DE “BONNES” ET DE “MAUVAISES” RELATIONS
Dans l’environnement naturel, un être vivant subit les influences, venant des uns et des autres, sur lesquels il exerce lui-même une plus ou moins forte pression. Les relations entre les différents êtres vivants (biotiques) peuvent être jugées bonnes ou mauvaises, mais ce jugement est purement subjectif. La Nature n’est ni bonne ni mauvaise en soi. Nous avons vu auparavant les types d’adaptation aux conditions abiotiques et la notion de valence écologique. Ici, nous abordons les relations qui président à un autre mode d’adaptation puisqu’il s’agit de survivre ou de vivre de rapports, allant du pur antagonisme à l’union parfaite. On pourrait croire qu’un individu est définitivement classé dans telle ou telle catégorie (proie, prédateur…) mais c’est bien plus complexe. Ainsi, le pic épeiche et la mésange sont compétiteurs d’un point de vue alimentaire au cours de l’hiver, alors qu’au printemps, la mésange “profite” du nid abandonné par le pic. De même, le lien entre le prédateur et la proie ressemblerait à celui qui existe entre le parasite et son hôte, mis à part le fait qu’un parasite a plutôt intérêt à ménager l’autre ; d’un autre côté, certains prédateurs dévorent très lentement leur proie quand le virus de la grippe (parasite) peut tuer son hôte rapidement. Je resterai donc scolastique encore une fois, en appliquant les critères catégoriels simples de l’auto-écologie.
N.B. : Je distinguerai par une fois les relations intraspécifiques (entre individus de même espèce), les autres, étant toutes interspécifiques (entre individus d’espèces différentes).
L’INDIFFERENCENotons que les rapports entre êtres vivants ne sont pas ou mauvais ou bons, il peut y avoir neutralité ou encore absence de relations vivant-vivant. C’est ce qu’on nomme indifférence et qui comporte deux modes d’interactions :
♦ Le neutralisme :
C’est le cas d’espèces cohabitant dans le même milieu sans se prêter garde mutuellement (musaraigne et cerf). La réalité montre que ce n’est pas si simple. Si le chamois du Mercantour cohabite sans problème avec les bouquetins ou les mouflons -ils ont des modes de vie et des préférences écologiques différentes, le chamois devient dominant sur les hauteurs, à l’inverse des salines où le bouquetin devient le maître.
♦ La synécie :
Dans tous les cas de figures, on observera un profond antagonisme entre les individus d’un peuplement.
♦ La compétition :
CHEZ LES VEGETAUX
L’eau, la lumière et les sels minéraux seront autant de sujets de discorde pour les plantes de l’écosystème. Ainsi, les jeunes plants d’arbres seront dominés par les herbacées au début de leur existence mais, grâce à l’invention du bois (cellulose + lignine), s’ils survivent à cette âpre lutte pour la vie, ils seront bientôt les maîtres de leur milieu. La compétition pour la lumière se fait en hauteur chez les végétaux terrestres et ce sont les arbres qui ont gagné. Ceux qui leur résisteront s’organiseront en strates, en fonctions de leur exigence en photons. Dans le sous-sol, les racines feront de même et s’organiseront en strates invisibles pour se concurrencer sur l’eau et les nutriments. Dans une forêt dense de vieux épicéas, lorsque les racines n’ont plus de place à cause de l’enchevêtrement général, seules les graines des espèces possédant des racines en pivot, (sapin) peuvent s’y implanter à nouveau. Les arbres fruitiers comme le frêne sont des espèces dévoreuses de sels minéraux, rien ne pousse facilement à leur pied.
CHEZ LES ANIMAUX
♦ Les relations intraspécifiques :
- L’effet de groupe : il a été observé chez les vertébrés et de nombreux insectes dès le début du XXème siècle. Le nombre d’individus au sein d’une population a des conséquences sur la croissance et la reproduction des individus, mais aussi sur la survie même de cette population. Il faut d’ors et déjà comprendre que la disparition d’une population peut compromettre l’existence de l’espèce toute entière, l’on s’en est rendu compte, grâce aux parties excitantes de safari, qui ont entraîné pas mal de dégâts faunistiques. Une fois les lois mises en place et qui devaient y remédier, c’est le braconnage réfractaire aux règlements qui décime maintenant de nombreux animaux sauvages, la déforestation faisant encore plus de ravage. Ainsi, une population d’éléphants d’Afrique s’éteint si le groupe ne dispose plus de 25 animaux au moins. Chez le renne, le groupe doit comporter au moins 300 têtes pour survivre et maintenir l’espèce. Dans le cas de certains oiseaux marins, cela peut sembler énorme puisque la colonie de cormorans de Bougainvillé doit compter 10000 individus, une simple marée noire peut compromettre à tout moment leur présence ici-bas. Par effet de domino, l’homme le payera très cher.
Dans les zones semi-désertiques, tant que la saison sèche dure, le criquet est de type solitaire et frugal. La population de l’insecte, est régulée par la quantité de nourriture, il ne se reproduit pratiquement pas. Lorsque vient le temps des pluies en cataractes, la végétation verdit et le criquet se met à consommer davantage, tout en se reproduisant avec frénésie. Bien vite le groupe se munit de millions d’individus et, lorsque la densité atteint les 500 par m², l’insecte n’est plus le même : boulimique, grégaire et voyageur il devient. L’individualité n’a plus de sens, seul l’unité du groupe compte. Le nuage de ces insectes peut se déplacer pendant 20 heures sans atterrissage. Lorsque les gloutons se posent, ils dévorent tout : végétation sauvage comme celle élevée en agriculture. 25° C est la température de l’air ambiant qui provoque envol ou atterrissage, le premier en dessus de 25-26°C, le second en dessous. De la Mauritanie à l’Inde, soit 20% des terres émergées, 61 pays sont concernés (30 millions de m²) par le danger que fait peser cette espèce sur leurs populations. En 1987-88, 28 pays africains ont du être soutenus par l’aide internationale. Aucun prédateur ou parasitoïde connus pour nous aider à combattre le fléau, on utilise des matières actives comme le phényl-pyrazole, ou Fipronil, plus connu sous le nom de REGENT® ou de GAUCHO®, le possible tueur d’abeilles.
- L’effet de masse : lorsqu’une population donnée se développe au point que le milieu ne peut plus nourrir tout le monde, les individus qui la composent se comportent en compétiteurs sans foi ni loi : on consacre tout son temps à la bagarre. Fécondité et natalité s’en font vite ressentir, la mortalité explose et la santé psychique se détraque. Cela peut paraître très malthusien mais le modèle peut s’appliquer à l’homme. Les dominants finissent par devenir insupportables aux dominés qui s’affaiblissent. Or, les dominants n’ont de justification d’êtres, que la présence des dominés. Equilibre rompu, donc.
Chez les rongeurs, on a pu observer un hyper développement des glandes surrénales normalement indispensables au maintient de la masse musculaire de l’organisme, alors qu’ici il entraîne un comportement hyper-agressif ; en même temps, le thymus (faillite du système immunitaire) et les glandes reproductrices (anéantissement de la dynamique de population) régressent.
La surpopulation de vertébrés aquatiques est rapidement régulée par sécrétion dans l’eau de substances auto-inhibitrices (contre soi-même) de la reproduction (terpènes, phénols…). Pour exemples, Chlorella vulgaris produit la chlorelline, Scenedesmus quadricauda produit la scenedesmine, Pandorina morum la pandorinine et Phormidium sp. la phormidine.
♦ L’amensalisme :
Les populations de micro-organismes du sol (graines comprises) se livrent ainsi une lutte sans merci à base de molécules destructrices (penicillium, aspergillus…). Le noyer inonde le sol de juglone empêchant une bonne partie des herbes de pousser. Dans la garrigue, le romarin empoisonne, via ses racines, le sol autour de lui. On peut considérer ces substances comme de bons herbicides naturels mais trop instables quand on les imite synthétiquement. On compte plus de 30000 molécules que les végétaux fabriquent et emploient pour éloigner d’eux les herbivores (mauvais goût, ou odeur, à carrément toxique).
Plus phénoménal est le cas du choux et de la piéride qui lui est propre. Lorsqu’une chenille de piéride commence à le dévorer, le choux réagit en émettant des substances volatiles qui attirent une petite guêpe parasitoïde de la piéride. Cet hyménoptère pond ses oeufs dans le corps de la chenille qui est à son tour mangée par les larves parasites. La chenille contient dans sa salive l’élément déclanchant sa propre perte.
♦ La prédation :
On classe les prédateurs en trois catégories, selon leur degré de spécialisation :
- Les monophages ne consomment qu’un type de proie : la coccinelle est inféodée au puceron dont sa larve se délecte.
- Les oligophages ont un régime alimentaire assez restreint, leur spécialité se limite à quelques espèces de proies seulement : le hibou moyen-duc consomme 90% de petits rongeurs (campagnols des champs, mulots…) et 10% de petits passereaux ; le circaete Jean le Blanc mange 90% de serpents et 10% de petits rongeurs et de grenouilles.
- Les polyphages ont de nombreuses proies en sortes d’espèces : l’alimentation d’un hibou grand-duc est composée de 30% de petits rongeurs variés, 10% de grenouilles, 10% de perdrix, 10% de pies, 10% de petits rapaces, 10% d’écureuils, 20% de lapins.
N.B. : les vertébrés carnassiers sont dits carnivores, alors que les invertébrés consommateurs de chair animale sont dits zoophages. Tous les carnivores ne sont pas des prédateurs, ils peuvent être simplement des charognards.
L’évolution a touché de paire, prédateurs et proies, en les munissant d’atouts respectifs : l’art de la chasse pour les uns, l’art de la fuite ou du camouflage pour les autres. Certains carnassiers pratiquent la capture directe comme le renard, la chouette hulotte, le balbuzard et même l’amibe qui s’attaque de front aux paramécies. D’autres utilisent des accessoires comme une toile pour l’araignée, une fosse pour le fourmi-lion ou encore un leurre attractif chez les poissons abyssaux. Le mycellium (filaments des champignons dans le sol) de certains champignons (Arthrobotrys irregularis, Monacrosporium salinum…) se positionne en collet pour piéger les nématodes (vers microscopiques) du sol. Pour le martin-pêcheur, l’adaptation à un milieu de chasse hostile a été nécessaire pour qu’il puisse pêcher en plongeant sous l’eau. Quant au cincle plongeur, autre oiseau chassant en milieu aquatique, il marche carrément à contre-courant sous l’eau glacée et tumultueuse des torrents de montagne ! Du côté de l’anatomie, la nature a su
Les prédateurs ne gèrent pas leur cheptel, ils consomment autant que faire se peut. De fait, ils en limitent l’importance. En réponse, la proie a trois possibilités hormis celle de se défendre : fuir par sa rapidité (gazelle), se cacher (rongeurs en son terrier ou mimétisme du caméléon) ou posséder une botte secrète, telle l’émission de substances toxiques (fourmis, termites). Ce n’est pas toujours le cas et certaines proies ne disposent d’aucun de ces moyens pour échapper à la mort. Par exemple, un puceron n’a aucune chance face aux larves de coccinelles qui en consomment près de 150 par jour. Il compense par une reproduction exacerbée, au point que si la coccinelle venait à disparaître, ainsi que les autres prédateurs du puceron, en moins d’une année, toute la surface du globe serait recouverte de cet hémiptère sauteur et joyeux.
Pour finir, le cannibalisme est une auto-prédation fréquente dans le monde animal (araignée, insectes, oiseaux, poissons et rongeurs). Il permet de juguler une explosion démographique qui pourrait porter préjudice à l’espèce, comme c’est le cas chez le brochet. En cas de disette, des oiseaux comme le busard cendré ou la chouette effraie (chouette des clochers) sont capables de sacrifier leurs petits les plus faibles à la faveur des plus vaillants. Dès le paléolithique, l’homme a pratiqué le cannibalisme soit à des fins purement alimentaires, soit dans le cadre d’une pratique religieuse ou mystique. Le christianisme y a mis fin au XXème siècle alors que l’anthropophagie était encore courante jusqu’en 1950 en Nouvelle-Guinée. La morale chrétienne n’est pas écologique mais va plutôt contre nature… autre sujet.
♦ Le parasitisme :
CHEZ LES VEGETAUX
Certains végétaux dépendent d’autres plantes pour vivre et nous connaissons tous l’exemple du gui sur le pommier de Normandie (ou d’ailleurs). Cependant, il existe différents stades de parasitisme dans ce règne du vivant.
Les champignons, de par leur nature non chlorophyllienne, devront souvent se comporter en parasites complets. C’est le cas poussé à son extrême de l’armillaire couleur de miel, responsable du pourridié qui s’attaque à tous les arbres qu’il rencontre. D’autres champignons vivront plus modestement de la décomposition de la matière organique (saprophytes), et nous découvrons dans ce monde mycellien une vie d’échanges et de partage entre protagonistes, bien éloignée du profit sans réciprocité, je veux parler des symbioses dont on pourrait nettement s’inspirer pour notre économie sociale.
Notons seulement qu’un être vivant peut passer d’un stade à un autre sans aucun problème. C’est par exemple le cas de la bactérie coliforme Echerichia coli habitant en permanence dans notre gros intestin. Habituellement symbiotique puisqu’elle nous fournit en certaines vitamines non présentes naturellement dans notre nourriture, elle peut devenir inflammatoire (gastro-entérite), au pire une tueuse hémorragique redoutable dans certaines conditions, en s’attaquant principalement au système rénal qu’elle peut détruire.
CHEZ LES ANIMAUX
- Les ectoparasites sont fixés (griffes du poux, tête entière de l’ixode…) à l’extérieur de leur hôte. Dans la plupart des cas, il s’agit d’hématophages (se nourrissant du sang de leurs victimes). L’ectoparasitisme reste un modèle de simplicité comparé à ce qui suivra.
- Les endoparasites vivent une partie de leur cycle de vie à l’intérieur de leur hôte. Si l’ascaris n’a qu’un seul hôte, souvent un endoparasite possédera plusieurs hôtes en fonction de son stade de développement. Par exemple, le ténia armé commence son cycle de croissance chez le porc, puis est transmis sous forme de cysterques infectieux à l’homme, grand consommateur de viande porcine et chez lequel il connaîtra son développement final. Le cochon, volontiers coprophage (mangeur de feces) se re-contamine et ainsi de suite. C’est le cas de la douve du foie dont la complexité du cycle fait le cauchemar de l’étudiant en biologie (voir schéma simplifié).
La nature fournit des exemples parfois exotiques de parasitisme. C’est le cas du coucou qui pond son oeuf dans les nids de 180 espèces d’oiseaux dans le monde. L’hôte, bien souvent de taille inférieure à celle du coucou nouveau-né, devra
N.B. : les virus sont des parasites en cela qu’ils sont dépourvus de la machinerie cellulaire nécessaire à leur reproduction. Ils se reproduisent par emprunt momentané qu’ils font aux cellules ainsi parasitées. Normalement, le parasite ne doit pas tuer son hôte s’il veut en profiter longtemps. C’est le cas du plus grand nombre de virus. Il s’agit d’observations et non de jugement anthropocentriques. Cependant, certains virus ne savent que tuer, d’autres le faisant accessoirement.
LES RELATIONS FAVORABLES
Ainsi que je l’ai dit, l’homme, animal naturellement prédateur, mais culturellement polissé, a facilement pu observer les rapports de force qui existent entre les différents membres d’un écosystème et les mettre en application à son compte. Cependant, il serait faux de ne pas souligner tous les efforts qu’il fait pour se civiliser (vivre ensemble), mais reconnaissons que lui ont échappé longtemps les rapports d’entre-aide intra et inter-spécifiques, pas moins répandus que les antagonismes et parfois plus fructueux que ceux-ci.♦ Le commensalisme :
Dans le même registre, les animaux se cramponnant à des supports vivants, je rappelle sans préjudice (huîtres sur palétuviers des mangroves). Le remora, que nous avons déjà évoqué plus haut, profite de son taxi-requin renifleur pour atteindre des paradis nutritionnels. Que dire de ces minuscules crabes et poissons qui s’abritent à l’intérieur de l’intestin des concombres de mer en bénéficiant des restes fécaux de l’animal. Plus facilement observable est la relation qu’entretient un moineau avec une cigogne quand il bâtit son nid sous celui de la cigogne. Ce qui en tombe est à lui.
Si mensa signifie “table” qui fait penser à manger, le commensalisme peut être étendu à tout apport non réciproque mais bénéfique à l’un des partenaires. Ainsi, la chouette de Tengmall se sert des nids abandonnés par les pics noirs pour y nicher. Tirer partie de la chaleur d’un autre est aussi du commensalisme et nous avions évoqué le cas du blaireau dont le campagnol (ou le mulot…) recherchait la chaleur et l’humidité de sa tanière. Idem pour les 110 espèces d’insectes en villégiature d’hiver dans les terriers des marmottes en montagne.
Mais la science, qui ne peut faire autrement, simplifie à outrance en faisant des catégories séparées entre les différents genres qu’elle observe. Le commensalisme peut vite se transformer en compétition quand ce n’est pas en parasitisme. Dès que l’abus s’installe, le commensal détourne de plus en plus de nourriture au détriment de l’autre qui peut en pâtir. C’est le cas du lépisme (poisson d’argent/insecte) qui soustrait d’habitude une infime partie de ce que s’échangent les fourmis entre elles, mais qui, devenant vorace, met carrément en danger toute la fourmilière. Les loméchuses, qui doivent leur nom à une empoisonneuse romaine, sont des insectes fréquentant également les fourmilières. Elles connaissent le langage formique par les antennes et, en tambourinant sur leur tête, demandent normalement peu aux fourmis. Juste de quoi se repaître. En échange, et là nous sommes dans un cas s’apparentant à la symbiose par commensalisme réciproque, les fourmis obtiennent du miélat, une sécrétion sucrée qu’emettent les loméchuses. Cette substance a la propriété d’enivrer les fourmis et, si elles en abusent, ce sont elles qui mettent en danger leur fourmilière car, ivres mortes, elles en oublient leurs devoirs maternels. Dans la nature aussi on peut sombrer dans l’alcoolisme ou l’abus de psychotropes.
