"On dit.. Je naquis un couteau dans la main. On s'étonne.On dit que ce sont là des mots...Puis je pris une plume, encore mieux qu'un couteau! Je naquis pour devenir hommeSi la fidélité errante pleure pour toi,on dit que tu es amoureux.Tendresse aux yeux mouillés, sans crainte enlace-moi!Simplement, nous jouons, tous deux...
Je me souviens de tout, mais en moi tout s'efface.On dit: comment se peut-il faire?Ce qui choit de ma main, au sol qui le ramasse?Si ce n'est moi, c'est toi mon frère.La terre m'emprisonne et la mer me déchire
On me dit: Un jour tu mourras...Mais que de choses ici-bas l'on entend dire!J'écoute mais ne répond pas"
-Attila Jozsef-
Les taches du poète d'aujourd'hui
(...) Créer ne signifie rien de moins pour le poète que de former le monde, l'univers humain, la qualité humaine, à l'aide de ceux qui, ayant d'autres occupations en vertu de la division sociale du travail, partagent l'activité du poète en l'accueillant avec amour. Car l'oeuvre ne vit pas tant par l'artiste que par ceux et celles qui aiment l'art et l'aiment par besoin d'humanité.Certes, nombreux sont ceux à qui ces paroles semblent une sorte de prédication. Laissons-les-derrière leur cynisme, ce qui se cache, c'est ou bien la peur de la force brute, de la violence, ou bien la confiance qu'ils mettent en celle-ci.Nous, poètes d'aujourd'hui, ne pouvons faire autre chose que dire nos plaisirs, nos peines et entrer en lice pour la liberté sous toute forme et partout où, brandissant les mots d'ordre du bien-être économique et leurs armes, les éternels adversaires des poètes tentent d'amener "les masses" à se détourner jusqu'au fond de leur âme des exigences humaines les plus justes, de la liberté et de leur aspiration à la liberté.
Attila Jozcef- "Les taches du poète d'aujourd'hui"- extrait de "A coeur pur" - poésie rock- Denis Lavant-Kristina Rady- Serge Teyssot-Gay- Editions Seuil-