Green River - Tim Willocks - Traduit de l’Anglais par Pierre Grandjouan - Editions Sonatine
Avec les éditions Sonatine c’est tout l’un ou tout l’autre, réussite comme avec "Seul le silence" ou déception avec par exemple les romans de Steve Mosby.
Ici c’est la réussite, totale et forte, plus qu’un thriller c’est un excellent roman sur l’univers glauque et violent de la prison. Publié une première fois en 1995 sous un autre titre, L’odeur de la haine.
Bienvenue à Green River, le neuvième cercle de l’enfer, un pénitencier du Texas (ça ne pouvait pas se passer ailleurs !) tout de pierre et d’acier, une prison où il ne fait jamais nuit, où sont enfermés plusieurs centaines d’hommes blanc, noirs, latinos, coupables ou innocents, tous à la fois victimes et tortionnaires.
Même l’infirmerie est un lieu d’agressions, de tortures, de viols, un lieu où sévissent la haine et le meurtre.
Le maître des lieux : John Campbell Hobbes, fou à lier et sadique mais directeur de la prison. Son ingénieuse idée, la dernière qui a germé dans sa cervelle malade : faire éclater une émeute, faire s’entretuer tous ces hommes, provoquer le chaos.
Les héros maintenant : Ray Klein, chirurgien condamné pour viol et qui travaille à l’infirmerie, il vient d’obtenir sa liberté conditionnelle. Coley, l’infirmier enfermé ici depuis 30 ans. Juliette Devlin, psychiatre qui va se trouver au mauvais endroit au mauvais moment.
Lorsque l’émeute éclate, la prison est plongée dans un bain de feu et de sang, les condamnés n’ont rien à perdre (certains sont condamnés à trois peines de prison à vie consécutives...), les haines raciales se réveillent, la folie est partout jusque dans les égoûts. On pense au film Les évadés mais en plus violent et plus noir !
L'enfer - Jérôme Bosch
Le roman de Willocks est une réussite, c’est peu dire que le portrait qu’il trace des prisons est terrifiant, c’est d’une violence inouïe mais pas gratuite, il ne nous laisse pas une minute de répit, ses personnages sont superbement fouillés et certains vous resteront longtemps en mémoire.
Willocks est psychiatre et manifestement les théories sur l’enfermement et les travers du système carcéral n’ont pas de secret pour lui. Un grand roman sur le monde de la prison. Je me promets de lire son second roman traduit : La Religion
L’auteur
Tim Willocks est né en 1957. Grand maître d’arts martiaux, il est aussi chirurgien, psychiatre, producteur et écrivain. Scénariste, il a travaillé avec Steven Spielberg et Michael Mann. Souvent comparé à James Ellroy ou Norman Mailer, il est l’auteur de six romans, parmi lesquels La Religion (Sonatine, 2009). Il vit en Irlande. (source l'éditeur)