Aux abords d’une ville, une famille de Gitans occupe un terrain vague « ils étaient des Gitans français qui n’avaient pas quitté le sol de ce pays depuis quatre cent ans. Mais ils ne possédaient pas les papiers qui d’ordinaire disent que l’on existe : un carnet de voyage signalait leur vie nomade ». Une famille où la matriarche Angéline est respectée par ces cinq fils et ses quatre belles filles. Ils vivent dans des caravanes sans eau potable. Les enfants ne vont pas à l’école et ne savent ni lire ni écrire. Ester, une bibliothécaire, va venir à leur rencontre. Il faudra des mois pour qu’elle, la gadjé, ait la permission de lire des histoires aux enfants. Chaque mercredi, elle viendra avec ses livres. Peu à peu, elle va apprendre à mieux les connaître, à les comprendre mais sans jamais les juger.
Il existe des lectures qui vous transportent, qui vous éclairent et qui vous touchent par l’écriture. Incontestablement, « Grâce et dénuement » en fait partie…C’est d’abord une très belle rencontre où les livres permettent de créer des ponts entre deux mondes opposés. On découvre la vie des gitans. Eux qui suscitent la peur, la méfiance partout où ils s’installent. Ils ont leur fierté, ils vivent avec ce qu’ils ont mais sans jamais demander la pitié. A côté de cela, ils ont en eux une richesse incroyable : leurs origines, leur famille soudée et l’amour. Tout y est dit avec les mots justes sans larmoiement mais avec beaucoup de respect.
Quand Esther vient leur lire des histoires, on ressent toute la joie et l’émerveillement des enfants. Des moments de bonheur qui deviennent indispensables et privilégiés pour eux et pour elle. L’écriture d’Alice Ferney est très belle, de cette grâce qui émeut. Dès les premières lignes, le style épué m’a plongé dans un état où seule la lecture de ce livre comptait. Enfermée dans ma bulle, j’ai fait une merveille rencontre moi aussi…
Un gros coup de cœur, une belle leçon de vie...un livre à lire pour toutes ces raisons. Et, je pense qu’il est impossible d’être insensible à l’écriture d’Alice Ferney.
« Quand ils avaient les livres pour eux seuls, ils ne les lisaient pas. Ils s’asseyaient, les tenaient sur leurs genoux, regardaient les images en tournant les pages délicatement. Ils touchaient. Palper doit être le geste quand on possède, car c’était ce qu’ils faisaient, palper, soupeser, retourner l’objet dans tous les sens. »
C’était une lecture commune avec aBeiLLe et Liliba.
Je fais d’une pierre deux coups car je devais églement le lire dans le cadre du challenge organisé par Théoma.