Créée en 1991, l'association française « Le Rire Médecin » réunit 80 comédiens intermittents du spectacle qui interviennent au moins deux fois par semaine dans 36 services pédiatriques de 14 hôpitaux. Chaque année, les clowns offrent plus de 58.000 spectacles personnalisés aux enfants et à leurs familles. Ces visites pleines de bonne humeur, de poésie et de tendresse sont préparées entre les clowns et les professionnels de santé afin de répondre aux besoins des patients.
La Fondatrice et la Directrice de l’association est Américaine, Caroline Sismonds. Né en 1949 à Washington, elle connait son sujet puisqu’elle a été «clown-doctor» à Harlem et dans le Bronx. Marc Avelot, Secrétaire général du Rire Médecin, a répondu à nos questions. Auparavant, il a été Secrétaire Général de la Fondation Crédit Lyonnais. Fort d’un budget de 3 millions d’euros, Le Rire Médecin emploie 9 salariés.
Que représente la contribution des entreprises dans vos ressources ?
MA : Nos partenariats avec les entreprises sont une source de financement indispensable, même si nous avons eu la prudence avant le démarrage de la crise financière d’élargir notre collecte de fonds au grand public. Depuis 2005, la part des entreprises dans notre budget est ainsi revenue progressivement de 70% à 30% seulement, sans baisser en valeur absolue. La grande nouveauté vient du nombre des donateurs individuels, qui a progressé de 4.000 en 2005 à 75.000 aujourd’hui. Nous avons mis en place un outil de marketing direct via un centre d’appel au Maroc, qui a donné de bons résultats dès la première année. Le don moyen tourne autour de 27 euros. Etat et collectivités locales ne représentent que 7% de notre budget.
Quel est votre principal partenaire ?
MA : Le laboratoire BMS (Bristol-Myers Squibb) est notre partenaire de référence avec un don annuel de 80.000 euros. Nous faisons attention à bien diversifier nos ressources pour éviter la perte d’un partenaire, comme ce fut le cas avec le Crédit Agricole. A vrai dire, malgré leur engagement, la majorité des partenaires entreprises doivent être relancés chaque année pour poursuivre une année supplémentaire.
LFB (Laboratoire Français du Fractionnement et des Biotechnologies), groupe biopharmaceutique français spécialisé dans les protéines thérapeutiques, est notre mécène dans le service d’hématologie du professeur Alain Fisher à Necker. Dans le cadre de «l'Année de la France au Brésil», nous avons rencontré une ONG brésilienne Doutores da Alegria, avec qui nous avons échangé sur nos pratiques et dégager de nouvelles voies d'amélioration et de créativité. Ce voyage d’étude a bénéficié du soutien du LFB et de la société brésilienne Hemobras.
Mais, d’autres établissements sont moins facilement finançables par un mécène. Pour l’hôpital de Bondy, en Seine Saint Denis, où on parle plus de 60 langues, nous n’avons pas réussi à trouver un partenariat avec une entreprise.
Avez-vous aussi mis en place des opérations de produits partage ?
MA : Nous réalisons aussi chaque année une opération de produits partages. Dans ce cas, nous travaillons en direct avec les responsables marketing, mais ces opérations demandent du temps et de la vigilance. Nous avons ainsi travaillé avec Blédina. Un de nos sponsors, Colgate a été un peu déçu du résultat. Nous nous sommes aussi associés à Tefal en février 2007, à l’occasion de la Chandeleur.
Au-delà d’une entrée de fonds liées aux ventes de produits associés, nous réfléchissons à la mise en place d’une « somme plancher » pour ne pas brader notre marque. Une de nos bénévoles travaille d’ailleurs sur cette notion de valeur du Rire Médecin. Nous disposons d’une notoriété spontanée de 3% et 30% en notoriété assistée.
Disposez-vous de relais dans le monde de la comédie ?
MA : Notre marraine historique, Anny Duperey, est aussi Ambassadrice de SOS village d'enfants. Nous envisageons en plus de solliciter chaque année un parrain supplémentaire, qui nous accompagnerait pendant 12 mois.
Quelle est la teneur de votre accord avec Activa Capital ?
MA : Activa Capital souhaitait avoir une action de mécénat, mais ne souhaitait pas être schizophrène en faisant un grand écart entre ses activités de financement de PME et son action de mécénat. Activa Capital est une société d'investissement spécialisée dans les opérations de MBO auprès des PME en France. Ce fond a notamment investi dans Sport 2000 ou la crème Mont Blanc.
Les dirigeants d’Activa souhaitaient mélanger mécénat de compétence et mécénat financier. Cette société d'investissement voulait s’associer à une association, qui non seulement suscite un coup de cœur, mais qui également corresponde à son domaine d’intervention en termes de taille. A ce titre, le Rire Médecin présentait l’avantage d’être de taille humaine. Activa Capital a donc abordé sa politique de mécénat comme pour ses investissements dans des PME avec une longue phase d’audit, un comité d’investissement et la sélection d’un projet privilégié, à qui apporter son soutien.
Tout ce processus est également générateur de fierté pour ceux qui y participent. Il a aussi permis à ces spécialistes financiers d’affûter leur expertise dans un domaine différent, qui a contribué à déplacer leur sphère de certitudes, les problématiques abordées et l’établissement de nouveaux indicateurs de calcul d’efficacité. Ou encore la notion de capital symbolique.
Quels apports en avez-vous retirés ?
MA : Cette phase d’audit a duré plusieurs mois avec des réunions régulières, mobilisant 4 personnes de la société d’investisseurs. A ce titre, les échanges ont été nombreux et l’entreprise n’a pas fait de cadeaux à l’association. Ils ont notamment souligné la nécessité de tenir une comptabilité par projet, pour savoir exactement les consommations liées à une action et la comparer aux ressources directement affectées.
Au final, ils ont décidé de soutenir notre projet d’école des hôpiclowns. Cette école a pour vocation à former les clowns à travailler dans les hôpitaux pour les enfants malades. Ce projet vise à assurer un minimum de qualité, face à la prolifération de ce type d’initiatives. A ce titre, le Rire Médecin est leader, puisque sa part de marché est passée ces dernières années de 10 à 15%, mais nous souhaitons garder une taille raisonnable. Nous nous sentons investis d’une mission de transmission de notre savoir faire avec la volonté de créer un label.
Cette école devrait ouvrir début 2011 à l’hôpital Necker. Les inscriptions devraient lui permettre de dégager un autofinancement. Pour des raisons de TVA, cette école sera créée sous forme d’Eurl. Ce besoin de formation a été ressenti très tôt comme une nécessité par notre fondatrice, qui a fait partie du Big Apple Circus aux Etats-Unis.
Pour aller plus loin :
Le site de l’association, où il est possible de donner
http://www.leriremedecin.asso.fr/
Un article de Libération : Caroline Simonds, grande taille et cœur gros, a su allier les deux fonctions au chevet d'enfants malades. Docteur Girafe et Mrs clown.
http://www.liberation.fr/portrait/0101199289-clown-medecin-caroline-simonds-grande-taille-et-coeur-gros-a-su-allier-les-deux-fonctions-au-chevet-d-enfants-malades-docteur-girafe-et-mrs-clown
Interview de Marc Avelot « Nous sommes quasiment toujours dans l’immatériel ! »
http://www.easybourse.com/bourse/interview/1203/marc-avelot-le-rire-medecin.html