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Dernier jourDépart de Blois à 9 heures. Ciel couvert, temps...

Publié le 29 avril 2010 par Fabrice @poirpom
Dernier jourDépart de Blois à 9 heures. Ciel couvert, temps...

Dernier jour
Départ de Blois à 9 heures. Ciel couvert, temps lourd. Campagne plate et paisible au sortir de la ville.
La Beauce, de nouveaux horizons.
Minimum. Aplats de couleur des différentes cultures, arrosoirs géants sur roulettes de cent mètres de long, silos de coopérative, lignes à haute tension, vibration visuelle d’un bosquet au loin, éoliennes… La Beauce, à perte de vue. Tout est là-bas. Loin. De près, tout est grand.
Sur la route, beaucoup de moissonneuses-batteuses XXL pliées en douze pour tenir sur les départementales étroites et rectilignes pour la plupart. Les rares courbes sont grandes, lisibles, élégantes.
Quinze bornes sur la N10 entre Chateaudun et Bonneval. Quinze bornes de Nationale deux fois une voie, entrecoupée de rond-points, saturée de poids lourds. Erreur de parcours. Quinze bornes de régime moteur soutenu et reprises hurlantes pour réduire les camions à des points de suspension dans les rétros.
Pause syndicale de 10h30 avec B0-04. Une des éoliennes plantées à la sortie de Bonneval. De près, la première surprise vient du bruit. Présent sans être assourdissant. Sorte de souffle mécanique, régulier, presque rauque. Je suis ton père. Ensuite surprend l’ombre du molosse sur les champs alentour. À son pied, on n’en voit pas le bout. Enfin, motard et monture face à un animal pareil ont des allures de Don Quichotte. Des envies  de combat chatouillent. Au corps à corps. Brutal et sanglant.
Haute tension
Danger de mort
Ok, ok, ok. Pissou dans le champ et fin de la pause syndicale.
Retour sur les routes de Beauce qui apaise ceux qui la traversent. Chevaliers hallucinés ou autres.
Bienvenue à Étampes. Moche, grise, triste, cabossée. Merci et à bientôt. ÉTAMPES.
Pause déjeuner, dans un champ, entre La Ferté Alais et Arpajon. Sieste de rigueur: méditation dirigée par les ronflements avant le dernier tronçon du voyage.
Lente remontée de la N20 avant l’A6b vers la Porte d’Italie. Périphérique Fluide jusqu’à la Porte de Bercy. Et les premiers ralentissements se font sentir. Feux de détresse, reprise, contrôle, coup de guidon. Remontée de file. Porte de Bagnolet. Sortie de l’anneau infernal. Zig-zags. Évitements de piétons bavards, Vélib’ flâneurs, poussettes inconscientes et camionnettes de déchargement aveuglantes. Clignotant, trottoir, stationnement. Clé de contact. Coup d’oeil au compteur avant l’arrêt du moteur.
Trip partiel cumulé (et final): 2896,2 km.
Moteur coupé. Délestage de la monture. Antivol entre les bâtons de la jante arrière pourrie la terre, la graisse de chaîne et la poussière de plaquette de frein. Redressement dans un soupir. Et il y a cette vieille dame. La peau du visage fripée comme la coque d’une noix et dorée par les longues heures de marche quotidienne sous le soleil. Sourire malicieux.
À quoi reconnaît-on un motard heureux?
Le silence de l’ignorant résonne.
Aux moucherons collés sur ses dents.
Le bienheureux sourit. Mais serre les lèvres. Par décence.


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