La police et le fisc allemands ont perquisitionné les bureaux de Deutsche Bank et de RWE (le n°1 de la production d'électricité, partiellement nationalisé) dans le cadre d'une enquête sur une fraude de 180 millions d'Euros aux permis d'émission de CO2. Les deux entreprises, dit on, insistent sur le fait qu'elle ne sont pas soupçonnées dans cette enquête qui a jusqu'ici entrainé 230 perquisitions de bureaux et domiciles de suspects.
Cette enquête est la plus grande concernant les marchés de carbone à ce jour et fait suite à une série de raids du même type dans toute l'Europe ayant pour but de s'attaquer à un vieil ami, la fraude au carrousel. Dans la version qui nous intéresse ici, les traders en carbone collectent la TVA sur des crédits de carbone avant de disparaitre sans la reverser au Trésor Public.
De ce point de vue, le fait qu'il s'agit de crédits de carbone n'a pas grande pertinence. Dans des cas récents, on a vu des téléphones portables et des puces informatiques servir de support à des fraudes du même type. Avec les nouvelles règles frappant désormais ces produits, il était inévitable que les fraudeurs finissent par trouver une autre cible, et les crédits de carbone sont celle là.
Les estimations actuelles des pertes dues à cette fraude sont de 5 milliards d'Euros et, comme je me plais à le répéter, c'est du vrai argent, et à une échelle bien plus grande que votre bon vieux hold up de banque.
Henry Derwent, le directeur général de l'Association Internationale de Trading d'émissions, a déclaré que cette enquête est bienvenue et a réclamé que les autorités appliquent des peines très dures aux personnes trouvées coupables de fraude au carbone. Il est inquiet que cette fraude a « endommagé assez injustement la perception du programme européen de trading d'émissions, et potentiellement du trading de carbone dans son ensemble ».
Il n'y a pourtant aucune raison que ça soit le cas, pas plus que le même type de fraude n'a endommagé le téléphone portable ou les puces informatiques ou, tant qu'on y est, la réputation de la TVA, si susceptible d'engendrer de la fraude, et de façon si inhérente, qu'on aurait du la laisser tomber depuis des décennies.
Néanmoins, peut-être la vraie raison pour la paresse des autorités est que la fraude fournit plein « d'emplois verts ». Que les travailleurs concernés soient la police allemande, dont par coïncidence les uniformes sont verts, n'a rien à voir avec la question.
Un article de Richard North de EUReferendum.