Il y a deux semaines je suis allé voir Larry Graham en concert, un concert grandiose. Il faut dire qu’il n’était pas venu jouer à Paris depuis 14 ans, ça fait long.
Il ne nous en a pas donné pour 14 ans d’absence mais pour un bon concert de deux heures qui valait largement le déplacement.
En première partie Juan Rozoff lui avait très bien chauffé la salle. Il nous a permis de bouger nos têtes ou nos culs, tout dépend de l’ordre dans lequel ça vient, ce qui est sûr c’est qu’à la fin de son set tout avait bougé parce que le groove était présent.
Une fois qu’il a délivré son Groove, plusieurs minutes après, mais je n’ai pas trop compté parce qu’en vérité je piaffais d’impatience. D’ailleurs il n’y a que le funk qui peut faire ça, faire piaffer quelqu’un d’impatience tout en lui autant quasiment toute notion de temps.
Je disais donc plusieurs minutes après, Larry Graham and Graham Central Station sont arrivés en fanfare, sur un rythme digne des Marching Band du carnaval de la Nouvelle-Orléans.
Les rythmes ont explosé dans la salle pendant deux heures et je crois que mon esprit est parti sur la lune, lancé là par le jeu de basse légendaire de Larry, pendant la durée du concert. Sans rire, je me suis vraiment senti comme un cosmonaute quand je suis monté sur scène, avec pleins d’autres gens du public, pour le final, Now D-U Wanna Dance arrangé à la sauce More Bounce To the Ounce de Zapp.
Je suis rentré chez moi, reprendre ma routine, métro-boulot-dodo, la musique habituelle, sauf que celle-ci est beaucoup moins funky.
Quelques jours plus tard j’ai appris la mort de mon Guru. Pour dire vrai il s’agissait de la mort d’un des gurus de la secte à laquelle j’appartiens. Une secte qui a des millions d’adeptes à travers la planète. La secte des héritiers du funk qui succédaient à celle des héritiers du Jazz, du Blues et du Rock.
L’uniforme en était dans les premiers offices, qui se déroulaient en pleine rue, un Ghetto Blaster, un Bob avec un kangourou dessus en effigie, une putain de paire de baskets et des vêtements amples histoire d’être à l’aise pour faire la prière quotidienne aux quatre dieux fondamentaux : La platine, Le micro, La bombe et le dieu du corps élastique.
Mon Guru dirigeait le culte rendu au Dieu du micro. Avec un autre prêtre qui lui dirigeait le culte rendu à celui de la platine ils formaient un sacré duo au début des années 90.
Les messes qu’ils disaient circulent encore chez les bons disquaires. C’est un peu grâce à eux que le Jazz est devenu Matazz de thé. Bon j’avoue trois fois seulement, parce que le thé ça fait pisser et quand on en boit trop on pisse son talent sur les murs, c’est mieux que de pisser son salaire mais ce n’est pas non plus top !
Tout ça pour dire qu’une des chevilles ouvrières du Rap s’en est allé, je ne sais pas si beaucoup de ses Ex-girls étaient à l’enterrement, hélas je suis bien convaincu qu’il n’y en aura pas de Next.
Je ne sais pas s’il s’en est allé sur A Jazz Thing, mais ce qui est sûr c’est que ce n’est pas du tout Funky. Si, en tout cas, on peut continuer à l’entendre rapper au paradis et s’il faut scratcher pour l’accompagner j’en connais un qui voudra être le Premier.