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L'Europe en faillite

Publié le 29 avril 2010 par Copeau @Contrepoints
L'Europe en faillite La seule raison pour que la faillite ne soit pas déclarée serait, paradoxalement, qu'une telle menace enverrait le message moralement adéquat à l'Europe désorientée. À savoir : on ne peut pas dépenser plus que ce que l'on gagne.

La faute de la dégradation de la dette grecque, portugaise ou espagnole ne vient pas de l'arbitre, mais bien des innombrables coups de canif portés à l'économie et au sens commun. La Grèce a complètement faillie. Elle ne peut plus faire face à ses échéances à court terme. Elle pourra encore payer les 9 milliards qu'elle doit rembourser le 19 mai avec les 15 milliards que lui prête le FMI. Et puis ce sera tout.

Le principe fondamental du droit est « pacta sunt servanda », les pactes doivent être respectés. Ici, le pacte, c'est l'article 123 du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne qui interdit le sauvetage d'un pays. L'Union européenne peut le violer sans façon, risquer de se voir confrontée par la suite à des procédures judiciaires devant la cour constitutionnelle allemande ou les cours de justices des communautés et perdre ainsi le peu de crédibilité qu'il lui reste, ou alors laisser un pays membre de l'Union suspendre ses paiements. Malgré les indécentes pressions en sens contraire, il semble bien que l'on n'aura pas d'autre option que la seconde :

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Parce qu'on ne sait simplement pas combien d'argent a réellement besoin la Grèce. Le FMI parle déjà de 120 milliards, le double de ce qu'il était initialement prévu de prêter. Ensuite personne n'est convaincu que les réformes draconiennes nécessaires seront menées avec le sérieux suffisant et suffisamment longtemps.

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Parce que près de 90% des Allemands s'opposent à prêter pour venir en aide à la Grèce. Même si une grande partie de la dette grecque se trouvent dans les portefeuilles de banques allemandes et françaises. Demander plus de prêts aux contribuables nets, comme le suggèrent beaucoup, c'est non seulement anti-juridique, antidémocratique et anti-économique mais s'assimile à l'extorsion de fonds sous la contrainte envers ceux qui ont épargné. La cigale dévalisant la fourmi.

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Parce que si on aide la Grèce, il faudra faire de même avec le Portugal ou l'Espagne. Or à ce moment il ne restera plus d'argent, ni de volonté d'imposer les réformes impopulaires dans une ambiance démagogique faisant des prêteurs les coupables de la crise.

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Parce qu'une éventuelle dévaluation serait trop complexe à court terme et demanderait la transcription de la dette dans une nouvelle monnaie. Ce qui impliquerait une sortie de l'euro, chose que l'on ne peut exiger juridiquement aujourd'hui.

Reste la faillite. Qu'on l'appelle négociation ou restructuration ou n'importe quoi d'autre. La Grèce entreprendra ses réformes, peu à peu, comptant sur la compréhension de ceux qui la financent. Jamais elle n'y arrivera si elle essaie de convaincre de l'impossible : d'une récupération rapide et douce.

La seule raison pour que la faillite ne soit pas déclarée serait, paradoxalement, qu'une telle menace enverrait le message moralement adéquat à l'Europe désorientée. À savoir : on ne peut pas dépenser plus que ce que l'on gagne. Ouvrant ainsi l'espace pour les réformes obligatoires des États providence, pour se débarrasser des coutumes sclérosantes qui bloquent la croissance. En même temps de réhabiliter la responsabilité individuelle. Encore faudrait-il que les médias maintream et les politiciens démagogues renoncent à exiger que l'Allemagne joue le rôle de derniers recours immobile qui, miraculeusement, paierait toutes nos dettes. Comme le rappelle Merkel, il n'y a pas d'échéance qui n'arrive à terme ni de dette qu'il ne faille rembourser.


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