André Manaranche, Pas de prêtrise si l'Eglise n'est pas du Christ 5

Publié le 29 avril 2010 par Walterman

4. L'Eglise est maintenue « sub Christo » par le sacrement de l'Ordre, qui est ainsi constitutif de sa réalité profonde. Car elle n'est pas unie à son Seigneur n'importe comment, mais comme le corps est irrigué par la tête : elle est donc comme cum Christo, in Christo, mais surtout sub Christo, ce qui ne signifie pas un écrasement humiliant, mais une dépendance nourricière. Toute autonomie de sa part serait une vivisection meurtrière. Loin que l'Ordre lui permette de se gérer elle-même, il atteste au contraire qu'elle n'est pas sa propre source, ce que les gens ont du mal à comprendre quand le cléricalisme fait écran. Si elle avait voulu s'administrer elles-mêmes, elle se serait donnée un bureau, pas des successeurs d'apôtres. L'expérience le montre bien : l'Eglise n'a pas inventé le sacerdoce, elle ne peut pas le supprimer et elle ne peut pas l'authentifier chez quelqu'un en l'absence d'une vocation véritable. Elle dépend donc entièrement du don de Dieu, et, comme elle s'engage à n'ordonner que des charismatiques du célibat, elle vit d'une grâce « au carré » si l'on peut dire. Pour elle, dit Jean-Paul II, le prêtre est « le signe de la priorité absolue et de la gratuité de la grâce ». Par lui, « l'Eglise prend conscience, dans la foi, de ne pas exister par elle-même, mais par la grâce du Christ » (Pastores dabo vobis, n° 16) « par l'altérité du don de l'Esprit » (BED, p. 46).

Aussi le même prêtre qui fait corps avec elle lui fait face à certains moments, lui « tient Tête », pourrait-on dire, parce qu'il représente le Christ dans sa grâce capitale, gratia Capitis (Presbyterorum ordinis, n° 2 ; Pastores dabo vobis, n° 16). Le ministre ordonné ne doit jamais oublier qu'il est un fidèle comme les autres, et il doit prendre les moyens de vivre en conséquence (de se convertir, de se laisser enseigner, de recevoir le sacrement du pardon, de faire sa retraite, de prier). Mais il ne doit pas avoir honte de faire face à l'Eglise, dans son rôle, à sa place, avec les prières qui lui reviennent (le canon eucharistique par exemple) et avec l'habit qui convient. Il est à la fois l'un et l'autre, sans qu'il lui faille choisir entre les deux. Si l'Eglise ne s'inquiétait plus des vocations et prenait son parti de ne plus en avoir, elle perdrait son identité d'Epouse et se transformerait progressivement en une amicale. C'est là un problème grave. Une amicale travaille pour un mort, une Eglise par un Vivant.