Desdémone à Monsieur Joël BATTEUX Président de la Carène Communauté d’Agglomération de laRégion Nazairienne et de l’Estuaire BP 305 44605 ST-NAZAIRE Cédex Le 28 avril 2010 Objet : réponse à la rubrique « Vos déchets »
Journal de la Carène, avril 2010
(voir en annexe)
Monsieur Batteux,
A mon arrivée à St-Nazaire, il y a environ 7 ans, j’ai apposé sur ma boîte aux lettres un « stop-pub », tel que vous le préconisez dans votre Journal de la Carène, rubrique : vos déchets. Et je me suis aperçue que je ne recevais pas ce Journal ni celui des infos de St-Nazaire, tous deux distribués –sous emballage plastique, un comble – avec la fameuse pub qu’il convient de refuser et qui rend les sacs jaunes si lourds. Cela n’est-il pas contradictoire avec votre politique « écologique » ?
En tant que citoyenne éco-responsable :
- je bois l’eau du robinet. J’ai reçu récemment la facture de la Carène d’un montant de 56 euros, somme que je ne suis pas en mesure de payer dans l’immédiat. J’ai fait une demande d’aide FSL auprès du CCAS, mais cela demande un délai d’une durée indéterminée,
- je fais du compost avec les épluchures de fruits et légumes et mes « restes de repas », quand il y en a,
- je me sers des sacs réutilisables pour faire mes « courses » au Secours populaire ou aux Restos du cœur,
- je ne fais guère d’impressions papier, sauf que le fait d’être « bénéficiaire » du RMI puis du RSA exige une grande production de photocopies de nombreux documents administratifs. Car je n’ai pas les moyens de me payer l’accès à Internet qui est d’ailleurs générateur de pollution autant, sinon plus, que l’usage du papier (voir document ci-joint, cf. La Décroissance n° 58 – Avril 2009). Pourquoi ne pas mettre en service des bornes internet gratuites à l’usage des plus démunis dans les services publics (je crois que cela existe à la Sécu) ?
- je me déplace toujours à pied, moyen de transport plus respectueux de l’environnement et moins cher que les transports en commun ou le co-voiturage. Parfois je prends les bus Lila grâce à la carte gratuite du Conseil général (en voilà une idée qui est bonne !).
Je me suis établie en centre ville, dans un petit immeuble tranquille où je me plais beaucoup malgré le loyer assez conséquent sur mon maigre budget. Mais tout se paye, n’est-ce pas ? Et le propriétaire de l’immeuble ne fait pas partie de ces gens avides qui augmentent le loyer chaque année, ceci compense cela. J’espérais pouvoir profiter bientôt de la nouvelle salle de spectacles qui devait remplacer la salle Gérard Philippe de l’ex-Maison des Associations et celle du Fanal, vraiment désuète. Mais pour l’instant, de nombreux spectacles me sont inaccessibles car ils ont lieu à St-Marc ou à Pornichet et malheureusement aux heures tardives il n’y a guère de transports en commun pour y aller et en revenir, et je ne me sens pas le courage de le faire à pied. Par la même occasion, j’ai appris que j’habitais un « quartier à risque » du fait de la présence d’une industrie agro-alimentaire (Cargill), ce dont personne ne m’avait informée.
N’ayant plus guère d’espoir raisonnable de trouver une activité salariée adaptée à mon âge et à mes capacités – une récente entrevue (volontaire car obligatoire) avec une employée de l’Unité Emploi m’a confirmée dans cette prise de conscience – je n’ai plus d’autre recours que la fréquentation du CCAS et j’attends, la tête dans les épaules et le dos rond (rompu par les travaux) d’atteindre, si possible !, l’âge de 65 ans pour toucher le minimum-vieillesse. Mais la retraite, c’est un peu comme les mirages : plus on s’en approche, plus elle s’éloigne ! A part quelques privilégiés qui bénéficient d’une retraite dorée à un âge encore tendre.
J’essaie de mettre un peu de couleur dans ma vie en réalisant des tableaux que je n’essaie même plus de vendre étant donné que nos foir’fouilles et compagnie regorgent d’objets décoratifs – made in China ou ailleurs – à des prix défiant toute concurrence. Je me contente de les montrer et, à l’occasion, de les offrir à des amis en échange de services rendus ou juste pour le plaisir.
Je suis une adepte de la dé-croissance (un peu contrainte et forcée mais convaincue) et du partage et bien que n’ayant pas grand-chose, je trouve quand même encore quelque chose à donner : de la nourriture quand ce que je reçois des associations dépasse un peu mes besoins personnels, des services comme la lessive ( ma facture d’eau va sûrement augmenter) et le repassage pour amis célibataires, du temps pour parler et refaire le monde ( !), un sourire ou une parole de réconfort pour celui qui n’en peut plus, même si au fond j’ai plutôt envie de pleurer plus souvent qu’à mon tour.
Pardonnez mon laisser-aller, Monsieur Batteux, vous avez bien des choses plus importantes à faire qu’à lire les jérémiades d’une personne incapable de pratiquer la « pensée positive »… Mais les poubelles ne sont pas faites pour les chiens et c’est là que ma lettre finira sans doute, attention tout de même de faire le bon tri.
Sans rancune et « bonne retraite », cher con-citoyen !
Annexe :
Le Journal de la Carène, avril 2010 : Vos déchets Le tri sélectif est un geste adopté et bien appliqué par l’ensemble des habitants de la CARENE. Avant même cette étape, comment faire pour générer le moins de déchets possible ? Coller un « stop-pub » sur votre boîte aux lettres, boire l’eau du robinet plutôt qu’en bouteille, faire du compost avec vos restes de repas, privilégier des sacs réutilisables plutôt que jetables pour faire les courses, limiter les impressions papier… sont autant de gestes simples qui contribuent à moins nourrir la poubelle !