Voilà de quoi nous déculpabiliser ! Il semblerait que l'amnésie du destinataire soit naturellement plus fréquente que l'amnésie de source. En d'autres termes, il est normal de se rappeler plus facilement de la personne qui nous a dit quelque chose, que de celle à qui nous avons annoncé telle ou telle nouvelle. Ceci a été confirmé par une étude conduite par Nigel Gopie et Colin MacLeod de l'Institut Rotman de Toronto (en français ici). Ils ont tout simplement montré que le fait de se concentrer sur ce que l’on dit, même si ce n’est pas un grand discours nous empêche de nous focaliser sur l’autre et ses caractéristiques. A l’inverse, lorsque c’est quelqu’un qui s’adresse à vous, vous avez tout le loisir de l’observer et d’imprimer ainsi une image cérébrale descriptive de cette personne. Une tactique pour aller à l’encontre de ce phénomène serait donc d’appeler son interlocuteur par son nom avant de commencer l'histoire, ce qui provoquerait une « refocalisation » de l'attention, de sorte que le locuteur ne reste pas entièrement concentré sur lui-même. Les amnésies de destinataire s’en trouveraient alors réduites !
Pour aller plus loin : Article source ici. Publication : N. Gopie et C. Macleod, Psychological Science, vol. 20, p. 1492, 2010. Attention et mémoire ici et là + memoire_et_attention. Amnésie ici, ici, ici, ici, ici et là. Amnésie antérograde et rétrograde là. Le cerveau du célébre amnésique HM ici. Trois armes contre la paresse cérébrale là. Comprendre sa mémoire ici et là.