On qualifie habituellement la presse de "4ème pouvoir".
Ou peut-être faudrait-il dire plutôt que la presse SE qualifie de 4ème pouvoir.
Je trouve cette idée insupportable et je voudrais dire pourquoi.
Les 3 autres pouvoirs, le législatif, l'exécutif et le judiciaire dont la séparation est un des garants de la démocratie ont tous un fondement qui leur confère la légitimité : le peuple.
L'assemblée nationale est élue par le peuple, l'exécutif est désigné par le Président de la république, lui-même désigné par le peuple, le judiciaire dont l'indépendance est garantie par son statut est nommé par l'exécutif dans le cadre administratif.
Et la presse ?
D'où tient-elle sa légitimité ?
Des lecteurs, de la pub, de l'argent ?
Si les élus peuvent voir leur pouvoir remis en cause à chaque échéance électorale, qui peut retirer le pouvoir à la presse ?
Si les 3 pouvoirs sont tenus d'inscrire leur action dans le cadre strict des règles constitutionnelles dans quelle règles la presse est-elle tenue d'agir ?
Les journalistes, quant à eux, invoqueront à coup sûr leur code de déontologie.
A ceci près que ce code n'existe pas ! Rien de formalisé n'existe en la matière et leurs fameuses règles ne sont que celles qu'ils se donnent au gré de leurs besoins ou de leur intérêt du moment.
Alors, quel 4ème pouvoir ?
Si, un jour, ce pouvoir est donné à la presse c'est que le peuple le lui aura donné.
Et quand on sait que plus 60% des français pensent que les journalistes ne sont pas indépendants du pouvoir politique ni du pouvoir de l'argent, il y a fort à parier que le peuple ne sera pas disposé tout de suite à confier à la presse ce 4ème pouvoir.