L’agence de notation Standard and Poor’s a successivement dégradé la dette de la Grèce, du Portugal puis celle de l’Espagne. Les trois prochains pays dans l’oeil du cyclone financier sont l’Italie, le Royaume-Uni et l’Irlande. Puis c’est … la France.
Il serait d’ailleurs assez comique de voir notre pays prêter à la Grèce de l’argent qu’il n’a pas, au moment même où il inspirerait lui-même des inquiétudes aux opérateurs financiers…
En quelques semaines, on est passé d’une vague inquiétude sur la capacité des États à réduire leur endettement, à une situation où ce nécessaire redressement prend un caractère urgent et massif. Et l’impossibilité politique et pratique de le faire est pathétique…
Le plan adopté par les autorités grecques préfigure ce que tous les pays endettés vont devoir faire : réduire les dépenses publiques, en commençant par le blocage des salaires des fonctionnaires, et, sans doute, faute d’aller assez loin et assez vite dans cette direction, augmenter les impôts. En France, ce seront ceux qui rapportent gros et rapidement, comme la TVA ou la CGS…
Quand on vit trop longtemps à crédit, une cure de déflation s’impose toujours. Que cela plaise ou non.
Loin d’avoir été utiles, au-delà de 18 mois, les plans de relance n’auront été que de coûteuses illusions. L’augmentation des dettes publiques ne peut en aucun cas relancer durablement une économie. D’autant que ces dettes – chacun le sait – n’ont fait qu’alimenter le tonneau des Danaïdes de la sphère publique et de l’État-Providence.
La question qui se pose alors est de savoir si cet État-Providence peut survivre à la cure d’austérité qui s’annonce et qu’il ne peut plus éviter. Peut-il durer, si la route de l’inflation lui est coupée avec l’euro, et si celle du déficit lui est également fermée avec les exigences, d’ailleurs réalistes, des prêteurs de capitaux sur les marchés financiers ?
Comme l’activité économique, sur laquelle viennent se fixer les pompes suceuses de l’État-Providence, est, par définition, variable, et évidemment fragilisée par ces prélèvements toujours plus lourds, pour que l’État-Providence puisse équilibrer ses comptes, il faudrait que ses bénéficiaires acceptent que leurs prestations puissent être révisées à la baisse.
Exemple de l’assurance-vieillesse par répartition. Une diminution relative du nombre des actifs devrait normalement entraîner une diminution automatique des pensions. Tête des retraités…
A partir du moment où l’État-Providence fonctionne avec des cliquets rigides empêchant la baisse des prestations, il est voué aux déficits ou à l’augmentation indéfinie des prélèvements. Et comme cela n’est pas tenable durablement, l’État-Providence ne peut que s’écrouler et disparaître.
Mais impossible de dire dans quel délai.
En tout cas, les lézardes de cet édifice – futur vestige historique – n’ont jamais été aussi béantes…