♫ Au temps de This Mortal Coil

Publié le 02 mai 2010 par Sfar @ToujoursUnCoup

et plus précisément d’It’ll End in Tears.

This Mortal CoilIt’ll End in Tears
sorti le 1er octobre 1984 chez 4AD

En 1984,

On écoutait de la bonne musique [Mode ancienne combattante On]… On pouvait déjà se plonger dans The Cure : sa trilogie mythique  et son étonnant album The Top. D’autres étaient sans doute déjà perdus dans U2 et son The Unforgettable Fire. Et les plus curieux s’étaient déjà intéressés à toute la flopée de groupes et artistes fabuleux présents sur l’incontournable label 4Ad, label fondé par Ivo Watts-Russell. Ce fut la lecture d’une interview de Robert Smith qui me fit découvrir les Cocteau Twins. Puis, de fil en aiguille, l’ensemble des artistes de ce qui reste l’un des plus remarquables labels indépendants de musique pop rock britannique. A cette époque les groupes signés s’appelaient Dead Can Dance, les Cocteau Twins, Colourbox, The Wolfgang Press… (On se situe époque ante-Pixies) et malgré leurs particularités il y avait  une réelle cohérence à retrouver tous ces artistes talentueux  au sein de 4AD.

“What dreams may come, when we have shuffled off this mortal coil, must give us pause.”

Quand Hamlet rencontre la dream pop gothique britannique ça donne This Mortal Coil. Ivo Watts-Russell imagina qu’on pourrait créer un groupe collectif en picorant de ci de là au sein des formations du label et en y invitant d’autres noms prestigieux. It’ll End In Tears sera le premier album de la trilogie This Mortal coil réunissant à la fois reprises prestigieuses (de Big Star, Tim Buckley et son inoubliable “Song To The Siren”, Rema-Rema, Roy Harper ou encore Colin Newman de Wire pour l’étonnante “Not Me”) ainsi que quelques compositions originales.

It’ll End In Tears : c’est aussi une magnifique pochette, une photo, des photos, à l’esthétisme presque morbide mêlant tristesse infinie mais aussi plénitude.

En 2010,

Quand on se replonge aujourd’hui dans It’ll End In Tears, même si ce ne sont plus les mêmes états d’âmes adolescents qui nous habitent,  les effets de son écoute restent toujours aussi dévastateurs. On réalise déjà assez mal qu’il s’agit d’un album qu’on possède  depuis près d’un quart de siècle. On l’avait d’abord sur un des tous premiers Cd qu’on avait achetés, puis copié sur des k7 dont la bande se déroulait dans nos énormes et encombrants walkman qu’on utilisait en allant au lycée… pour aujourd’hui le diffuser en format mp3 dans son IPod ou sur son ordinateur! L’écoute actuelle tient presque de l’expérience mystique, du « Bon sang, si on s’était douté que …». En effet, pouvions-nous réaliser lorsque nous nous  imprégnions distraitement de cette merveille début 80’s,  de « l’énormité » et l’incroyable qualité d’un tel projet.

It’ll End In Tears débute par l’interprétation poignante de Gordon Sharp avec une reprise de “Kangaroo” . On retrouve le même Sharp quelques pistes plus loin pour une reprise d’ “Holocaust” tout aussi mélodramatique. It’ll End In Tears reste pour beaucoup l’album associé à une seule chanson :  une reprise ayant éclipsé la version originale de Tim Buckley. Aucun être humain normalement constitué ne peut écouter le « Song To The Siren » de This Mortal Coil sans un hérissement de poils ou un nœud dans la gorge tant on reste scotché par la beauté et toute la douceur de l’interprétation aérienne de Liz Frazer. Nul ne peut échapper aux bercements des accords de guitare hypnotiques égrenés par Robin Guthrie. Depuis cet album, “Song to the siren” n’appartient plus au regretté Buckley père mais est désormais indissociable de This Mortal Coil.

En parallèle de ces reprises, on trouve quelques inédits dont l’instrumental “FYT” à la ligne mélodique entêtante. It’ll End In Tears navigue entre la légèreté planante liée aux interprétations vocales et la lourdeur pesante de quelques orchestrations. Que ce soit avec Liz frazer (Cocteau twins) sur le superbe “Another Day” ou avec Lisa Gerrard (Dead Can Dance) sur “Waves Become Wings” et “Barramundi”, on se retrouve à chaque fois subjugué par leurs chants et leurs voix hors du commun. Il en existe pourtant des chanteuses aux voix absolument merveilleuses, magiques, envoûtantes, chaleureuses, hypnotisantes, émouvantes … et malgré les années qui passent, les talents de certaines il ne restera toujours qu’une Lisa Gerrard et une Elizabeth Fraser capables d’interpréter si brillamment des morceaux mêlant si joliment une dose de noirceur quasi-mystique et une extrême douceur.

Au milieu de tout cela, “Not Me” tomberait presque comme un OVNI avec son côté petite chanson pop new wave. Mais en même temps, c’était aussi cela 4 Ad et pas seulement des groupes aux morceaux mélancolico-suicidaires à gogos. Cet intermède joyeux repris par Robbie Grey apporte un peu de gaîté et une autre forme de légèreté avant que le tout s’achève sur un superbe “A Single Wish”.

On termine cette épopée musicale sur une bien triste évidence chantée par Gordon Sharp et qui conclut ce qui restera l’un des albums incontournables de tous les temps :

« … You know it’ll end in tears… it’ll end in tears ! »

♫ Le meilleur d’It’ll End In Tears: