Dématérialisé #1 : Lucidity

Avec la génération actuelle de consoles sont apparues diverses plateformes online proposant le téléchargement de petits jeux, vendus en général entre 5 et 10€, qui se posent en véritable alternative aux jeux traditionnels. C’est particulièrement vrai pour moi car, depuis quelques semaines, je ne joue plus qu’aux petites perles découvertes sur le X BOX Live, le Playstation Network et le Wii Ware. Je vous proposerai donc, quelques fois, des reviews de ces titres. Parce que jouer bien et pas cher, c’est possible !

Au début, le jeu vidéo, c’était simple : pas plus de deux boutons, peu de possibilités mais beaucoup de fun. Petit à petit, les manettes se sont agrandies, les gameplay se sont complexifiés, et les genres simples et cons tels que le shoot-them-up ont disparus peu à peu. Si cette évolution nous a offert des jeux d’une grande richesse, elle a aussi, parfois, mis de côté l’attrait principal du jeu vidéo : le fun instantané. De mon côté, je me suis retrouvé face à une certaine lassitude des jeux complexes et l’envie de revenir à l’essentiel. C’est souvent ce que les jeux téléchargeables proposent : soit un concept simple mais excellent (Lucidity, Flower), soit une formule ultra-classique mais inattaquable (le shoot, les Megaman). L’autre avantage de ce système est d’ouvrir la porte aux studios indépendants, et aux idées plus originales des grands studios : citons par exemple thatgamecompany, développeurs de Flow et Flower, et la série des Pixeljunk, développée par Q-Games.

Lucidity, sur PC et X BOX 360, appartient à la deuxième catégorie : les petits jeux de studios reconnus. C’est LucasArts qui nous propose cette plongée dans nos souvenirs et peur d’enfants, sous la forme d’un jeu de réflexes et d’adresse tout mignon. Vous incarnez Sofi, une petite fille rêveuse vivant avec sa grand-mère, qui entreprend un matin un voyage métaphorique à travers ses craintes et les dangers du monde. Concrètement, la fillette avance toute seule et vous devez placer des pièces sur son chemin pour lui permettre d’avancer sans toucher d’ennemis ou d’obstacles. Ces pièces peuvent être un petit escalier, une grosse planche, un trampoline… Sur votre chemin, il y a des trous, des bestioles, des ronces, toutes sortes de choses que vous devez éviter en plaçant les bonnes pièces au bon moment. Mélangeant la réflexion aux réflexes, le jeu vous permet d’avoir deux pièces à disposition et vous affiche la prochaine, on peut donc prévoir ce que l’on fera par la suite. Pour ceux qui n’ont pas tout compris, une vidéo de gameplay vaut mieux qu’un long discours.

J’ai vraiment apprécié ce gameplay, il nécessite une attention de tous les instants et aussi une certaine habileté, pour placer les pièces au bon endroit, selon les déplacements, les chutes… Si les niveaux sont courts, certains passages sont quand même assez intenses et mettront vos nerfs à rude épreuve. Et encore, les joueurs 360 ont la chance de bénéficier d’une version upgradée incluant des checkpoint invisibles, ce qui était semble t’il absent de la version PC. Le jeu fonctionne aussi grâce au personnage de Sofi qu’on a immanquablement envie de protéger de tous les dangers qui se dressent sur son chemin. Les visuels du jeu sont très soignés et nous plongent dans la douceur de l’enfance, en particulier les phrases pleines d’innocence que l’on peut lire pendant les chargements. Cette naïveté rafraichissante permet de se vider la tête certains jours…

Aussi, comme vous pouvez le voir les niveaux du jeu sont superbes : comme l’explique le blog des développeurs, leur création est intimement liée à la notion de rêve et de peur. Ainsi, Molly Denmark, artiste ayant notamment travaillé sur la série des Monkey Island, explique avoir imaginé les niveaux selon ses phobies et celles de ses connaissances, comme voler ou se noyer. Les décors sont vraiment enchanteurs et colorés, et le jeu affiche également de nombreux artwork dans les menus. L’ambiance sonore est également très soignée, et même si Sofi ne parle pas, une doubleuse lui a donné quelques onomatopées. Quand Sofi a peur, on le sent bien : en effet, au bout de quelques niveaux, vous devez vite avancer sous peine d’être rattrapée par la brume qui vous poursuit. Quand Sofi se retrouve bloquée, on l’entend grelotter de peur (c’est aussi le signe qu’il faut se grouiller). Tellement mignon !

Et concernant le thème principal, le blog des développeurs nous donne encore une fois une info sympathique, indiquant qu’il s’agit d’une berceuse suédoise réadaptée pour le jeu. On peut même l’écouter sur cette page : une chanson aussi belle que mystérieuse, qui nous ramène dès l’écran-titre du jeu à nos cauchemars enfantins. Et question challenge, vous me direz ? Et bien, en plus de la petite trentaine de niveaux constituant l’histoire, une quizaine de niveaux bonus se rajoutent pour un total de 43. Lesdits niveaux s’ouvrent en récupérant les lucioles : quand vous en avez 100, un niveau apparaît. Ils sont courts et exploitent chacun un élément précis du gameplay. Evidemment, les achievements et leaderboards sont également au rendez-vous, pour ceux qui sont prêts à y passer du temps… Au final, pour moi, Lucidity est une petite perle belle et émouvante, que je recommande aux joueurs qui cherchent un peu d’innocence dans ce monde de brutes !