L’intéressant, dans une banque, c’est ce qui est caché, secret, ce qu’on ne voit pas. La Banque de France à Béthune, devenu centre d’art sans que l’agencement des lieux ne soit vraiment modifié, comprenait non seulement guichets, bureaux, salles des coffres et des archives, mais aussi un chemin de ronde souterrain où un veilleur de nuit tournait inlassablement pour vérifier que nul ‘monte-en-l’air souterrain’ ne perçât un tunnel pour atteindre les coffres de la banque. Beau métier, non ? Imaginez cet homme, peut-être ancien militaire, claudiquant du fait d’une blessure dans le djebel, tournant sans fin chaque nuit dans ces longs boyaux sombres encombrés de tuyaux et de câbles en tout genre, et tentant, au milieu des glouglous d’eaux usés et des bruits assourdis du dehors, de percevoir les sons d’une intrusion aussi probable que l’invasion du Désert des Tartares.

Les artistes ont aussi investi le boyau souterrain de surveillance avec des installations lumineuses et sonores tout à fait impressionnantes. Dans une salle d’archives aux murs couverts de casiers de rangement, se joue une symphonie musicale et lumineuse faite d’harmonies et de dissonances (photo du haut; voir aussi la vidéo).

Photos 1 et 3 courtoisie de Lab: labanque (photos Marc Domage)