Le retour des beaux jours est l'occasion de reprendre les excursions à vélo. En descendant la Charente, j'ai dernièrement pu me rendre sur un autre site étudié l'été dernier au Musée du Papier : la tannerie de Sireuil. Comme je n'avais que mon téléphone sous la main, les photos sont de qualité médiocre, mais je vous invite à aller voir celles de Tany_Kely qui sont vraiment magnifiques et donnent à voir l'intérieur des bâtiments.
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En Poitou-Charentes, l'activité artisanale de tannerie était une spécialité des Deux-Sèvres, mais la majorité des établissements industriels s'est développée en Charente, à la fin du XIXe siècle. Parmi les 5 usines de transformation des peaux que compta le département, la tannerie de Sireuil, à 16km en aval d'Angoulême, fut la plus importante.
À l'origine, le site a accueilli des activités métallurgiques dès le XVIIIe siècle : fonderie, aciérie puis tréfilerie. En 1898, Procop, fabricant de papier à La Couronne, y installe une mégisserie (tannage des peaux d'ovins, de caprins ou de vachettes destinées à l'industrie de la chaussure, de la ganterie ou de l'habillement), qui devient en 1923 la tannerie de Sireuil.
Très polluante, l'activité de tannerie nécessitait une grande quantité d'eau pour le lavage des peaux animales : il faut en moyenne 35 litres d’eau pour tanner un kilogramme de cuir et les différents traitements chimiques occasionnèrent d'importants rejets dans le fleuve Charente.
La tannerie de Sireuil est restée la propriété de la même famille pendant 3 générations, les Cléry, lesquels se sont illustrés dans le développement de mesures sociales, en particulier la construction d'une cité ouvrière. Le complexe industriel, qui a employé jusqu'à 500 personnes, a été la plus grande tannerie régionale et la troisième de France dans les années 1960. Elle n'a fermé qu'en 1981.
Le site est aujourd'hui en grande partie désaffecté, quelques petites entreprises y occupent encore des locaux. La mairie, qui souhaite leur départ, a acquis plusieurs bâtiments et souhaite y mener un projet de reconversion, notamment pour y aménager des logements. Mais de nombreux édifices, en mauvais état, seront à priori détruits.
Il n’y a donc pas encore de valorisation du patrimoine lié à l’activité de tannerie en Charente. Le site de Sireuil représente pourtant un formidable témoignage de cette industrie et il serait dommage de ne pas exploiter ces vestiges. À l’instar de Lavausseau, dans la Vienne, la commune de Sireuil pourrait gagner à mettre en avant ce patrimoine et à valoriser sa mémoire industrielle, d’autant plus qu’il doit être possible de mener un travail de collecte mémorielle auprès d’anciens salariés, puisque la fermeture de l’établissement est relativement récente.
Sources :- Service régional de l'inventaire de Poitou-Charentes- Archives du Musée du Papier d'Angoulême