Jamais champions mais toujours dans le peloton de tête; l'équipe qu'on aime pour son panache... Depuis leurs débuts, Ocean Colour Scene est à la Britpop ce qu'Arsenal est au foot. Depuis, les mecs en question sont devenus chauves (du moins Steve Cradock), n'empêche que je remonterais la Tamise à la nage pour ces mecs.
Il est désormais loin le temps ou Ocean Colour Scene jouait sous l'étiquette "découvert au Festival des Inrocks". Les anglais avaient conquis le monde puis étaient devenus une attraction anglo-anglaise. Les stars de sa majesté. Comme M qui remplit Bercy plusieurs soirs d'affilée, OCS joue à guichet fermé au Royal Albert Hall. Choisissez votre camp. Rien que pour les fringues, c'est déjà tout vu. La saveur moderniste du clan Weller est un art de vivre; on ne compte plus les albums, live acoustique, BBC Session, compiles de B-sides, et nombreux efforts studios. Aujourd'hui, Saturday arrive comme un 9ème album. Et si c'était en fait le premier ? Comme une rencontre des premiers jours...
Cradock s'est lâché de manière sublime en solo l'année dernière, et le combo revient avec ses recettes brit. Le flip de la solitude et la sensation qu'il ne se passera plus rien en dehors du groupe. Des Beatles à Traffic en passant par les Who, les Jam, Small Faces voir Fairport Convention pour la touche folk. On reprend les produits du terroir pour des petits plats déjà cuisinés mille fois. L'exercice de style est un art et Simon Fowler compose foutument bien dans ce domaine. Un élan britpop toujours au rendez vous avec des hymnes qui te donnent des envies pressantes de Camden Town et de briques rouges. Le frisson britannique qu'aucun groupe français ne m'a jamais fait.
Mais est ce que quelqu'un en a quelque chose à foutre de ces morts-vivants de la Britpop ?
À l'heure ou MGMT a écrit le manifeste pop de ces dix prochaines années, il faut être un nostalgique en manque comme moi pour y trouver un intérêt, ne serait-ce que mineur. Et pourtant ce 9ème album est une réussite. Au tremblement de terre tout droit sorti d'une session de Who's Next, tel Mrs Maylie ou le très psyché Rockfield Experts à une rythmique à la mélangeant le moog des Tomorrow Never Knows, Saturday reste un opus complet et traditionnel où le remplissage n'existe pas. Oui, difficile de parler d'Ocean Colour Scene sans faire référence à son arbre généalogique. C'est peut être ça que j'aime avant tout, le sang royal. Le groupe est professionnel en matière de popsongs, simples et entrainantes. Sing children sing, le très beau single Magic Carpet days et son cataclysmique roulement de batterie d'intro, Village life pour sa texture Beatles'69, la valse What's mine is yours et son hautbois frissonnant. Des paroles à la con. Et alors, ou est le problème ?
Alors que la hype sort du bois (au moins) une fois par semaine, OCS n'a pas bougé, n'a rien perdu et semble toujours plus excitant et plus coquin que Kasabian, Arctic Monkeys ou Editors. Le rock rend conservateur. Les mods sont conservateurs. Le rock néo-mods est ultra conservateur. So what ? Quel est le putain de problème avec ce 9ème Ocean Colour Scene, hormis le fait que ce groupe a déjà 20 ans d'existence, seulement deux ans de hype entre 95 et 97, et que la moitié de ses membres sont chauves ?
Ocean Colour Scene // Saturday // Cooking Vinyl