Sarko pense (un peu) aux Grecs et (beaucoup) à sa réélection.

Publié le 30 avril 2010 par Letombe
La Grèce a dérangé la pause touristique de 3 jours de Nicolas Sarkozy. Jeudi, le monarque a réagi à la dégringolade des bourses européennes, aux attaques contre l’euro et la Grèce. La situation était intenable. La zone euro menace de s’effondrer, après la dégradation des notes d’emprunt du Portugal et de l’Espagne, pendant que Nicolas et Carla font du tourisme en Chine. Le président français aimait à penser qu’une activité diplomatique l’épargne des querelles françaises.
Le voici à nouveau sous le feu des critiques.
Crise grecque : Sarko découvre l'Europe
Les Etats-membres de l’Union se dépêchent de finaliser un plan d’aide à la Grèce. Les discussions s’activent entre le gouvernement grec, le Fonds monétaire international (FMI) et l’Union Européenne.
Cette dernière paye son inexistence politique au prix fort L’aide envisagée frôlerait les 100 milliards d’euros sur 3 ans, afin de permettre à l’Etat grec d’honorer ses échéances de remboursement qu’elle ne peut plus satisfaire par de nouveaux emprunts sur les marchés financiers. Les Français ne sont pas beaucoup plus optimistes pour leur propre pays, à en croire un sondage BVA publié jeudi. Les euro-sceptiques, de gauche comme de droite, donnent de la voix, plaidant tantôt pour une sortie groupée de l’Euro (FN), tantôt pour des soutiens d’Etats à Etat (PCF)
« L’Elysée juge criminelle l’attitude des agences de notation »
commentait le journaliste Arnaud Leparmentier dans le Monde, jeudi 29 avril. L’Elysée juge, note, remarque, crie, mais agit peu. On se souvient des grandes déclarations et belles promesses de Nicolas Sarkozy, au plus fort de la crise boursière de l’automne 2008. On allait voir ce qu’on allait voir. Le capitalisme financier allait être révolutionné. Au printemps de l’année suivante, le même Sarkozy se félicitait d’avoir fait supprimer les paradis fiscaux. En août, il s’applaudissait d’avoir édicté des règles prudentielles fortes et décisives à l’encontre des banques. Davantage de modestie eût été bienvenue. La « planète Finance » s’est bien moquée de l’agité élyséen.
La seconde responsabilité de Nicolas Sarkozy concerne l’Europe. La politique européenne du Monarque a été d'abord brouillonne. A peine élu, il a agacé l’Allemagne en misant sur l’Union pour la Méditerranée, un concept fumeux qui coûta 16 millions d’euros pour 4 heures de sommet le 14 juillet 2008, rapidement oublié quelques mois plus tard. La présidence française de l’UE fut ensuite une occasion ratée pour l’Europe, une « partie de solo » sarkozyenne malheureusement attendue : de la crise géorgienne (août) à
la guerre à Gaza (décembre), Sarkozy a joué « perso », tirant la couverture à lui plus que nécessaire, minorant l'axe franco-allemand (pour le retrouver par la suite), au profit d'un atlantisme anachronique, à quelques semaines de l'élection d'Obama. En juillet 2008, le Monarque annonçait, sans prévenir personne chez nos voisins européens, ses 4 priorités : « défi climatique » (on a vu le résultat à Copenhague), « défense commune » (alors que la France réintégrait le commandement militaire de l’OTAN), politique agricole commune, et surtout de « maîtrise des flux migratoires ». Rien sur le renforcement des institutions, rien non plus sur la régulation de la finance. La crise des subprimes s'était pourtant déclenchée aux Etats-Unis. Mais Nicolas ne voyait toujours rien. Il a fallu la secousse économique et financière de l’automne 2008 pour qu’un rapprochement franco-allemand s’opère enfin. Mais toujours au détriment de la consolidation d’une Europe politique déjà bien fragile. Last but not least, Nicolas Sarkozy s'est bien arrangé, avec la complicité de ses voisins Brown et Merkel, pour qu'un anonyme belge soit élu président de l'Union. Il ne fera d'ombre à personne. Au total, Nicolas Sarkozy a joué les Etats contre l’Union Européenne, son narcissisme contre une belle idée.
