La mariée était en noir de François Truffaut. ( MGM )
On dit qu’il aimait bien les femmes. C’est un lieu commun, un titre de film et une légende, désormais. François Truffaut aimait les femmes qui jouaient devant sa caméra. Il les sublimait. Isabelle Adjani, Jacqueline Bisset, Fanny Ardant, la compagne des derniers jours, Nathalie Baye, Catherine Deneuve, Brigitte Fossey, Claude Jade qu’il faillit épouser, Bernadette Lafont, Jeanne Moreau …Tendre Jeanne, alors portée par les démons de la vengeance.
Mante religieuse et femme fatale, elle est la mariée de l’histoire. Kill Bill avant la lettre. Tour à tour, les hommes qu’elle rencontre, sciemment, disparaissent, comme emportés par un étrange secret que Truffaut révèle au « compte goutte ». Le roman de William Irish (Cornell Woolrich de son vrai nom) est inscrit dans chaque page, mais les codes du polar ont déjà disparu dans le regard de l’ancien critique cinématographique.
Avec La Mariée était en noir, c’est au grand jour, en pleine lumière, qu’il dissèque l’âme humaine et ses travers. Les victimes ne sont pas des méchants, mais des êtres du quotidien, sympathiques et veules, tendres et lâches. Toute une société en réduction qui défile avec grâce et liberté, jusqu’au moment où Truffaut bloque la mécanique.
Claude Rich, Michael Lonsdale et Michel Bouquet, tous ces beaux messieurs vont-ils y passer ?
Il n’y a pas de nouvelle vague dans sa démarche, mais un esprit taquin vis-à-vis de la caméra qui vous filme un meurtre avec une légèreté insouciante. Puis vous attrape un foulard au gré du vent, joliment, poétiquement, pour vous conduire au prochain pugilat.
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