Au moment où cet article sera publié, les demi-finales de conférence auront débuté. Mais je vous propose déjà un petit retour sur les quarts de finale qui ont proposé autant de surprises dans une conférence que de logique dans l’autre. De manière étonnante, après deux matches, toutes les séries étaient à égalité 1-1.
Conférence Est. Chute à l’avant !
Washington Capitals- Montréal Canadiens 3-4 Halak c’est plus fort que toi (Alex)
Comment qualifier l’exploit du Canadien de Montréal ? Huitième équipe de la conférence Est, plus mauvaise des seize prétendantes en terme de points, la formation québécoise a dévasté les espoirs des Capitals de Washington, vainqueur du trophée du Président (récompense la meilleure équipe de la saison régulière). 23 points séparaient les deux équipes, les Capitals ont marqué 100 buts de plus et encaissé seulement 10 de plus que le Canadien.
Pourtant le ton était donné dans la série : devenu titulaire en cours de saison à la place d’un Carey Price bien décevant, Halak repoussait les tentatives des Capitals dans le match 1 où Oveckhin n’a même pas tiré une seule fois. En prolongation, les Habs l’emportent 3-2.
Dans le deuxième, le duel offensif tourne à l’avantage de la meilleure attaque. Pourtant, Montréal peut s’en vouloir d’avoir perdu 6 à 5 en prolongation après avoir mené 4-2. Les matchs 3 et 4 semblent montrer que les Capitals ont trouvé la solution : Halak est chassé après avoir encaissé trois buts en début de deuxième tiers-temps et Washington l’emporte 5-1. Price remplace Halak pour le 4ème match mais sa prestation est ordinaire et les Caps s’imposent 6-3, menant 3-1 dans la série.
L’objectif du Canadien était alors de revenir à Montréal jouer le match 6. Revenu et sans doute reposé, Halak sort le grand jeu : 37 arrêts et une victoire 2-1 pour espérer. Le match 6 de retour, Halak est plus énorme que jamais : 53 arrêts pour tenir une avance précoce de deux buts donnée par le doublé de Cammalleri. En double infériorité numérique, le Slovaque arrête, arrête et arrête, la défense bloque les tirs. Le Canadien, devant une foule en transe, égalise par cette victoire par 4 à 1.
Le match 7 disputé mercredi soir est un remake de la série. Le Canadien prend l’avantage et Halak le préserve par tous les moyens. Finalement, Montréal s’impose par 2 à 1 et élimine les Capitals que beaucoup voyaient champions (pas moi !). Et quand on voit les vidéos, la foule qui est descendue dans les rues de Montréal après le match, on a l’impression que l’équipe a gagné la Coupe Stanley alors que ce n’est que le premier tour !
Les clés de la série ont été le jeu de puissance : en saison régulière, les Capitals ont converti une chance sur 4 en supériorité. Dans cette série, cela a été une seule sur 34 ! L’autre a été la capacité du Canadien à déjouer la puissance attaque : Oveckhin était toujours dangereux mais à part Backström, les autres attaquants ont été mis en déroute. Même Mike Green le meilleur défenseur offensif de la NHL. Enfin la clé a été l’ajustement tactique de Jacques Martin. Celui-ci n’a pas hésité à prendre des décisions audacieuses : reposer Halak, appeler le défenseur Subban pour le match 6 (où il a compté une aide). Considéré comme un « looser » parce qu’il a perdu ses 4 premières séries allées en 7 matches, Martin a su redonner les cartes à son équipe qui a fait preuve d’une cohésion incroyable et d’un sens du devoir remarquable. Et avec Cammalleri (5 buts, 5 aides), l’attaque a trouvé un gros buteur malgré sa faiblesse globale. Montréal est la 8ème équipe à éliminer la tête de série numéro une au premier tour depuis l’ajout d’un tour supplémentaire. Et quelques-uns voudront penser qu’Halak (217 arrêts dans la série soit une moyenne de 36 dont 137 sur les trois derniers matches, un pourcentage d’arrêts à 94%) peut bien ressembler à Patrick Roy de 1993 dans ses exploits. Ce sera dur quand même.
Jaroslav Halak et Alex Ovechkin se serrent la main. L'hallucinante prestation du gardien du Canadien dans les trois derniers matches a peut-être brisé le rêve d'une Coupe Stanley du Russe. (AP Photo/Nick Wass)
Les autres séries.
