Réflexions sur tout et sur rien...

Par Ananda

La religion hindoue est, à mon humble avis, celle qui approche le mieux la complexité, le caractère pluriel de toute part de réel.

L'Un est multiple.

L'Unité chapeaute la multiplicité.

Chaque élément du monde possède un double aspect : simple et pluriel; un et multiple; compact / complexe.

Même l'électron hésite, pour se présenter à nous, entre deux visages.

N'y aurait-il pas lieu de penser que tout est à la fois divisé et uni, simultanément  auto-suffisant et marqué d'incomplétude ?

Nous ne voyons jamais que d'une manière tronquée, partielle, parcellaire.

Nous n'appréhendons jamais que des facettes, que des facéties.

On n'a de prise sur rien.

Le temps - l'oubli - la mort.

Qu'est-ce qui rend les Français si mal à l'aise avec l'altérité ?

L'idée d' "exception française" ?

Le centralisme jacobin, par essence autoritariste ?

La phobie séculaire que ce pays a de sa propre indiscipline, de sa propension aux divisions, du tempérament irréductiblement oppositionnel de son peuple (l'échec de Vercingétorix à rassembler les querelleuses tribus gauloises, les sanglantes Guerres de Religion, la Fronde, la chouannerie, la "France coupée en deux" qui fut si longtemps celle de l'après seconde guerrre mondiale, et j'en passe...)?

L'universalisme compris dans le sens, "missionnaire", d'assimilation ?

Ce que je remarque, ce que j'ai toujours remarqué, c'est qu'en France, il faut éviter de "faire l'Autre".

Dès qu'une altérité s'exprime, le réflexe est de la faire taire. Cela se manifeste autant à l'échelle basique des rapports inter-personnels qu'à celle des fameux débats et angoisses nationaux  sur l'"Identité".

Le Français apparaît souvent guidé par un réflexe d'orgueil, de suffisance.

Comment peut-on ne pas vouloir, ne pas prétendre lui ressembler, le prendre pour modèle ? L'Histoire lui a fabriqué un tempérament de magister, auquel vient, au surplus, s'ajouter son côté "hyper-chatouilleux de l'ego".

Je peux en parler en connaissance de cause, moi qui, vivant ici depuis très longtemps, n'en ai pas moins conservé intacte ma part d'altérité.

Ce que je sais, ce que je sens, c'est que cette part d'altérité doit se faire discrète. Que, dès qu'elle s'exprime plus qu'il n'est jugé, décrété "admissible", on la minimise, on la nie, on l'ignore, on ne la pardonne pas.

Avec le temps, j'ai appris à en faire une sorte de "marronage".

Si les Français y avaient moins réagi, peut-être en eut-il été autrement.

Oui, j'ai des ancêtres qui viennent du "Tiers-Monde", et j'en suis fière. Même si "Tiers-Monde", c'est "connoté", même si "Tiers-Monde", ça la fout mal. Pauvreté, ratages en tous genres, échec de la démocratie. Ressentiment à l'égard du passé colonial, susceptible de virer à la haine. Il ne fait pas bon faire partie des dominés, des loosers, des non-nantis, ou de se relier à eux.

Alors, je ferais mieux de "fermer ma gueule" à ce propos, vous ne trouvez pas ?

Motus et bouche cousue, retour aux cases départ de ma mère, et de ma grand-mère !

Pourtant, maintenant, il y a des voix qu'on ne peut plus bâillonner.

Elles retentissent et font mal aux oreilles de l' "Identité Nationale".

Poussé dans ses derniers retranchements, l'orgueil français en devient dangereux.

Il est hallucinant de voir combien, depuis la nuit des temps, la vie des Hommes s'organise autour et en fonction du "trou noir" de la mort.

C'est le côté "funambulique" de l'existence qui en fait l'attrait.

Si elle n'était pas "sur le fil du rasoir", serait-elle si précieuse ?

Les psys ont tout intérêt à laisser croire que tout un chacun est atteint de "névrose".

La complexité, l'aspect "multi-factoriel" que revêtent souvent les réponses aux problèmes que pose le fonctionnement humain nous déçoivent toujours quelque peu.

Comme si, pour nous, toute question ne devait amener qu'une seule réponse.

Pourquoi l'appêtit de pouvoir corromp-t-il toutes les relations humaines ?

Parce qu'automatiquement, il y a des "plus forts" qui dominent des "plus faibles" ?

Parce que notre "point de départ", notre état initial, originel est l'état d'enfant hyper faible face à l'adulte et dépendant de lui ?

Une vie, c'est toujours de l'ombre et de la lumière.

Echapper à la nature...parce que l'Homme a une perception aiguë de sa propre individualité. Les capacités cognitives de sa concience individuelle lui permettent de savoir qu'il va mourir, qu'en tant qu'individu, il reste voué à l'entropie. Si son instinct animal le pousse à copuler et à se reproduire, à maintenir des liens sociaux étroits, parfois même grégaires dans l'intérêt de l'espèce, sa conscience supérieure lui a fabriqué une "âme" qui s'accomode mal de la mortalité.

Voilà sans doute ce qui fait de lui ce que Georges Chapouthier appelle un "être anti-naturel".

Une certaine haine de la Nature est sans doute tapie au coeur de chaque représentant de l'espèce humaine.

Cela conduit au désir de la vaincre, de la dépasser, tant par l'imaginaire que par la rationalité et les aptitudes techniques.

Sans cela, comment expliquer et comprendre ce que l'Homo Sapiens est en train de faire de l'ensemble de la planète Terre ?

P.Laranco.