Cette semaine,
l’Europe entière semble menacée d’un déclassement par les agences de notation. Une catastrophe pour la zone euro. François Baroin, le ministre du Budget, a expliqué que la France n'avait rien à craindre: notre pays «partage le privilège aujourd'hui avec l'Allemagne les Pays-Bas, le Luxembourg d'être les pays les mieux notés (...). Il n'y a pas de risque de voir la note de la France abaissée, on est même une signature-refuge». Sur France Info, un responsable de la Barclays confirmait : la France a suffisamment de recettes fiscales pour éviter la situation grecque. Finalement, les prélèvements obligatoires ont du bon...
Aussi incroyable que cela puisse paraître, Nicolas Sarkozy n’a toujours pas interrompu son voyage en Chine. Courtoisie oblige, on a surtout entendu, ici en France, les remerciements du Touriste Nicola « Je suis très heureux de mon séjour à Pékin et très sensible au fait que vous avez ouvert un tombeau qui n'avait jamais été ouvert jusqu'à présent »
a-t-il déclaré au président de l'Assemblée nationale populaire. Nous sommes très heureux pour lui.
Touriste en Chine,
Sarkozy est brièvement intervenu sur la crise grecque, en marge de cette rencontre, la voix basse, et toujours le même ton volontariste. « Nous ne laisserons pas la spéculation agir à son gré pour déstabiliser tel ou tel pays » a-t-il commenté. « Dans cette affaire, il ne s'agit pas seulement de la Grèce, il s'agit de l'euro, c'est-à-dire de notre monnaie commune. Nous y sommes très attachés. Cela crée des obligations et un devoir de solidarité. Nous assumerons ».
2012: une nouvelle affaire de sondages élyséens ?
Depuis 1995, Nicolas Sarkozy a appris.
On l'a soupçonné, articles et rapports à l'appui, d'avoir récupéré quelques millions pour financer la campagne de son mentor Edouard Balladur, prélevés sur une vente de 3 sous-marins français au Pakistan. Vente qui, rappelons-le, a été accélérée et décotée pour être signée quelques semaines avant la déclaration de candidature de Balladur en janvier 1995.  Pour 2012, Nicolas Sarkozy semble réfléchir à faire payer par d'autres certaines dépenses bien utiles.
Un banquier d’affaires organise ainsi de bien discrètes réunions avec des entreprises et un « conseiller technique à la présidence de la République, chargé de l'opinion ». Leur objectif : financer la création d’une société d’études et de sondages, qui réaliserait des radioscopies de l’opinion,
comme hier Opinionway, sur les sujets électoralement porteurs et les clivages de la société français. L’élection présidentielle de 2012 est en ligne de mire. D’après un « intime » du président français, l’entreprise devrait disposer d’un contrat de 5 ans avec l’UMP. Le coût avancé est de 7 millions d’euros. Le dit conseiller, Julien Vaulpré, a confirmé sa participation à l’Express, qui révèle l’affaire: « J'ai été invité à participer à des réunions pour la création d'une entreprise d'études d'opinion et de marketing. Compte tenu de mes fonctions, je m'intéresse aux innovations dans mon domaine d'activité ». Il ajoute aussi : « L'entreprise veut avoir des clients privés, éventuellement des clients politiques ».
L’apport demandé est d’un million d’euros par entreprise. L’affaire devrait faire du bruit. Primo, Nicolas Sarkozy n’a donc pas renoncé à « manipuler » l’opinion à coups de sondages occultes. Deuxio, ces dépenses, réalisées pour le seul bénéfice du président candidat évident à sa réélection, sont-elles légales du point de la réglementation électorale ? On imagine que les « concurrents » de Nicolas Sarkozy aimeraient beaucoup pouvoir bénéficier des résultats de ces sondages richement dotés. Tertio, quelle(s) contrepartie(s) ces entreprises sont elles en mesure d’attendre de la part de Nicolas Sarkozy en échange de leur contribution ?

Sarkofrance



Sarkozy et le toursime diplomatique
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