New Jersey Devils – Philadelphie Flyers 1-4
Derniers qualifiés de la saison, au dernier jour et aux tirs aux buts, les Flyers ont surclassé une formation de New Jersey étonnamment médiocre. Philadelphie gagne le match 1 (2-1) et les Devils reprennent leurs esprits en gagnant le match 2 (5-3). Les Flyers montrent alors leur supériorité, grâce au gardien Brian Boucher, qui s’était signalé il y a quelques années en réussissant 5 blanchissages consécutifs. Les Flyers viennent à bout de Brodeur, Kovalchuk, Parise et autres 3-2, 4-1 et 3-0 pour une qualification rapide contre une formation qui s’est effondrée de manière assez étonnante.
Buffalo Sabres – Boston Bruins 2-4
On attendait une série défensive, elle l’a été mais dans des proportions normales. On attendait une série serrée, elle l’a été : quatre des six parties ont été décidées par un but, une autre de deux et une de trois.
A ce jeu, ce sont les Bruins qui ont gagné. Les Sabres ont remporté la première manche (2-1) mais l’attaque de Boston a produit efficacement ensuite (5-3, 2-1, 3-2), enfin plus que les Sabres qui ont paru quelque peu émoussés. Buffalo a relancé la série par une nette victoire (4-1) mais Boston a fait la course devant dans le match 6 et l’emporte 4-3. Une victoire méritée dans une série où les deux équipes n’ont pas forcément donné une forte impression.
Pittsburgh Penguins – Ottawa Senators 4-2
Les champions en titre sont les principaux favoris malgré leur « modeste » rang de 4ème de la conférence. Contre une équipe d’Ottawa qui retrouve les séries, les Pingouins ont été rafraichis dans le match d’ouverture (5-4). Cependant, l’expérience parle vite et l’attaque devient de plus en plus efficace : trois succès consécutifs (2-1, 4-2 et 7-4) placent les joueurs de Pennsylvanie devant. Ottawa arrache le match 5 après trois prolongations (4-3) et les Sénateurs mènent 3-0 à la mi-temps du match 6. Pittsburgh revient dans le match, force la prolongation et Pascal Dupuis marque dans la première période additionnelle pour envoyer Pittsburgh en demi-finale. Une série assez bien maitrisée mais avec quelques réserves sur la prestation irrégulière de Marc-André Fleury, et surtout de la défensive des Penguins.
Conférence Ouest. Logique, logique.
San José Sharks- Colorado Avalanche 4-2
Habitués du sabordage en règle, les Sharks ont bien failli connaître un nouveau désastre. La faute à Craig Anderson, le portier de l’Avalanche, qui a fermé la porte pendant trois matches et à une première ligne (Marleau, Heatley, Thornton) très discrète.
Craig Anderson, le gardien de l'Avalanche, met en échec Dany Heatley. Les Sharks sont passés mais la prestation de leur première ligne offensive a de quoi inquiéter en vue de la suite.
Le scénario de la catastrophe était bien écrit au départ : un gain de l’Avalanche au premier match (2-1), une réaction des Sharks (6-5 en prolongation) et une gaffe de Dan Boyle qui marque contre son camp (mais en hockey sur glace, cela n’existe pas, le but est attribué au dernier joueur adverse ayant touché le palet) en prolongation (1-0) pendant qu’Anderson arrête les 51 tirs des Sharks.
Et puis encore une prolongation et un match laborieux des Sharks. Le but marqué en prolongation du match 4 libère les Californiens qui ont trouvé la solution du mystère Anderson. Le cerbère de Denver encaisse trois buts en 7 minutes dans la période médiane et les Sharks blanchissent l’Avalanche 5-0. Enfin, contre une équipe limitée en attaque (un seul match à plus de 2 buts dans la série), les Requins ont mangé le reste du Colorado : menés 2-1 à 13 minutes de la fin, ils marquent deux buts et en ajoutent deux dans les filets désertés pour gagner une série assez dure moralement. Le déclic avant le choc ?
Chicago Blackhawks – Nashville Predators 4-2
Gros favoris à l’Ouest, les ‘Hawks’ se sont mis en difficulté contre une équipe pas très puissante mais solide. Chicago perd les matches 1 et 3 sur le score de 4-1, gagne le match 2 (2-0). Puis le duo Kane-Toews se réveille et contribue aux derniers succès de leur équipe : un blanchissage (3-0), une victoire en prolongation (5-4) où les Predators pourront se mordre les doigts et une conclusion 5-3 après une première période folle (4-3) et un dernier but dans les cages vides. Chicago passe relativement sereinement.
