En seulement 12 ans, Google s’est hissé parmi les plus grandes entreprises mondiales en générant un chiffre d’affaires de plus 20 milliards de dollars. The American Dream en somme.
L’entreprise poursuit une stratégie de croissance externe, visant de la petite entreprise à la multinationale. L’entreprise est incontournable et donne naissance à l’expression : « Google it. » Google n’est plus challenger mais leader.
Afin d’assurer cette suprématie, Google s’installe en Chine et espère imposer son moteur de recherche. Mais pour cela, le gouvernement chinois lui impose certaines conditions dont celle de « brider l’information ». Un choix difficile mais accepté par Google.
Après quelques années de présence en Chine, Google table sur un chiffre d’affaires d’environ 500 millions de dollars sur le marché local, soit 2% de son chiffre d’affaires total. Un résultat loin d’être exceptionnel face à son concurrent chinois Baidu. Ce dernier capte la majorité du marché de l’empire du milieu dont est en partie responsable le gouvernement chinois.De nombreux spécialistes soulignent l’hostilité du gouvernement chinois envers les groupes occidentaux. Le gouvernement chinois organise des attaques informatiques afin de s’approprier des secrets de grands groupes. En Chine, le monopole du secret est détenu par le gouvernement.
Après les récentes attaques de pirates en informatique attribuées au gouvernement chinois, Google quitte la Chine mais s’installe à Hong Kong qui bénéficie d’un statut particulier. L’attaque de trop. Le gouvernement américain s’en mêle et accuse la Chine d’abus. Cela prend une tournure de crise diplomatique.
En plus des déboires de Google avec la Chine, la situation croissante de monopole et les questions de vie privée inquiètent de plus en plus. De petites histoires naissent des scandales. Ces dernières semaines, Street View est malmené par des personnes photographiées à leur insu. Certaines « Google Mobile » sont vandalisées et interdites d’accès dans certains quartiers. Les trop nombreuses applications Google font craindre l’arrivée d’un Big Brother. Google est vu comme « malveillant ».
Google change de stratégie. Se sachant parmi les « grands », il doit retrouver l’image d’un « outsider », d’un rebelle seul contre tous afin d’attirer de nouveaux talents. Il se voit investi d’une nouvelle mission : « décensurer le Web ».
Google n’hésite pas à toiser la Chine en débridant son moteur de recherche pendant quelques jours. Il fait l’éloge de l’Open Source et signe un chèque à la fondation Wikipedia pour encourager la gratuité. Plus récemment, il a publié une liste de pays censurant la toile. Pour simplifier, Google adopte sa version de la « désobéissance civile ».
Il est intéressant de constater que Google s'est donné comme mission « d'organiser l'information à l'échelle mondiale et de la rendre universellement accessible et utile » alors qu’il a accepté la censure en Chine. Peut-être cherchait-il une excuse afin de quitter le marché qu’il n’a jamais véritablement conquis ? Ou peut-être surf-t-il sur la vague de «l’antihéros» ?
Toujours est-il que l’entreprise séduit. L’entreprise caracole en tête du sondage des entreprises préférées des jeunes diplômés et se permet de débaucher les meilleurs ingénieurs de Microsoft. Un symbole.
En guise de conclusion, j’aimerai faire référence à la « publicité de placement » de Google dans le film : Babylon A.D.
Pour information, le film dessinait un futur apocalyptique dans lequel l’avenir était indécis. A un moment du film, on a vu apparaitre clairement la chaine de télévision Google TV. Cette publicité était destinée à promouvoir les prochaines trouvailles de l’entreprise. Cependant, selon moi, elle n’a pas eu les effets escomptés. Elle a au contraire posé de nombreuses questions sur le monopole et l’accès à l’information dans un contexte particulièrement inquiétant.
Ainsi, il s’agit d’une maladresse de promouvoir leur marque dans un film ayant une vision obscure de l’avenir.