Malgré la situation de crise et les importantissimes préoccupations communautaires qui ne cessent de phagocyter la classe politique belge, les députés viennent d’adopter à l’unanimité (moins deux abstentions) la proposition de loi visant à interdire le port du niqab et de la burqa dans l’espace public.
Fait très rare en Belgique : un vote à l’unanimité. Sans chichis, sans chipotages ni polémiques nord-sud ou gauche-droite nonobstant le clientélisme acharné des partis de la gauche francophone dans la communauté musulmane. Voici en tout cas un bel exemple de bon sens, une qualité trop souvent oubliée du bon peuple belge.
Il faut toutefois relativiser la portée immédiate de ce vote à la Chambre. Compte tenu de la situation politique (gouvernement démissionnaire et dissolution imminente des Chambres), cette future loi est encore très loin de sa mise en application car elle doit franchir le cap du Sénat et les fourches caudines du Conseil d’Etat et peut-être même de la Cour Constitutionnelle pour éviter tout couac juridique. On n’est donc pas encore sorti de l’auberge car ce parcours de combattant ne pourra plus s’achever sous l’actuelle législature.
C’est donc, au stade actuel, un geste plutôt symbolique, mais un geste fort, pour annoncer la couleur aux radicaux islamistes et communautaristes. Officiellement, il s’agit d’assurer la sécurité publique et la dignité de la femme dans notre société occidentale. La Belgique est ainsi – et ce n’est pas rien - le premier pays occidental à tenter d’interdire le port en public de cet attribut vestimentaire dégradant et surréaliste. Cette proposition de loi généralise et étend en fait des mesures de sécurité déjà en vigueur dans certaines villes du pays tout en lui conférant une connotation d’ordre moral.
Amnesty International a immédiatement condamné ce vote (faut-il s’en étonner ?) qui constituerait, selon elle, un dangereux précédent car cette loi sera une entrave à la liberté d’expression et de religion.
Il est à espérer que l’initiative belge aidera la France à se libérer des polémiques qui noient le poisson dans son bocal.