Vancouver Canucks – Los Angeles Kings 4-2
On attend toujours beaucoup des Canucks et de Roberto Luongo. Mais les Kings se sont bien battus, allant jusqu’au bout de leur énergie. Le jeune gardien angelino Jonathan Quick a subi l’épreuve du feu et cela a été dur pour lui. Les deux premiers matchs se sont décidé en prolongation (3-2 de part et d’autre). Les Kings remportent la partie 3 (5-3) mais Luongo serre un peu le jeu et l’attaque des Canucks se réveille brutalement, enlevant les parties 4 et 5 (4-2 et 7-2). Dans le match 6, les Kings mènent deux fois au score mais la dernière période est largement favorable aux Canucks, grâce à Luongo qui a maintenu Vancouver dans le match pendant deux tiers temps ; trois buts inscrits et Vancouver passe au terme d’une bonne série.
Phoenix Coyotes – Detroit Red Wings 3-4
C’était la seule série où le moins bien classé était désigné comme le favori logique. Les joueurs du désert ont montré beaucoup d’envie, de courage et d’abnégation pendant que ceux de Detroit étaient plus inconstants mais plus brillants aussi. La paire Datsyuk-Zetterberg a fait pencher la balance en faveur des Wings dans cette série.
Phoenix remporte la première manche 3-2 et Detroit frappe un coup en s’imposant 7-4 dans la seconde. Les Coyotes reprennent l’avance (4-2) mais par deux fois les Wings dominent nettement leur adversaire (4-1 et 3-0). Jamie Howard semble bien installé dans les cages de Detroit. Les Coyotes font preuve de beaucoup d’envie et gagne à Detroit le match 6 (5-2). Malheureusement, ils s’effondrent totalement dans le match décisif (6-1). Menés 3-1 en fin de deuxième tiers, ils n’exploitent pas une double supériorité numérique et encaissent un quatrième but à cinq secondes de la fin de la période. Le match est plié. Dommage pour l’équipe surprise de la saison qui a été rachetée par Jerry Reinsdorf, le patron des Bulls de Chicago et des White Sox (de Chicago aussi).
Présentation des demi-finales de conférence.
Autant les affiches à l’Ouest étaient attendues, autant celles à l’Est ne le sont pas. Je précise qu’à chaque tour on redistribue les numéros de série en fonction du classement initial (et non pas un arbre fixe comme en NBA). Ainsi Pittsburgh devient numéro un à l’Est et Boston numéro 2 (pour un numéro 6 au départ).
Voici les affiches.
San José Sharks-Detroit Red Wings
Un sommet des séries. Les Sharks semblent plus armés que jamais mais l’expérience des Red Wings de Detroit et leur capacité à gagner reste supérieure. Si au poste de gardien de but, Nabokov paraît supérieur à Howard, on pourra s’interroger sur l’efficacité de la première ligne des Sharks (Marleau-Thornton-Heatley). Pas de succès pour les Sharks sans elle. Detroit est favori sur cette série (en 6 matches) comme il y a trois ans.
NB. Dans la nuit de jeudi, les Sharks ont gagné le premier match par 4 à 3.
Chicago Blackhawks-Vancouver Canucks.
Une série très intéressante où les Hawks seront favoris. Les Canadiens devront compter sur un Roberto Luongo olympique pour s’en sortir alors que Chicago devra espérer un meilleur rendement de sa première ligne et un peu plus de constance. Chicago devrait s’en sortir en 6 matches.
Pittsburgh Penguins – Montréal Canadiens
Le Canadien est-il capable de renouveler l’exploit ? Sincèrement non. La bande à Crosby me paraît un ton au-dessus et je pense que les Habs auront bien du mal à digérer leur victoire contre Washington : beaucoup d’énergie, beaucoup d’influx, la décompression après un succès historique risquent de pénaliser une équipe moins talentueuse et dense. Halak pourra-t-il déjouer sans arrêt le duo Crosby-Malkin (bien qu’en retrait cette année) ? Je ne crois pas que cela sera suffisant. Je pense que Pittsburgh peut gagner en 5 voire même en 4 parties.
Boston Bruins- Philadelphie Flyers
Une série totalement inattendue. Si les Bruins ont confirmé une certaine solidité en séries, les Flyers ont élevé leur niveau de jeu. Les sorties de Brian Boucher vont faire la différence dans cette série. S’il confirme sa forme de la semaine précédente, alors les Flyers iront en finale de conférence. Un petit bémol : les Flyers auront eu une semaine complète de repos contre 4 jours aux Bruins. Cela peut jouer sur le premier match par le manque de rythme. Mais les Flyers ont pas mal ramé sur la fin et leur élan s’est peut-être brisé. Une série intéressante, surtout si Boston progresse en attaque. Pronostic : Philadelphie en 6.