Comme souvent dans les sujets de société qui touchent aux mœurs, aux valeurs, bref à la morale, le buzz s'emballe, la polémique enfle. On hurle à la " stigmatisation " , à l'enfumage. Et ceux-la même qui nous servent le discours classique " pendant ce temps on ne parle pas de... " entretiennent la polémique en en parlant. Curieux paradoxe. Mais toutes les polémiques n'ont pas droit à leurs attaques. Ceux qui s'élèvent contre la " polémique burqa-niqab " n'ont rien dit sur la polémique " prêtres pédophiles ". Il ne me semble pas avoir vu passer un twit du style " pendant qu'on nous enfume avec les prêtres pédophiles on ne parle pas des chiffres du chômage ". Chaque buzz a ses détracteurs. Le volcan islandais a eu les siens.
La gauche a du mal avec certains sujets de société - au point d'en devenir confuse - sans doute parce qu'elle considère qu'en traitant les problèmes économiques, les autres problèmes se résoudront ensuite en cascade. C'est sans doute vrai pour ce qui relève de la misère sociale, mais pas pour ce qui relève du fanatisme idéologique ou religieux.
L'ennui avec les polémiques, c'est qu'on finit par perdre de vue le sujet de départ. Pour le voile intégral on commence à avoir une vision claire du sujet que je résumerais en quelques points à la façon de Sarkofrance :
1/ Le voile intégral n'est pas un " simple bout de tissu ", une mode vestimentaire, c'est le signe d'appartenance à un islam radical, obscurantiste et totalitaire, qui se développe dans les pays musulmans mais aussi en Occident ou en Afrique. C'est aussi un outil de provocation et de propagande.
2/ Le voile intégral est un masque du visage et un marquage de la femme, qui n'est pas conforme à nos moeurs et à nos valeurs que d'autres dans le monde partagent.
3/ On doit pouvoir interdire facilement tout vêtement cachant le visage pour des questions de sécurité publique comme en Belgique. En passant pourquoi pas par une loi. Celle de 2004 sur les signes religieux à l'école a réglé le problème du voile à l'école. Tardivement... à cause justement d'un avis ambigu du Conseil d'Etat en 1989, avis qui avait rendu la situation inextricable sur le terrain.
Jusqu'à présent il n'avait pas été nécessaire de poser ce genre d'interdit, mais comme dit le juge Jean-Pierre Rosenczveig (et oui, il n'y a pas que maître Eolas...) :
" Toute société est en droit, et aucune ne s'en prive, de poser des interdits et de veiller à leur respect. [...] quoique le corps humain soit a priori plutôt agréable à observer, il est interdit de l'exhiber totalement dans l'espace public au risque d'être sanctionné pénalement pour attentat à la pudeur. Cette règle est intégrée et respectée.
[...] Notre société condamne l'exhibition totale du corps humain sur la voie publique, spécialement du sexe, et a fortiori les relations sexuelles en public, mais en revanche il tient implicitement pour essentiel de pouvoir dévisager les personnes. Le développement du port du voile intégral nous contraint à passer de l'implicite à l'explicite. "
Quant à l'argument d'une loi inapplicable ou inefficace, je ne le comprends pas. Que veut-on dire par là ? Que la loi ne luttera pas contre cette idéologie ? Bien sûr, puisqu'il ne s'agit pas d'éradiquer une idéologie - ce qui relève du combat d'idées - mais de marquer une limite. Que la loi ne fera pas complètement disparaître ce voile ? Sans doute, mais pas plus que l'interdiction du vol pour les cambriolages...
Par contre, l'avantage de cette interdiction c'est que les contrevenantes ne pourront pas saisir la Halde ou organiser une conférence de presse pour crier à la discrimination... et pousser ainsi le bouchon de plus en plus loin. En fait l'intérêt d'une interdiction c'est d'inverser le problème. Pour les femmes et les filles qui y sont contraintes cela pourra être considérée comme une maltraitance.
Que la polémique soit passée au mari - qui a fait aussi une conférences de presse - et que le ministre de l'Intérieur fasse de l'instrumentalisation, ne change pas le fond du problème.
Sauf à vouloir instrumentaliser l'instrumentalisation...
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 01 mai à 15:19
Sur les trois points que vous avez soulevés, seul le troisième peut servir comme base pour une loi...les deux premiers étant purement subjectifs quand bien même ils seraient partagés par 90% des gens sur terre, il ne faut pas oublier que le conseil d'état s'appuie sur la constitution de la république pour rendre son avis, à l'évidence cette constitution semble jeter aux oubliettes quand il s'agit d'interdire aux musulmans et musulmanes de vivre leur religion. La dignité de la femme est plus menacé par le porno que par le niqab, mais votre cerveau est surement noyé dans une soupe d'hormones sexuelles qui vous empêchent de voir les choses de manière claire.