Adoptant une tournure moins introspective et personnelle que les deux précédents, ce quatrième épisode renoue avec une thématique chère à la franchise de Life on Mars : les dynamiques internes aux forces de police. Entre officiers corrompus, agents infiltrés et police des polices pressante, l'équipe de Gene Hunt expose les faux-semblants dans une intrigue assez dense et plutôt prenante.
L'intrigue du jour va être déclenchée par une policière infiltrée, qui va de voir assigner une double fonction narrative : elle permet à Chris de poursuivre son processus d'émancipation, tout en offrant un parallèle métaphorique troublant au personnage d'Alex.
Tout débute lors d'une interpellation de trafiquants de drogue. Gene tombe alors sur une jeune femme, présente avec les délinquants, mais qu'il laisse partir peu subtilement car il s'agit d'un officier de police. Une mission d'infiltration dans son district, sans qu'il en soit informé, voilà une façon des plus efficaces d'attirer l'attention de Gene Hunt. La cible de cette opération se révèle être une famille de trafiquants notoires. Insatisfait de la gestion qui en est actuellement faite, Gene s'approprie l'enquête en l'état. Pas déplaisante à suivre, l'intrigue policière se révèle cependant encore une fois des plus prévisibles : au milieu d'une concurrence inter-familiale dangereuse, des policiers corrompus troublent un peu plus les lignes, complexifiant les enjeux. Plus que le fait de parvenir à mettre hors d'état de nuire les criminels, l'épisode se concentre sur le sort de la policière infiltrée.
Oubliée par sa hiérarchie qui lui fournit une assistance minimale insuffisante, elle s'est retrouvée livrée à elle-même dans un milieu dangereux, où le moindre faux-pas pouvait se révéler fatal. Au bout du rouleau, l'arrivée de l'équipe de Gene dans son enquête accroît les turbulences de son quotidien mouvementé. Agressée par son patron, sans repère, elle se tourne vers la nouvelle équipe en charge avec l'espoir apparent qu'ils réussissent à la faire sortir de là et mettent fin à ses obligations. Dans cette optique, elle joue sur plusieurs registres, mettant notamment en scène une figure de demoiselle en détresse des plus convaincante qui lui permet d'attirer l'attention de Chris avec lequel elle noue rapidement des liens. Le jeune policier, toujours serviable, semble avoir une certaine forme de fascination pour ce que symbolise sa collègue. Mais dans cette policière forte, femme d'action à ses heures, c'est en réalité l'image de Shaz qui se superpose et que Chris poursuit. Car l'ancien couple continue une relation qui se cantonne à une amitié platonique, mais qui ne paraît satisfaire aucun des deux. Le téléspectateur a plutôt l'impression qu'une force irrésistible les pousse l'un vers l'autre. J'espère que la fin de la saison nous offrira une conclusion autre que ce jeu du chat et de la souris.
Reste que pour le moment, la policière infiltrée réveille en Chris son côté le plus sombre. Exploitant son sentiment de frustration, conséquence de son impuissance à pouvoir protéger les femmes chères à son coeur, elle le conduit à tabasser un des pontes de la bande qu'ils traquent, alors que ce dernier est enfermé dans une cellule au commissariat. Gene étant forcé d'ordonner l'appel d'une ambulance, la police des polices met logiquement la main sur l'affaire, Keats s'immisçant, avec son air supérieur, dans cette gestion humaine catastrophique, semblant prêt à sacrifier Chris et sa carrière, tel un simple pion, pour atteindre et déstabiliser Gene. L'action de Keats ne se limite d'ailleurs pas, au cours de l'épisode, à cette seule intéraction. Outre errer dans les couloirs du poste de police, prompt à sermonner l'équipe dès que quelque chose tourne mal, il donne l'impression d'être de plus en plus omniprésent pour délivrer ses vérités sur la situation présente, mais aussi entretenir des rapports, plutôt cordiaux, avec tous les membres de l'équipe, sauf, évidemment, Gene qui demeure une proie.
