Si vous ne suivez pas toute l’actualité web régulièrement, peut-être n’avez-vous pas encore entendu parler d’Open Graph, du réseau social Facebook. Vendu à toutes les sauces et annoncé comme une révolution lors du F8, il est de bon ton de mitiger les folies des uns et les phobies des autres et de se demander quels sont les changements réels pour l’utilisateur lambda (vous savez celui qu’on oublie le plus souvent mais qui représente 80% des internautes).
Qu’est ce qu'Open Graph ?
Open Graph est un pack de fonctionnalités fourni aux éditeurs de sites. Ce pack permettra d’apposer nombre de fonctionnalités de Facebook sur un autre site (la principale pour l’instant est la fonction like). De plus, le réseau social a aussi fourni une interface de programmation qui permettra bientôt aux éditeurs de développer sur leurs sites des applications Facebook. En gros : le réseau social s’ouvre et interagit de plus en plus avec les sites externes.
Icônes Facebook
Du côté des fonctionnalités
Rien de nouveau à l’horizon pourrait-on dire : Les mêmes boutons « J’aime/Like » (pour l’instant), de même, la zone de commentaires reste la même. Toutefois, pourquoi Open Graph fait autant parler de lui ? Et surtout quoi de neuf pour l’internaute Facebookien ?
L’Open Graph, si on se met à la place de l’usager facebook, peut se comparer à une sorte de Facebook Connect amélioré… et forcé. C’est-à-dire qu’Open Graph devient une sorte d’interface de navigation. Si je vais sur le site IMDB ou Dailymotion, tout en étant connecté à ce réseau social, je pourrai liker les vidéos qui me plaisent directement sur ces sites tiers. C’est en fait l’environnement de navigation de l’internaute et non les fonctionnalités qui changent. Plus simplement, Facebook (et peut-être d’autres éditeurs à l’aide de l’API fourni par FB) me suit tout au long de mon surf sur le net.
Le contrôle de l’usager
Nous pourrions dire que tout cela est transparent pour l’utilisateur. Disons plutôt qu’il s’agit d’un procédé invisible mais qui peut s’avérer être gênant. Effectivement, les cookies étaient déjà une source de polémique pour la vie privée de l’internaute. Ainsi avec ces petits fichiers, Amazon propose du contenu en rapport avec les autres sites que vous avez visités. De même, avec votre IP, des annonceurs locaux peuvent vous proposer une publicité adaptée et enfin Gmail se base sur le contenu de vos courriers électroniques pour vous placer de la publicité contextualisée. Bref, autant de procédés qui ne créent pas d’énormes polémiques chez la masse d’usagers lambdas (qui ont sans doute d’autres chats à fouetter).
Par contre, la généralisation des fonctionnalités complique peut être la vie de l’internaute et lui fait perdre un peu de son contrôle utilisateur. Tout d’abord, celui-ci est automatiquement logué sur l’ensemble des sites proposant Open Graph. C’est à lui de fouiller dans les paramètres de Facebook pour désactiver cette fonction. Peut-être aurait-il été préférable de proposer à l’utilisateur au lieu de lui imposer cette interconnexion (ou généralisation forcée des fonctionnalités de Facebook au reste du web et de la navigation personnelle). Ensuite, corrélé à la généralisation des fonctionnalités, le wall est éditable sans que l’utilisateur ait une page ouverte sur son profil Facebook. Bref, L’usager, si il se préoccupe un tant soit peu des informations qu’il diffuse, devra être de plus en plus prudent.
Une fonctionnalité encore basique pour l’internaute
Ayant testé la fonctionnalité de Facebook sur le site Dailymotion, ces fonctionnalités sont évidemment très pratiques bien que basiques. Liker/Aimer une vidéo sur dailymotion écrit automatiquement sur mon wall Facebook cette activité. En somme, tout « like » que je fais sur un site tiers est agrégé à mon wall.
Mais le réseau social n’a pas (encore) pensé que je voulais partager mon « like » seulement avec certaines personnes. Par exemple, « dire » à mon cercle intime que j’aime une vidéo de South Park. Toutefois je ne veux pas forcément la communiquer à mon cercle professionnel et vice versa. Néanmoins, mon expérience utilisateur me dit que ma liste d’amis est composée de contacts ayant des particularités communes qui me permettent d’interagir avec eux et donc de poster du contenu en rapport avec mes convictions. De même, les contenus (et les rapports entre facebookers) restent toujours très consensuels au sein des wall. Je ne dis pas que facebook est une masse constituée d’individus identiques postant les mêmes contenus, loin de là, mais que chacun poste du contenu en rapport avec sa liste de contacts (et sans doute aussi en rapport avec son environnement social).
Une communauté dans Open graph, un individu face aux autres
Comme nous l’avons vu, il devient de plus en plus facile de liker un contenu externe. Aussi facile que de noter une vidéo sur Dailymotion ou d’attribuer des étoiles sur Allociné. Nos Newsfeeds ne vont-ils pas être envahis par des like des quatre coins du web ? J’ai déjà supprimé la majorité des résultats des jeux de mes amis sur mon newsfeed (oui, je me contrefiche de votre score à Paf le Chien ou de votre cartel de bad guys à Mafia Wars), peut-on imaginer le même flux d’informations pour les likes ? Car si partager un lien demandait un tant soit peu d’effort (3 clics avec le bouton « partager sur » ou copier/coller le lien dans le statut), maintenant il suffit d’un seul clic. La tentation pour certains de mes contacts de liker en pagaille est donc grande. Encore une fois, comment traiter cette nouvelle masse d’information ?
Prospective Open Graph
Ainsi pour l’usager, la révolution n’est pas pour maintenant, bien que certaines pistes soient déjà mis en avant, notamment celles en rapport avec le web sémantique. C’est principalement pour les gros éditeurs de sites que la révolution, ou tout du moins la prise de décision, se joue.
Car si certains gros sites ont d’ores et déjà adopté Open graph (CNN, IMDB, Dailymotion etc.), ce qui va sans doute entraîner un effet de cascade d’adoption, d’autres sites sont en difficulté pour savoir si ils doivent ou non adopter cette technologie (les sites ayant développé leur propre réseau social, un système de notation poussé ou encore des zones de commentaires populaires).
De plus, l’adoption de cette dernière techno soulève de nombreuses questions.
Quel message envoie un site tiers qui utilise Open Graph à ces internautes ? Respecte-t-il la « vie privée numérique » de son utilisateur ?
Pour certains sites ayant mis en place leurs propres réseaux sociaux ou de notation, ne vont-ils pas voir l’utilisation de leurs fonctionnalités cannibalisées par celles de Facebook ?
Et enfin, quid des données monopolisées par le réseau social ? Dorénavant, Facebook en saura autant sur l’appréciation des utilisateurs de vos produits, voire plus…