Quick halal : la laïcité a bel et bien son mot à dire

Publié le 01 mai 2010 par Roman Bernard
En complément à l'article d'Éric Timmermans, voici mon enquête (un peu datée désormais) :

La chaîne de fast-food Quick a imposé dans plusieurs de ses enseignes de la viande halal pour satisfaire sa clientèle musulmane, nombreuse dans les zones des restaurants concernés. Une affaire privée, qui ne regarde en rien les défenseurs de la laïcité ? Non.


La laïcité au secours du hamburger? L’idée aurait pu paraître incongrue il n’y a pas si longtemps, si Quick n’avait pas décidé d’imposer de la viande halal dans certains de ses établissements. Désormais, dans huit Quick de France (Toulouse, Argenteuil, Garges-lès-Gonesse, Buchelay, Villeurbanne , deux à Marseille, et Roubaix), les clients, musulmans ou non, se voient servir de la viande halal de bœuf, ou de dinde en remplacement du porc dans deux des hamburgers (Quick’n Toast et Strong Bacon). Pourquoi ne pas avoir proposé des deux, afin que chacun puisse trouver son plaisir? Réponse: pour que la viande soit certifiée halal, il faut qu’elle ne soit pas à proximité de viande normale, qui pourrait «contaminer» la viande halal proposée.

Fait paradoxal, les restaurants n’ont pas banni la bière de leurs menus. Il faut dire que l’halalisation des restaurants en question est présentée par Quick comme un simple «test».

Quick, entreprise « belge » propriété de l’État… français

A priori, rien de scandaleux à ce qu’une entreprise privée s’adapte aux demandes de sa clientèle. C’est l’argument de ceux, qu’on ne pouvait suspecter de tant de zèle capitaliste, qui pensent qu’il n’y a pas matière à polémique. Sauf que… Quick n’est pas une entreprise privée. Son capital est détenu à 94% par la Caisse des dépôts et consignations, le bras financier de l’État français. Le fast-food «belge» est donc une entreprise publique française!

Naturellement, l’État ne contrôle pas Quick au sens où il contrôlait Renault lorsqu’il en était l’actionnaire principal. Le contrôle est ici indirect, par le biais de Qualium Investissement, filiale de la Caisse des dépôts et consignations. N’y a-t-il pas là toutefois mélange des genre?

Après l’octroi, par les communes, de terrains publics pour la construction de mosquées, à des prix défiant toute concurrence, la puissance publique ne sort-elle pas de son rôle, et n’y a-t-il pas une atteinte, même indirecte, à la séparation des églises et de l’État (cf. loi de 1905)?

Un financement indirect du culte musulman

Et quand l’on sait que les organismes de certification halal font payer leur contrôle aux abattoirs, avant de reverser leur recette à des organisations cultuelles, on comprend donc qu’indirectement, Quick finance le culte musulman en donnant de la viande halal à ses clients.

Selon la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, les associations islamiques « perçoivent une redevance au kilo de produit certifié halal... et collectent ainsi des fonds pour un montant non négligeable », avec un surcoût au kilo estimé entre 3 et 15 centimes d'euro, comme le rapportaient Les Échos. Certes, sur un menu, la différence sera minime, mais sur l’ensemble du marché halal, la manne pour les organisations islamiques est énorme: jusqu’à 45 millions d’euros, pour un marché de 300000 tonnes.

Quick n’est pas le seul concerné: en France, de nombreuses pièces de viande seraient halal sans même que les consommateurs ne le sachent. Avec cette taxe de certification à la clef.

Interrogé par téléphone, le service consommateurs de Quick répond qu’il « ne communiquera pas » sur ce sujet délicat. Le consommateur soucieux de savoir où va son argent appréciera…

Un casher si bien caché

Que faire, alors? Bouder les hamburgers de Quick, comme le proposent certains internautes?

Alors même que la plupart des consommateurs achète déjà des barres chocolatées et des produits laitiers casher (qui sont en conformité avec la religion juive) sans même le savoir?

Nos «cousins» québécois sont allés beaucoup plus loin dans cette voie: désormais, 75% des produits alimentaires sont casher, sans même que les Québécois en soient vraiment informés.

Pourquoi, demandent donc certains internautes musulmans, le passage au halal de certains Quick choque-t-il, quand l’imposition du casher dans de nombreux produits de consommation courante ne déclenche aucun tollé? Y aurait-il un traitement de faveur, comme ils le disent?

Si l’halalisation de certains Quick choque, c’est en raison du fait que Quick est une «enseigne nationale», qui procède ainsi à une séparation des territoires en fonction des communautés qui s’y trouvent. C’est cela qui a fait réagir le maire de Roubaix, c’est cela qui doit faire réagir les défenseurs de la laïcité. Même s’il n’y a pas grand-chose d’autre à faire que de protester.

Roman Bernard