Riffs poutraux et chevelures ondoyantes à l’honneur ce soir à la Maroquinerie, trois groupes de qualité niveau headbanging se sont donné rendez-vous histoire de finir le peu d’audition qu’il te restait. J’ai dit trois groupes? Le volcan en aura décidé autrement, c’est donc la tête d’affiche, Shrinebuilder, qui sera abandonné car resté bloqué aux US à cause de ce vilain petit nuage de cendres. Dommage, car Shrinebuilder n’est autre que le nouveau groupe de quatre types pas vraiment inconnus dans le monde de la musique grasse et velue: Dale Crover (Melvins), Al Cisneros (Sleep, OM…), Scott Kelly (Neurosis) et Wino (St Vitus, The Obsessed…). Reste donc Kylesa et Dark Castle, affiche plus qu’honnête même si l’absence du super-groupe sus-cité se fera sentir.
Mon sens de l’orientation par-delà les limites du misérable aura raison du duo sludge Dark Castle, paire mixte comprenant une dame à la guitare et monsieur à la batterie. Je n’ai apparemment pas raté grand chose, mis à part le fait que monsieur tapait comme un grizzli sur son pauvre et innocent kit de batterie et que madame vocalisait aussi bien qu’un goret qu’on égorge. Bref, j’arrive juste au moment où Kylesa, quintet de Savannah, débute son set.
Formation offensive avec la judicieuse présence de deux batteries pour une puissance doublement décuplée, complétée par deux guitaristes assurant le chant et un bassiste assurant le show, ce dernier se la donnant grave sur certains passages, amusant à voir. En dehors de ça, Kylesa n’est pas un combo réellement difficile à suivre, le concept est simple, efficace et sévère: riffs bûcherons sur riffs bûcherons. Ca tabasse avec précision et rudesse, appuyant là où ça fait mal, peu de répit, le tout est fort appréciable mais n’est malheureusement pas exempt de défauts, à commencer par le chant, qui passe tranquillement sur enregistrement mais tutoies l’immonde en live.
Laura assure ses parties claires comme elle peut, c’est-à-dire franchement mal, alternant avec légèrement plus de réussite ses parties hurlées, même si le niveau reste de toute manière assez bas. Même remarque pour son compère chevelu lorsque celui-ci prend le risque de hausser la voix.
Dommageable, car derrière, ça charcle menu, les deux batteurs s’en donnent à cœurs joies et martèlent leurs fûts avec un entrain réjouissant. Les passages à deux batteries solos sont très classes, ça donnerait presque envie de danser si les bonnes vieilles habitudes de pouilleux chevelus ne reprenaient pas le dessus, headbanging vrillant en diable à l’affût. Le set reste de qualité, mais passe avec une rapidité déconcertante, à peine quarante minutes de riffs gras, on peut estimer ça faible lorsque l’on sait que la tête d’affiche a annulé sa venue.
Un petit rappel professionnel, le public ira gentiment allez se faire foutre pour le deuxième, malgré ses vociférations assez prenantes. Bien dommage, car le groupe assurait malgré tout le minimum et restait fortement plaisant à voir. Un regret tout de même pour Shrinebuilder qui aurait parfaitement conclu cette soirée…
Shrinebuilder
Kylesa
merci à Melchior pour les photos !