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La tête de poisson (Roger Ikor) II

Par Hiram33

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Le viol de la planète bleue avec l’évolution des transports, le désert intersticiel n’existe plus. Les voyages se sont démocratisés. Le tourisme manifeste la prise en charge de toute la planète par toute l’humanité. Ikor imagine qu’un jour il existera un gouvernement mondial. Il passera peut-être par les guerres, par la famine, par un brassage des peuples ou par l’union de l’Europe qui incitera à l’imitation. Pourtant ce sera difficile et Ikor condamne les nationalismes qui ont trnaformé les compétitions sportives en nouvelles guerres. Roger Ikor avait des théories réactionnaires, il faut l’avouer même si son combat contre les sectes est admirable. Après s’être opposé à la grève des transports en commun il déclare que l’homosexualité est une déviation sexuelle. C’est le judéo-christianisme qui a fait croire cela alors que les Grecs de l’Antiquité ne s’y opposaient pas. Pour Ikor la sexualité n’est que le moyen de la procréation, dont le plaisir est l’appât. Dès l’instant que le plaisir devient une fin en soi, il y a déviation. Ce discours est celui des catholiques intégristes même si Ikor tente de nier son rigorisme en affirmant qu’il ne donne aucune valeur péjorative au mot déviation. Son discours serait jugé aujourd’hui abject puisqu’il reproche aux homosexuels leur « anormalité ». Il va même jusqu’à affirmer qu’ »érigée en loi universelle, l’homosexualité éteindrait l’espèce ». Cela est ridicule car il faudrait alors condamner les hétérosexuels qui refusent d’avoir des enfants et font l’amour rien que pour le plaisir. Eux aussi « éteindraient l’espèce ». Ikor pense que la libération sexuelle a provoqué un aplatissement moral mauvais. Ikor se comporte vraiment en jésuite. D’une certaine façon il est sectaire quant à la morale qu’il veut juger normale si elle reste dans la tradition, le procréation. Il faut condamner la morale d’Ikor car s’il est contre le totalitarisme des sectes il se comporte du point de vue de la morale comme un religieux dogmatique fermé aux différences d’orientations sexuelle. Ikor embraye ensuite sur la pédophilie qu’il condamne à juste titre mais on peut penser que s’il en parle à la suite de l’homosexualité c’est qu’il la met dans le même sac. Ikor s’attaque ensuite au hard rock qu’il condamne pensant qu’il déchaîne les fureurs alors qu’on a jamais vu des fans de hard rock commettre des crimes à la sortie d’un concert. Ikor est un vieux ronchon bloqué au XIXè siècle. Pour preuve il condamne l’art abstrait. Il pense qu’avec l’abstrait l’art s’évanouit. Il va même jusqu’à nier les arguments des défenseurs de l’art abstrait et pense que leurs plaidoyers sont sans ombre de valeur. Ikor est sectaire car il condamne et juge sans valeur ce qu’il n’aime pas et dénigre ceux qui apprécient l’art moderne. Pour peu il parlerait d’art dégénéré. Ikor dénigre également le surréalisme et le nouveau roman auquel il ne trouve aucun sens. Il va même jusqu’à dire que le nouveau roman marche comme marchent les sectes les plus farfelues. Comparer Nathalie Sarraute à Ron Hubbard il fallait oser et Ikor s’est ridiculisé en le faisant. Réactionnaire jusqu’au bout, Ikor pousse jusqu’au racisme en écrivant : « Un Etat doit maintenir le peuple dans l’ignorance, garantie de son obéissance. Aujourd’hui, le plus obtus des réactionnaires ne doute pas que l’inculture des masses, loin de renforcer un Etat, l’affaiblit. Comment comprendre autrement la faiblesse de quatre-vingts millions d’Arabes face à trois millions d’Israéliens ? »

C’est du pur racisme et de la pure bêtise de juger les Arables plus faibles intellectuellement que les Israéliens et aussi aussi Ior montre sa méconnaissance de la géopolitique car si Israël a pu se défendre contre les Arabes c’est parce qu’Israël est soutenu militairement pas les Etats-Unis et dispose de la bombe atomique et pas les Arabes. Ikor dévie sur la politique. Il a raison de juger les démocraties qui sont devenues des régimes monarchiques. La personnalisation  du pouvoir est flagrante en France. Il évoque le chômage qui pour lui résulte de la soustraction entre le nombre de travailleurs disponibles et celui dont la société a besoin. Or celui-ci diminue, en raison de la mécanisation pendant que l’autre augmente : il y a de plus en plus de femmes à l’usine ou au bureau, et une masse considérable d’immigrés s’ajoute aux indigènes. On se demande si Ikor le regrette. Ikor pense que la finalité de la civilisation industrielle est la réduction du temps de travail et l’accroissement des loisirs. Ikor souhaite que l’on supprime les fabrications inutiles et que le travail soit réparti équitablement. Il pense que le travail pourrait être fixé à cinq heures par jour et la retraite à cinquante ans. Mais il sait que l’économie est mondialisée et que le protectionnisme ramènerait à l’artisanat et abaisserait à proportion le niveau de vie. La seule solution est que les conditions de travail dans le Tiers monde s’élèvent à un niveau comparable au nôtre. Ior pense que la réduction du temps de travail pourrait provoquer l’angoisse de  l’ennui car seuls les esprits supérieurs peuvent occuper les loisirs.

Conclusion

Pour reprendre pied, Ikor pense que l’industrie tend à tuer l’art. Ce qui est menacé par notre civilisation, c’est en définitive la saveur de la vie. La civilisation industrielle nous a fait don de pouvoirs considérables : comment allons-nous les mettre en oeuvre pour le meilleur, et non pour le pire ?

Ikor pense qu’il n’existe pas de société sans morale et que chaque homme obéit à une morale. Non seulement le sens moral existe, mais il a un contenu sur lequel l’ensemble des hommes s’accorde. Or c’est ce contenu, et le sens moral lui-même par raccroc, que depuis quelques décennies la pensée « industrielle » s’évertue à ébranler, voire à ruiner. La prolifération des sectes est une réponse, aberrante assurément, mais une réponse, à une angoisse née du sens profond que nous avons du danger.


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