Quitter Dakar, Sophie-Anne Delhomme

Manuela, une Sénégalaise émigrée en France, est retournée seule à Dakar chaque mois d’avril jusqu’à sa mort. Bien après sa mort, son fils, qui a grandi au Sénégal avant de vivre à Paris, retourne à Dakar sur les traces de sa mère et de ses souvenirs d’enfance.

Je m’en excuse par avance : je vais être aujourd’hui tout sauf subjective. Je suis allée au Sénégal, je connais donc la plupart des endroits évoqués par Sophie-Anne Delhomme dans son roman. En démarrant la lecture, j’avais donc la tête pleine d’images, et des images que j’aime, que je vénère même, avec la certitude qu’un jour elles seront à nouveau mon décor, pour quelques jours ou bien plus.

Et dans ce roman, il y a Dakar, il y a Ouakam, il y a la Pointe des Almadies et l’île de Gorée ; il y a le parfum des bougainvillées, les boubous colorés, et le jus de bissap. Il y a les couleurs, les odeurs, la lumière du Sénégal, à tel point que c’en est incroyable. J’ai rarement vécu une telle expérience de voyage avec un roman. L’intrigue est simple sans être simpliste, et l’histoire s’accélère quand le narrateur rencontre Vivi, Viviane, la vipère. L’alternance dans la narration, les retours en arrière et les changements de points de vue font que je serais bien en peine si je devais faire un résumé détaillé de « Quitter Dakar ». Mais, curieusement, cela ne me dérange pas. C’est une impression semblable à ce que l’on ressent lorsque l’on visionne un film beau (ou entraînant, ou poétique, ou incroyable) et que l’on ne sait qu’une chose à la fin : qu’il nous a plu.

« Quitter Dakar », édité au Rouergue dans la collection La brune, est un roman de sensations, de parfums et d’impressions. Pour cela, il entre directement dans mon panthéon personnel. Sophie-Anne Delhomme, directrice artistique du Courrier International, dont c’est le premier roman, a vécu au Sénégal. Ceci explique cela, tout en ne lui ôtant aucun mérite. Je ne sais pas si j’aimerais autant ce qu’elle pourra écrire d’autre – peu importe, la satisfaction d’avoir découvert « Quitter Dakar » est déjà immense.