J'étais étonné que quelqu'un sorte Tony Duvert de l'oubli et lui rende un hommage posthume. L'écrivain, silencieux depuis de longues années et vivant seul dans un petit village du Loir-et-Cher, avait été retrouvé chez lui à l'été 2008, mort depuis un mois.... Gilles Sebhan a mené une enquête auprès de quelques personnes l'ayant connu et livre ici une vision de l'écrivain ponctuée d'éléments biographiques. Malgré une écriture souvent inutilement prétentieuse, on se laisse guider par ce récit noir d'une fin annoncée. Même si in fine on ne sait rien de l'intimité d'un homme que l'on ne fait qu'entrevoir ou deviner.
J'avais lu, en leur temps, les romans et essais de Tony Duvert avec passion. Des textes sans concession qui donnaient l'énergie de l'insoumission. Des livres, aussi, qui ne seraient sans doute pas publiés aujourd'hui à cause de leur orientation clairement pédophile. Au début des années 80, je rêvais de rencontrer Duvert l'invisible dont on ne connaissait que l'unique photo publiée par les Editions de Minuit. A une époque j'habitais, comme lui, à Tours. Un soir, je faisais la queue pour payer mon adition au comptoir du café où nous passions nos soirées ; lorsque l'homme devant moi s'est éloigné, je remarquais qu'il avait payé avec un chèque et je lu son nom : Tony Duvert. Je me retournais, mais l'homme avait déjà disparu dans la nuit du dehors...
J'ai donc lu le portait biographique de Gilles Sebhan pour y retrouver mes propres interrogations sur ce "saint patron de la révolte impossible". Elles restent entières.