♦ Le mutualisme ou coopération :
Certains animaux jouent à la laverie automatique en nettoyant d’autres de la saleté parasitaire en s’en
La pollinisation croisée peut aussi être assurée par d’autres animaux que les insectes. On parle de zoogamie ou de zoophilie (au sens que lui donnent les sciences naturelles !) mais on précise par des génériques tels ornito- pour les oiseaux fécondeurs de plantes ou chiroptéro- quand ce sont les chauves-souris qui agissent comme fécondeurs interposés. La frontière entre mutualisme et symbiose est assez floue puisque les deux protagonistes peuvent encore, dans certains cas, se passer l’un de l’autre. C’est le cas du bernard l’ermite et de l’anémone ; lui, sert de taxi, elle, de rayons ”laser” urtiquants et protecteurs.
♦ La symbiose :
Avec la symbiose, on pourrait croire que dame Nature aurait une éthique. Je le répète, ni bonne ni mauvaise est notre Mère à tous, elle ne fait que favoriser des fils évolutifs, en défaire d’autres quand ils n’ont pas obéi à son programme. Gare à toi l’homme !
Elle représente la forme la plus évoluée des associations entre les êtres vivants. Les avantages qu’en tirent les deux protagonistes (parfois trois) sont réciproques mais ils ne peuvent, sinon très temporairement, se passer l’un de l’autre.
Il est probable que la symbiose trouve son origine dans un parasitisme mutuel ou réciproque. N’empêche que le résultat est beau car tout est inversé. Un mal y sert le Bien. Dans le cas des mycorhizes, l’association se fait entre des champignons et des racines de végétaux chlorophylliens. On parle d’associations mycorhiziennes.
Chez les orchidées, c’est un champignon du sol qui permet la germination des graines, dépourvues de réserves nutritives. Bien heureusement car ces plantes produisent un nombre si important de graines que la terre en serait vite recouverte. Sinon la beauté, il n’y aurait plus que de l’orchidée à voir, monotonie de l’uniformité donc. En échange, le champignon s’installe ensuite dans l’orchidée (racine puis bulbe) pour y trouver repas à son goût et fournir des antibiotiques à son hôte.
UN CAS PARTICULIER ET COMPLEXE D’ASSOCIATION : la synergie
Sous un arbre, au niveau racinaire, c’est une lutte sans merci que se livrent les différents protagonistes, pour l’eau et les sels minéraux qu’elle dissout. Il est peu facile d’imaginer la grouillance de vitalisme que présente l’environnement péri-racinaire de l’arbre (rhizosphère). La rhizosphère représente la zone d’influence qu’exercent les racines du végétal dans le sol. Cette action racinaire ou effet rhizosphère présente deux aspects : d’une part, le végétal émet par ses racines des substances organo-minérales (exudats racinaires) attractives et favorables à l’implantation de micro-organismes (bactéries, champignons) utiles pour son futur développement – ceci, conjointement aux substances provenant de sa litière (feuilles mortes, cadavres d’animaux + substances télé-actives) ; d’autre part, les racines peuvent libérer des substances toxiques (antibiotiques) dirigées contre les champignons ou les bactéries pathogènes.
Nous avons vu comment un végétal pouvait être stimulé grâce à une symbiose mycorhizienne (fixation de l’azote atmosphérique), de même, un sapin de Douglas croîtra mieux avec un sous-bois de genêts, ces derniers possédant l’avantage de leur association avec des Rhizobium fixateurs d’azote (voir plus haut). Grâce à ses nodules bactériens, la luzerne enrichit de la même façon un sol en vue d’y faire pousser des plantes maraîchères ou de grande culture. L’un potentialisera l’autre.
Inhibantes ou stimulantes, ces substances émises dans la rhizosphère par un végétal permettent de sélectionner le voisinage rhizosphérique qui lui sera idéal par la suite. D’un autre côté, les élus de l’arbre auront eux aussi pour lui une action stimulante et bienfaitrice. Ces associations à influences réciproques et bénéfiques sont regroupées dans une catégorie mal définie car complexe, la synergie.
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