La qualification de l’Inter hier soir à démontrer la (seule) qualité de son entraineur : défendre. Mourinho gagne partout où il passe, mais il n’a jamais fait produire du jeu à son équipe. Et pourtant à Chelsea et à l’Inter il y a de quoi faire.
» Chelsea is boring »
Les années » Mourinho » de Chelsea fûrent pleines de succès, mais pas inoubliables. Cette période est surtout connu pour ce terme employé par tous les spécialistes de la Premier League : « Chelsea is boring ». L’ennui régnait à Stamford Bridge.
Le style de jeu de l’équipe était le même que celui pratiqué à l’Inter aujourd’hui, à savoir une défense très basse, un pressing constant des milieux, et des individualités en attaque. Même Drogba, le fils du coach portugais, s’est plaint de ce système et de cette façon de jouer. Il a commencé à vraiment jouer et s’éclater que lorsque son mentor a été licencié.
Et pourtant il y avait matière à créer du jeu avec des joueurs tels que Drogba, Lampard, Robben, Joe Cole, Essien, Makélélé…
Le retour du Catenaccio
A Milan, le constat est le même. Mourinho dispose d’une équipe composée de grands joueurs, capable de produire du jeu. Mais le coach portugais préfère en faire une formation solidaire et efficace à défaut d’être spectaculaire. Quel gâchis que des joueurs comme Sneijder, Cambiasso, Eto’o passent leur temps dans leurs 25 derniers mètres. D’ailleurs, ce dernier n’est plus dans le Top 5 des meilleurs attaquants du monde alors qu’il fut sans doute le meilleur attaquant de ces 5 dernières années. Pourquoi l’avoir recruté pour le faire jouer ailier droit? Un Sydney Govou aurait fait l’affaire et aurait couté moins cher. Un whisky coca et une pute lui aurait suffi comme salaire.
La force de Mourinho est de faire déjouer les équipes adverses, et de construire des murs… un vrai maçon portugais en somme. Mourinho n’est pas « The Special One » mais « The Special Maçon »! Pas étonnant que le président du Real Madrid le veuille absolument, il est le président de la plus grosse entreprise espagnole de BTP (ACS). Qui d’autre que le meilleur maçon du monde pourrait entraîner son équipe? Le problème, c’est que les supporters de la Maison Blanche sont fans du beau football. Ils ne veulent pas seulement la victoire, ils veulent aussi la manière. C’est pour cela que malgré le titre de champion, Capello n’a pas fait long feu. Mourinho ne ferait pas long feu non plus à Madrid, il est incapable de procurer du beau jeu.
Le romantisme barcelonais n’a pas survécu au pragmatisme de l’Inter. Mourinho a gagné mais il n’a pas forcément raison. Le football c’est d’abord prendre du plaisir, se faire des passes, trouver des décalages, des intervalles. Lorsqu’il prendra une sélection nationale il ne pourra exiger un tel travail et devra faire évoluer sa méthode.
Abédi Poulet