures hebdomadaires avec des espoirs de retraite mirifiques par rapport  par rapport aux  retraites misérables des vrais agriculteurs.

Pour arriver à ce calcul du frère jumeau, il ne faut pas se limiter aux fonctionnaires du ministère de l’Agriculture qui ne forment qu’une goutte d’eau dans le drame. Il faut ajouter tous les fonctionnaires dans les régions, les départements, les mairies, etc. Il faut tenir compte de  la cohorte glorieuse des eurocrates, des onucrates, sans oublier la FAO, organisme qui, malgré son titre,  ne sert surtout pas à lutter contre la faim.

Enfin, il est nécessaire d’englober la vraie jungle des organismes qui sont censés défendre les agriculteurs et qui  en fait s’enrichissent sur la bête par les prélèvements insupportables  infligés à leurs adhérents. C’est un mensonge supplémentaire que de dire que les organismes agricoles défendent les agriculteurs contre le pouvoir. En fait, dans leurs confortables bureaux, il livrent des  combats d’arrière-garde pour aménager la catastrophe et pas du tout pour l’endiguer.

Des rapports de la Cour des Comptes ont montré le désordre complet qui règne dans ces innombrables organismes agricoles avec très souvent des pratiques tout à fait critiquables sur le plan de l’honnêteté, c’est-à-dire des transferts indus en faveur de certains dirigeants ; ils citent des salaires parfaitement extravagants.

Autre mensonge  : la crise des fruits et légumes et celle des céréaliers viendraient de la politique « ultralibérale » de Bruxelles. C’est tout à fait le contraire : Bruxelles en réglementant  jusque dans le plus petit détail  le travail des agriculteurs  fait preuve de pratiques parfaitement dirigistes.

Mensonge aussi : la recherche de l’égalité. L’on nous parle des revenus des agriculteurs en les comparant à d’autres. Nous touchons du doigt le mensonge de toute pratique socialiste qui veut absolument réaliser la chimère de l’égalité avec le résultat de ruiner tout le monde.

Enfin, dernier mensonge : le malheur viendrait de la politique agricole commune (PAC), non par son existence même, mais par des erreurs qui seraient aisées à corriger. C’est une contrevérité grave : l’erreur de base est l’existence d’une politique  agricole publique,  qu’elle soit commune ou nationale. La politique industrielle a détruit l’industrie française et la politique informatique a détruit l’informatique française ; le même phénomène se produit en agriculture.

L’agriculture ne se distingue pas de tous les autres métiers. Elle a ses particularités comme celui d’être proche de la nature et d’être tributaire des éléments dont le climat ; elle n’est pas  la seule dans les activités humaines à avoir ces caractéristiques et doit simplement en tenir compte. La réglementer à partir d’un gouvernement ou encore mieux d’une commission européenne qui règne dans les nuées de l’Olympe est une vue de l’esprit. Quand il s’agit de biens aussi périssables que les fruits et légumes, il faudrait être un « deus ex machina » pour y arriver. Trois dictateurs à Bruxelles règnent sur le lait dans toute l’Europe, avec des milliers d’exploitants qu’ils traitent comme des esclaves leur dictant les prix, la façon de travailler, la qualité du lait, etc.

Il nous est dit que le prix de la main-d’oeuvre écrase les agriculteurs. Ce qui les écrase, en vérité,  ce sont  les impôts et charges insensés auxquels ils sont soumis et leurs frères jumeaux  dont ils n’ont nul besoin.

Les réglementations exercent des ravages aussi perturbateurs  que les impôts et charges. Un agriculteur  passe  la moitié de son temps à gérer les primes et à comprendre les réglementations perpétuellement changeantes. Le propriétaire d’une terre qui veut s’installer agriculteur sur sa propre terre doit franchir un véritable parcours du combattant pour y arriver, avec, au final, le préfet qui lui  indique comment faire !

Personne n’a le droit de dire que le libération de l’agriculture est impossible. La Nouvelle-Zélande  a pu émerger du socialisme qui ruinait son économie. L’agriculture, notamment, vivait pour  un tiers de subventions et se mourait en silence de ces subventions. Elles  ont été supprimées d’un seul coup et l’agriculture est devenue très vite  prospère, grâce à la liberté retrouvée des agriculteurs qui ont pu gérer avec efficacité leurs affaires.

Dans la crise actuelle, il n’est, hélas, aucune chance que la libération nécessaire de l’agriculture se produise d’elle-même :  les énarchos-gauchos qui sont au pouvoir ne sont pas formatés pour cela et n’y trouveraient aucun intérêt personnel, car leur richesse vient  précisément de leurs aptitudes à gérer la jungle des réglementations qu’ils alimentent sans arrêt.

Le seul espoir est que les agriculteurs de base finissent par comprendre la vraie nature de leur malheur et c’est pour cela qu’il faut les informer sans relâche.

Michel de Poncins


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