Cours, GinTonHic, cours !

Publié le 29 mars 2009 par Gintonhic @GinTonHic

   

 Non, décidément, je ne comprends rien à la vie. Le « Paradis terrestre » ? Méchant paradis ! On se croirait plutôt en enfer.

   Vous pensez que je déprime ?

   Je ne sais pas quoi vous dire. Peut-être ?

   Peut-être est-ce la crise de la quarantaine ? Peut-être est-ce tout simplement ma conscience qui s’éveille d’une trop longue hibernation ? Je ne sais pas. Chose certaine, c’est que ça fesse ! Et pas à peu près !

   Quelle existence puérile qu’est la nôtre souvent ! Les gens causent tout autour, mais pour dire quoi ? Des paroles toutes plus insipides les unes que les autres.

   Quand j’étais jeune, on parlait de cette ère nouvelle qui s’approchait : l’ère des loisirs ! Quelle connerie ! Il y en a qui en fumait du bon à l’époque ! Elle est où cette nouvelle ère ? On n’a jamais autant travaillé. Pire, on se croit indispensable. On parle de saine gestion aux quatre vents. On se vante de savoir gérer quand on travaille soixante heures par semaine. Méchante gestion !

   Le modernisme devait nous apporter plus de temps libre. Mais, on n’en a jamais eu si peu. Prenons, par exemple, les courriels. C’est une vraie horreur.

   « Vous avez 154 courriels ».

   On ne se parle plus, on s’écrit.

   On s’écrit tellement qu’on a même plus besoin de se voir. Pire, c’est rendu du « safe sex ». On se chatouille avec des mots ; on appuie sur « Envoyer » ; et on termine la soirée en plaisirs solitaires. Tout ça dans le confort de notre foyer. Pas besoin de s’habiller ni de se coiffer. Surtout, pas besoin de sortir son fric pour tenter de charmer. De mieux en mieux !

   Il y a les autres qui nous envoient des courriels et qui sont rivés à leur écran attendant l’instant crucial où nous cliquerons sur leur message pour l’ouvrir.

   « Votre message s’est affiché sur l’écran du destinataire ».

   Dring ! Dring ! Dring ! Le téléphone sur notre bureau s’époumone.

   – Pis ? Qu’est-ce que t’en penses de mon document ?

   Grrrrrrr ! J’ai juste envie de hurler.

   – Qu’est-ce que j’en pense ? Je n’en pense rien ! Je n’ai pas encore eu le temps de le lire. Je viens de l’ouvrir il y a à peine un quart de seconde !

   Temps libre, disait-on ? Folie furieuse, oui !

   Avec le modernisme est venue la consommation. Tout est cher aujourd’hui. Ma grand-mère, qui aurait plus de 100 ans aujourd’hui, disait de son vivant :

   – Un jour, les gens auront beaucoup d’argent, mais ne pourront rien acheter.

   Elle avait raison.

   Aujourd’hui, tout le monde travaille. Pas question de rester à la maison pour élever les enfants. Alors, c’est la garderie. Et voilà qu’on se met à courir comme des fous entre le boulot, la garderie, la maison.

   De plus, on habite en banlieue, car c’est beaucoup plus abordable.

   Alors, on se tape le trafic. Ou bien on part très tôt le matin, ou bien très tard, lorsque nos horaires nous le permettent.

   Puis, on crie après les enfants pour qu’ils se dépêchent. On doit aller les mener à la garderie avant de prendre le train.

   Allez hop ! debout à 5 h du matin. On habille les petits ; on déjeune sur le pouce ; on grimpe dans la voiture ; et hop ! on arrive à toute allure à la garderie. Un bécot à la sauvette, et vlan ! on redémarre, direction la gare. Les petits sont là, rivés sur place, ne sachant trop quelle tornade les a balayés. Et là, on se demande pourquoi le docteur leur a prescrit du Ritalin.

   Et puis, il y a ceux qui approchent de la quarantaine : divorce, « burnout », dépression, etc. Résultat : antidépresseurs.

   Entre-temps, il y a les jeunes qui grandissent. Une fois l’étape du Ritalin passée, c’est la cigarette, l’alcool, la drogue. Et là, on se demande encore pourquoi ?

   Puis viens le moment où les grands-parents tombent malades. Alors, c’est la course entre le boulot, le métro, les joutes de hockey, les médecins, l’hôpital, alouette !

   Et là, nos amis se demandent ce qu’on a.

   Mais on ne sait pas quoi leur dire. Car comment leur expliquer pourquoi on est assis, par terre, dans la cuisine, à compter le nombre de petits pois dans les boîtes de conserve du Géant Vert ?


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