Repentir (2)

Je rapportai, entre autres, dans mon précédent billet, à propos de la censure de la lettre d'une déportée d'Auschwitz par le maire de Parthenay (Deux-Sèvres), M. Xavier Argenton, un propos où il considérait que ce texte " n'est pas de nature à apaiser les ressentiments à une époque où le repentir est malheureusement mis en exergue ", J'avoue ne pas avoir compris ce qu'il voulait dire mais je vais m'y essayer maintenant.

M. Argenton estime qu'à notre époque le repentir est mis en exergue. Les rangs de ceux qui se seraient mal conduits sous l'occupation commencent à s'éclaircir et je n'ai pas souvenance que d'aucuns auraient manifesté quelque repentir Comme cet édile parle de notre époque, il veut peut-être faire allusion aux scandales qui éclaboussent certains prêtres catholiques mais quel rapport avec la déportation ? Ce qui me semble plus suspect, c'est qu'il considère la promotion du repentir comme malheureuse. Et pourquoi donc ?

Tout simplement, parce que, selon lui, ceci ne permet pas d'apaiser les ressentiments. Qu'en sait-il ? Et quel mot malvenu que ce ressentiment : en somme, les survivants en veulent à leurs tortionnaires, on se demande bien pourquoi, et le principal souci de ce maire est d'apaiser leur colère.

En fait, l'objectif est de réhabiliter le régime du maréchal Pétain, chantre de la patrie et de la dévotion au chef, et nous croisons là le leader du Front national qui déclarait ce 25 avril, au micro du Grand jury RTL/LCI/Le Figaro : " feindre de croire que le maréchal Pétain était responsable de la persécution des juifs pendant la guerre était une pensée scandaleuse ", car " les Juifs français ont bénéficié [...] de l'action de [son] gouvernement ".

Peu après, il réitérait ainsi : " On s'aperçoit que les Juifs français ont bénéficié, somme toute, d'une indulgence que leur a valu l'action du gouvernement français ". L 'indulgence ? Pour quel forfait ? Quel crime avait donc commis la petite Ida Grinspan, déportée à 14, sans bénéficier aucunement d'une si noble indulgence ?

Et jamais à court d'infamie, M. Le Pen indique que des Juifs qu'il avait rencontrés avaient " réussi à échapper à l'arrestation" car " des policiers et gendarmes les avertissaient ". Ce pas vénérable du tout vieillard est-il conscient du fait que, par contre, il n'avait absolument aucune chance de rencontrer les nombreux malheureux qui, du fait de la complicité d'autres policiers et gendarmes, n'avaient pas réussi à échapper à l'arrestation.