Par Hong Kong Fou-Fou
L'étrange créature du Lac Noir (Creature from the Black Lagoon, Jack Arnold, 1954)
Une équipe de scientifiques part au fin fond de l'Amazonie à la recherche d'un mystérieux homme-poisson (non, rien à voir avec Mark Harris). Evidemment, la bestiole est très méchante et ne pense qu'à massacrer ces intrus sur-diplômés et vraisemblablement sur-payés. A l'exception de la jolie assistante, dont les charmes ne le laissent pas de marbre. C'est marrant, d'ailleurs : toutes ces créatures, King Kong en tête, la perde, justement, dès qu'une belle paire de fesses se pointe. Comme nous. Serions-nous tous des monstres ? En tout cas, la Créature, ce n'est pas Johnny Weissmuller ! De tous les protagonistes, c'est elle qui nage le plus mal. On dirait un paysan du Berry qui aurait plongé sans enlever ses sabots. Bon, c'est sûr, faire trempette avec un costume en mousse qui doit bien se gorger d'eau, ça n'arrange rien. Bref, une excellente série B, haute en couleurs, ce qui pour un film en noir et blanc, relève de l'exploit. Le réalisateur est loin d'être un manchot, c'est à lui qu'on doit Tarantula ! et, surtout, L'homme qui rétrécit. Pour finir, c'est ce film que, un mardi soir de 1982, la France entière a regardé avec sur le nez des lunettes rouge et bleu. Merci, Monsieur Eddy ! Le pont de Cassandra (The Cassandra crossing, George Pan Cosmatos, 1976) Dans le cinéma des années 70, que ce soit sur terre, sur mer ou dans les airs, voyager n'était vraiment pas une sinécure : une fois sur deux, votre avion était détourné ou sans personne aux commandes parce que les pilotes avaient mangé des moules avariées, le paquebot sur lequel vous aviez embarqué prenait l'eau parce qu'un armateur cupide avait négligé d'appliquer du Frameto sur la coque, etc. De nos jours, ça va beaucoup mieux, on arrive toujours sains et saufs, puisqu'en général des grèves nous empêchent de partir. Les années 70 ont marqué l'âge d'or de ce genre à part entière, le film-catastrophe (une petite remarque en passant, les années 70, c'était un peu aussi la mode-catastrophe ou la musique-catastrophe). Trêve de digression, qu'avons-nous là ? Trois terroristes s'introduisent dans le siège de l'Organisation Internationale de la Santé à Genève (très bien décoré, d'ailleurs : du Knoll partout, pas de doute, c'étaient vraiment les numéros 1 des fournisseurs de collectivités de l'époque). Un seul en ressort sur ses pattes, mais en ramassant au passage le virus de la peste. Il se réfugie dans un train en partance pour Stockolm et refile le virus à quiconque l'approche un peu trop. Et voilà les autorités avec un sacré problème sur les bras : comment mettre en quarantaine les 1000 passagers du train pour qu'ils ne rentrent pas en contact avec le reste du monde (moi je dirais en faisant des paquets de 25, j'ai bon ?). C'est le film-catastrophe classique, où des personnalités banales (si tant est que Sophia Loren puisse être qualifiée de "banale") doivent s'unir et se dépasser pour résoudre leur problème commun, tout en composant avec leurs problèmes personnels. Il y a aussi Ava Gardner, qui incarne une riche héritière sur le retour, flanquée d'un gigolo chevelu (ah, les coupes de douilles des 70s...) joué par Martin Sheen (qui allait se viriliser un peu deux ans plus tard dans Apocalypse now). Le réalisateur, George Pan Cosmatos est italien (malgré un nom qui fait plutôt penser à des tapas espagnoles ou des mezze grecs. Punaise, j'ai les crocs, moi), il a aussi commis "Cobra" et "Rambo II", ce dont je ne le félicite pas. La malédiction des pharaons (The mummy, Terence Fisher, 1959)
Quelques brouettes de sable doré, deux ou trois palmiers en plastique, quelques blocs de pierre en polystyrène et nous voilà plongés dans une Egypte plus vraie que nature (pas pire, en tout cas, que celle que nous vendent les tour operators), aux côtés de très élégants archéologues britanniques, qui n'oublient jamais d'interrompre leurs fouilles à l'heure du thé. Entre deux tasses, ils découvrent la tombe d'Ananka (c'est une princesse, pas un joueur de foot). Rentrés chez eux, leurs ennuis commencent. Le grand prêtre Kharis (Christopher Lee), bien que momifié 4000 ans plus tôt, n'a rien perdu de son sale caractère. Il veut punir ceux qui ont profané la tombe de sa princesse. Comble de malchance, la femme de l'un des archéologues (Peter Cushing) ressemble trait pour trait à la Princesse. Le sang desséché de Kharis ne fait qu'un tour. Il est encore vert, le bougre, et pas que de moisissure ! Il bande(lette) encore ! Ce film magnifique, aux couleurs somptueuses, comme toujours chez la Hammer, permet au couple génial Cushing/Lee de s'affronter encore une fois. Comme d'habitude, c'est Cushing qui a le beau rôle et Lee qui se tape les cinq heures de maquillage... A lui les boulons dans le crâne pour devenir la créature de Frankenstein, à lui les canines en plastique pour incarner Dracula, à lui les trois couches de bandages vaseux pour jouer la momie sortie d'un marécage. Je ne vous parle pas du réalisateur, Terence Fisher : tous les films majeurs de la Hammer, c'est lui.