Fayette, rillettes, ce n’est sans doute pas par hasard qu’il portait toujours un pull couleur rillettes ; ni gris ni beige, un peu chiné, et col roulé par tous les temps ; un pantalon dans les mêmes tons, toujours le même, et des bottes qu’il avait coupé à mi mollet pour plus d’aisance.
De grosses boucles blond / gris ornaient sa face rose, rasée de deux jours, toujours.
Le grand Fayette était un colosse désoeuvré. Certains disaient paresseux.
Vieux garçon bien qu’encore jeune, il vivait chez sa mère qui se portait très bien et prenait grand soin de lui tandis qu’il s’occupait des trois canards et des lapins. Il parlait d’une voix très douce, une voix de nounours, de celles qu’il est difficile d’associer à ce genre de gabarit. Enfants, il était pour nous l’incarnation de l’ogre du Petit Poucet.
“Toujours prêt” disait-on de lui, petit sourire en coin.
Il suait beaucoup mais était infatigable. C’est tout juste s’il prenait un moment pour se désaltérer, il s’épongeait le front c’était assez. Et pour payer ses efforts il suffisait de lui offrir le repas.
Toujours prêt, ricanait-on. Il ne conduisait pas et se déplaçait en tracteur uniquement. Rouge. Toujours prêt.
Un jour du haut de mes dix ans j’interrogeais ma cousine car je ne comprenais pas le fondement de cette moquerie. Toujours prêt ? Oui, il aide, il est gentil alors ?
Alors, me dit-elle, la prochaine fois qu’il ira chez toi, regarde bien son pantalon. J’avais compris.
Martha
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La z’ique du jour :