Alors que les régulateurs internationaux engagent les banques à nettoyer au plus vite leur bilan, les principaux établissements américains ont encore publié des résultats en forte baisse, plombés par de nouvelles provisions. Cependant, les dirigeants des banques se veulent rassurants. Ils estiment que l’essentiel des dégâts liés à la crise des subprimes est enfin inscrit dans les comptes, limitant ainsi fortement les risques. Selon eux, le pire serait déjà passé : "Nous sommes plus proches de la fin que du début" affirme Richard Fuld, directeur de Lehman Brothers.
S’il est vrai que la clarification des comptes limitera les risques encourus par les banques, ce processus prendra du temps avant d’effacer les traces laissées par la crise des subprimes. Selon Tanya Azarchs, directrice de la notation des établissements financiers chez Standard et Poor’s, "il convient désormais de suivre attentivement les banques régionales, jusqu’ici largement épargnées par la crise mais néanmoins exposées au crédit immobilier ".
Pour Christopher Whalen, directeur général du cabinet Institutional Risk Analyties, c’est bien dans le secteur immobilier que réside la clé du problème : "Les banques ne commenceront à sortir de la crise que lorsque le marché de l’immobilier aura touché le fond. Et je n’anticipe pas ce point bas avant 2009 au moins." En effet, si la crise immobilière perdure, les particuliers auront plus de mal à rembourser les crédits empruntés auprès des banques. Les pertes des banques liées au crédit aux particuliers risquent donc de continuer à augmenter. Autant dire que le retour à la normale n’est pas garanti pour les banques.
Mais pour les marchés toutes les banques n’en sont pas au même niveau. Ainsi, malgré une perte 5,1 milliards de dollars au premier trimestre, les investisseurs ont applaudi la volonté affichée par Citigroup de tailler dans ses coûts fixes. Au contraire, la Bank of America, deuxième banque des Etats-Unis, commence à faire peur. Et pour cause, elle vient d’inscrire dans son bilan 6,45 milliards de dollars de provisions sur des crédits aux particuliers et aux PME. Or, les marchés craignent désormais que, face à la crise économique que traversent les Etats-Unis, les consommateurs et les entreprises soient en défaut de paiement. Autrement dit, ce sont désormais les banques de détail qui se mettent à trembler.
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