Désherbage

Publié le 02 mai 2010 par Claude Grillet

Dimanche humide. Mai affiche un faux air d’octobre. L’humeur est casanière. La maison nous semble petite et les étagères portent avec peine un fatras de souvenirs qui, ce matin, m’irritent. J’ai rempli des cartons. Quand l’avoir déborde des tiroirs, il ne peut pas s’empêcher de se couvrir de poussière. Avec en tête  « penser-classer » de PEREC, j’ai fait du tri dans les bouquins. Je m’apprête à donner ceux que je n’ouvrirai probablement plus. Chaque fois que je me livre à cet exercice, quelque chose se joue qui, pour une part relève de la nostalgie et pour une autre du projet.

Retirer un livre de sa bibliothèque, c’est d’une certaine façon le frapper d’indignité. Je ne peux m’empêcher de penser au compagnonnage que j’ai eu avec lui et avec l’auteur… Je lui dois une parcelle de mon capital culturel, de mon capital intellectuel. Pour certains d’entre eux, je ne peux raisonnablement espérer qu’ils serviront l’éducation d’un autre, tant ils  ne me semblent  plus guère  disposer de pouvoir de transformation… Mais la maison est petite et je ne peux les garder tous. Après tout, il est des lieux qui ont vocation de conserver et  je suis un piètre collectionneur.

Il y a dans ce carton des scories de mes opinions passées, des témoignages du pédagogue que j’étais hier et quelques rares livres que je n’ai pas aimés mais qui m’ont pourtant aidé à former mon esprit critique. Lire un livre, c’est effectuer une rencontre. Toutes les rencontres ne sont pas heureuses mais toutes sont fructueuses.

Nous vivons à quatre dans une petite maison. Chacun de nous aime les livres, en lit et en achète beaucoup… Il est temps que nous modérions notre embourgeoisement et que nous acceptions de mettre à disposition des autres, une partie de ce que nous avons déjà partagé entre nous. J’ai commencé ce matin mais alors tout doux… tout doux…