Bertrand Delanoë a visiblement un problème avec les inaugurations de rue, place ou autre esplanade à Paris.
On savait déjà que l’ancien petit chanteur à la Croix de Bois, reconverti en «socialiste libéral», avait un faible pour le Vatican et qu’il n’aimait pas spécialement la révolution française de 1789.
Aujourd’hui, l’inauguration d’une "Esplanade Ben Gourion" à Paris,en compagnie du président israélien Shimon Peres, est à nouveau un choix très discutable…
En 2006, un des lieux les plus prestigieux de Paris, le parvis de Notre-Dame, au cœur de l’île de la cité, changeait de nom et devenait " Parvis Notre-Dame - Place Jean Paul II ". En décidant d'honorer l'ancien pape, Karol Wojtyla, Bertrand Delanoë faisait un choix arbitraire, soutenu par une majorité inhabituelle d'élus municipaux parisiens : socialistes et UMP réunis auxquels s’étaient joints quelques UDF de l’époque.
Il dérogeait ainsi à une règle établie : attendre au moins 5 ans entre le décès d’un personnage illustre et le fait de donner son nom à une rue ou une place parisienne. Tous les autres partis de la majorité municipale de gauche (Verts, PCF, MRC, PRG) avaient voté contre cette décision.
La même alliance UMP-PS a refait surface peu de temps après à propos d’une proposition faite par Georges Sarre et Michel Charzat avec le soutien des groupes MRC, PC, PG ainsi que quelques élus socialistes et verts, de donner le nom de Robespierre à une rue de la capitale.
Une courte majorité avait rejeté cette initiative, après l'hostilité affichée du Maire de Paris et une intervention d'une rare mauvaise foi de M. Bournazel pour l'UMP. Bertrand Delanoë marchait ainsi dans les traces de ses prédécesseurs Jacques Chirac et Jean Tibéri de ne pas attribuer le nom de Robespierre à une rue de la capitale.
Aujourd’hui, l’inauguration d’une "Esplanade Ben Gourion" à Paris dédiée au fondateur de l’armée israélienne, auteur de la proclamation unilatérale d’indépendance d’Israël, responsable de ce fait d’un nettoyage ethnique qui s’est traduit par l’expulsion de 800 000 Palestiniens et la destruction de 500 villages, intervient dans un contexte de crise larvée entre la France et Israël consécutif au refus du premier ministre Benyamin Netannyahou d’autoriser la reconstruction du centre culturel français à Gaza, détruit par l’armée israélienne en 2009.
Sur le plan international, la cérémonie coïncide avec le refus d’Israël de participer au sommet nucléaire de Washington destiné à jeter les nouvelles bases d’un contrôle de la dissémination atomique. Israël a refusé de participer à ce sommet arguant du fait que les Etats arabes pourraient demander la mise sous contrôle du programme nucléaire israélien.
Israël, unique pays au monde avec le Kosovo à avoir été crée par une décision de l’ONU, se refuse ainsi de se soumettre au contrôle de la légalité internationale, au point que la prestigieuse revue « Foreign Policy » n’a pas hésité à consacrer une étude minutieuse, en janvier 2010, à ce que l’auteur de l’article Jeremy R. Hammond qualifie d’« Etat-Voyou » énumérant soixante dix neuf résolutions internationales qu’Israël viole ou se refuse à appliquer.
L’étude couvre la période allant de 1948, (résolution 57 du 18 septembre 1948 adoptée par le Conseil de sécurité de l’ONU dans la foulée de l’assassinat par les Israéliens du Comte Bernadotte, médiateur du conflit entre juifs et arabes), à 2009 avec la résolution 1860 du 8 janvier 2009 concernant la destruction de Gaza.
Pour dénoncer les grâces faites au gouvernement de l’Etat d’Israël par le biais de cet hommage rendu à son premier dirigeant historique, un drapeau palestinien a flotté un instant sur l’Arc de Triomphe et une manifestation a eu lieu sur la Seine. Et comme toujours, ces images n'ont pas ou très peu été montrées dans les médias.
Merci à "Palestine vivra" qui a mis ces images à la disposition de tous.
Photo Flickr-cc : quai Branly Paris par oenvoyage (http://www.flickr.com/photos/oenvoyage)