Les aromes de notre bordeaux

Publié le 29 avril 2010 par Badiejf
J’ai toujours dit que je n’avais qu’un seul défaut, celui d’avoir la certitude de ne pas en avoir… Parmi les choses qui m’énervent chez moi, mais surtout chez les autres, c’est cette capacité d’avoir le jugement expéditif. On ne vient bien évidement pas s’installer en Ayiti sans penser qu’on devra mettre ce défaut sur la touche pour quelques années. L’effort est simple, quand on voit la vitesse à laquelle les choses se passent ici, on comprend que même les jugements ne pourront jamais être expéditifs. Depuis quelques semaines, on entend beaucoup de commentaires très acides, d’ayisien sur les ayisien. Lâches, indisciplinés, voleurs, profiteurs, sangsues, … Même le premier ministre, poliment toutefois, s’est inquiété que sa population devienne ‘dépendante’ de l’aide et ne cherche pas à faire les efforts pour s’en sortir. Parmi les jugements les plus expéditifs, il y a ces gens qui se prononcent contre les camps. Simple comme ça. L’argument est en fait que les gens s’agglutinent dans les camps pour y rester parce qu’ils sont mieux que dans leur ancienne vie. On leur apporte de l’eau, de la nourriture et des services, petits plaisirs auxquels ils n’avaient pas accès avant bagay la. Il faudrait donc simplement fermer ces camps et les gens reprendraient une vie normale. C’est vrai que bien assis dans un resto à 150$ US pour deux, les effluves qui s’échappent des latrines viendraient moins interférer avec les aromes de notre bordeaux.