Je ne crois pas vous avoir raconté l’histoire du Français que j’ai fréquenté quelque temps.
Et bien voici.
J’étais clouée au lit avec une bronchite carabinée.
Le gars, le fameux Français, pour se rendre intéressant à mes yeux, ou pour garder un pied dans ma porte, s’est pointé chez moi, les bras chargés de victuailles.
– Je viens prendre soin de toi, me dit-il. Tu n’as rien à faire. Retourne te coucher, j’ai tout ce qu’il me faut pour préparer le dîner.
En effet, il avait tout ce qu’il faut :
- nouilles en sachet
- oignon
- crevettes
- piments rouges
- épices
- même une bouilloire électrique !
- un chaudron en aluminium
- une poêle en fonte grise
- deux immenses bols à soupe bleus.
Il prend ma cuisine d’assaut et me concocte une soupes-repas digne d’un grand chef.
On s’attable. On savoure. Tout est exquis.
Une fois bien nourri et abreuvé, il se lève de table, met les bols sales sur le comptoir de cuisine.
– Attends ! J’vais laver tes bols pour que tu les rapportes chez toi.
– Tu me les rapporteras au Centre sportif (c’est là qu’on s’était rencontré).
Le gars est sorti. Puis, plus de nouvelle. Bebye dans la brume. Envolé. Sans ses fameux bols.
Trois semaines plus tard,le téléphone sonne. Je décroche. Et qui est au bout du fil ?
Le fameux Français !
Placote, placote, placote. Puis, vient le sujet des bols à soupe.
– Aïe ! J’ai toujours tes bols à soupes chez moi ?
D’un ton pompeux et condescendant, il me balance :
– Bof ! Je m’en fiche de ces bols. On en vend partout. Tu les aurais jetés aux ordures, et cela n’aurait pas été très grave. On se rappelle un de ces jours.
Pas très grave. Pas très grave !
– J’vais lui en faire un pas très grave, moi ! Tiens ! tes maudits bols ! Vlan !
direct dans les poubelles. Tiens-toi ! Épais ! Puis, mange d’la… d’la… mange d’la soupe !Environ six mois plus tard, comme ça, le fameux Français se pointe via un courriel.
Monsieur voudrait récupérer ses bols bleus qui sont de la même couleur que sa cuisine qu’il vient de repeindre.
Ah ! jouissance ! Enfin, j’allais éduquer ce p’tit fendant !
D’un clic clic endiablé :
– Onnnnnn… Tes bols… tes beaux bols à soupe bleus…? Oufffffffff… Bien, je ne les ai plus. La dernière fois qu’on s’est parlé, tu m’as dit que j’aurais pu les jeter et que ça n’aurait pas été grave. Bien, vu que la couleur bleue ne va pas du tout avec ma cuisine, c’est ce que j’ai fait, je les ai jetés aux ordures. Y fallait pas ? Oupsss…
Il ne l’a pas trouvé drôle. Mais vraiment pas.
Ça n’a pas pris cinq minutes que je recevais une réponse :
– Étant donné que tu fais preuve d’un extraordinaire manque de maturité, j’apprécierais que tu retires mon nom de ton carnet d’adresses Internet. Et, par la même occasion, tu peux aussi effacer mon numéro de téléphone.
Effacer ? Effacer ? Effacer ?
– Aye ! le twit. Penses-tu que je les ai encore, tes coordonnées ? In your dreams !
Je n’ai plus jamais entendu parler du Français.
Mon Dieu ! qu’il manque de maturité !
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