L'autre parallèle symbolique permit par la policière infiltrée est celui que le téléspectateur dresse instinctivement entre cette situation compliquée d'infiltrée et ce à quoi Alex doit faire face. L'immersion brutale dans un univers aux valeurs entièrement différentes, sans repère... De la police au plongeon sans filet dans le milieu des criminels, du présent jusqu'aux années 80s. Les choix qui s'offrent à elles ne sont finalement pas si différents ; et il est aisé de comprendre pourquoi Alex parait également se prendre d'affection pour la jeune femme. Sans soutien, découverte, cette dernière va finalement passer de l'autre côté de la barrière, et embrasser cette nouvelle vie pour survivre, tombant sous le charme du patriarche, l'ancien chef des trafiquants. Est-ce si différent d'Alex ? Son rapport avec les années 80 se fait chaque jour plus intense et plus concret. Elle a intégré toutes les données de cet univers pour s'y fondre. Elle demeure fascinée par son supérieur, tout en s'en méfiant. Les ressemblances ne sont pas seulement métaphoriques. Keats ne s'y trompe d'ailleurs pas. S'intéressant particulièrement à la policière infiltrée, il lui délivrera un discours, rempli d'ambiguïtés, sur l'ajustement difficile exigé dans ces situations où on se retrouve projeté dans ce qui semble un autre monde... Il est par moment difficile de savoir si c'est bien à son interlocutrice officielle, et non à Alex, qu'il s'adresse, tant ses propos conviendraient aux deux.
Sur un plan mythologique, la série continue d'initier de nouvelles questions plus qu'elle ne s'essaye à des esquisses de réponses. Le téléspectateur s'accroche à ces maigres indices et se console en songeant que la fin approchant, les mystères finiront par s'éclaircir. En attendant, Ashes to Ashes prend un plaisir certain à nourrir nos doutes et à jouer avec notre rationnalité.
Sam Tyler. Gene. Tout tourne en rond, avec comme accélérateur constant le DCI Keats : ses interventions suivent pourtant un schéma dont on ne perçoit pas encore réellement le but. Il demeure omniprésent, s'immisçant dans le fonctionnement de l'équipe, en devenant un rouage familier malgré l'hostilité toujours affichée par Gene. Keats demeure un élément central, devenu en quelques épisodes un point de passage presque obligatoire pour les différents membres qui n'hésitent plus à venir lui confier leurs derniers états d'âme. La collaboration bureaucratique qu'il a installée avec Chris commence d'ailleurs à porter ses fruits. Le sauvetage de carrière qu'il lui apporte, comme une faveur, en fin d'épisode n'est que le parachèvement d'un travail de sape qui se poursuit depuis plusieurs épisodes. Les fruits que Keats en récoltent en sont pourtant hautement symboliques : ce titre de "Guv" qui échappe des lèvres de Chris, qualité intrensèquement associée à Gene, apparaît presque comme un signe annonciateur d'un coup d'Etat à venir. D'ailleurs, tout cela conduit le téléspectateur à s'interroger: quelles sont les véritables intentions de Keats ? Cherche-t-il à priver Gene de l'appui de son équipe, simplement à l'isoler, ou entend-il se substituer à lui en exerçant sa propre influence sur ses hommes ? Veut-il le remplacer ou bien seulement le faire tomber ?
La mise en scène excessive de cette part de mystère entourant ce nouveau personnage nourrit les doutes du téléspectateur. Signe de la progression de son immixtion dans l'équipe, Alex en vient même à se confier indirectement à lui au détour d'un café. Sans essayer de lui présenter la complexité de son univers, elle lui parle cependant à mots couverts de certaines de ses préoccupations, notamment de ce cadavre de policier qui la hante. En d'autres temps, c'est auprès de Gene qu'elle aurait cherché un réconfort ; mais, actuellement, son supérieur occupe plus la case "suspect" que celle du confident.
Bilan : L'épisode propose une histoire intéressante, chargée de parallèles symboliques sur l'infiltration et l'immersion dans de nouveaux univers, à la portée métaphorique mythologique qui n'est pas négligeable. Keats poursuit son insatiable travail pour étendre son influence au sein de l'équipe, Chris et Alex étant ses deux cibles privilégiées au cours de cet épisode. Mais, pour le moment, l'enjeu derrière tout cela demeure flou ; les mystères s'épaississent sans pour autant proposer la moindre réponse. Reste une histoire prévisible, mais plutôt prenante et agréable à suivre.
NOTE: 7,5/10