L'Europe sombre, et Sarko préférait partir inaugurer une foire commerciale dans la plus grande dictature de la planète...
Le Niqab-gate d'Hortefeux
Quand Brice Hortefeux a demandé à son collègue Besson de vérifier si le mari d'une conductrice intégralement voilée interpellée par des policiers pour conduite «avec vision réduite» ne pouvait être pas déchu de sa nationalité française pour polygamie supposée et fraudes aux allocations familiales, il ne savait pas qu'il rendait un mauvais service à son équipe.
Eric Besson est apparu gêné. On ne déchoit pas quelqu'un de sa nationalité française pour rien. La polygamie n'est pas du terrorisme: «On va examiner ce que l'on peut déjà faire. Le cas échéant, ce sera au président et au premier ministre de décider de changer la loi». Lundi, Eric Besson a dû poursuivre la surenchère de son collègue Hortefeux, et ainsi suggérer de modifier la loi: «Faut-il retirer la nationalité française à celui qui ne respecte pas les valeurs fondamentales de la République, qui pratique la polygamie ou l'excision?» Et d'ajouter: «J'estime qu'il ne mérite pas de conserver la nationalité française». Un peu plus tard, un journaliste de France 2, Michael Darmon, confirme: «il n'y a rien dans le dossier.»
Le mari accusé aime visiblement les polémiques médiatisées. Il a tenu une conférence de presse lundi 26 avril : «A ce que je sache, les maîtresses ne sont pas interdites en France, ni par l'islam. Peut-être par le christianisme, mais pas en France» a-t-il expliqué. La situation, horrible, se retourne contre le ministre. Il va lui falloir prouver que les 4 femmes dudit bonhomme sont toutes légitimes, ou que disposer de maîtresses consentantes est un crime de la République qui mérite la même déchéance de nationalité qu'un acte de haute trahison ou de terrorisme. La Sarkofrance se ridiculise. Ce régime est fascinant, tant il tolère un niveau d'incompétence politique inégalé dans ce pays. Il ne se passe pas une semaine sans qu'un nouveau fait divers ridicule vienne chasser le précédent. Lundi, Eric Besson n'avait qu'une modification de la loi à proposer pour tenter de répondre positivement à la bourde de son collègue de l'Intérieur. Le lendemain, deux femmes en burqa, pour l'une, en niqab, pour l'autre, s'affichaient dans le Grand Journal de Canal+ en soutien de leur coreligionnaire nantaise. Et le père de la dite nantaise est allé enregistrer une déposition à la brigade de gendarmerie de Vieillevigne (Loire-Atlantique), pour se plaindre (à juste titre) de n'avoir «plus de contacts» avec sa fille qu'il «ne peut plus voir ses quatre petits-enfants», «enfermés» par son compagnon/mari Liès Hebbadj.
Mercredi, Brice Hortefeux réagissait violemment dans le Monde aux critiques dont il a fait l'objet, notamment dans les colonnes du quotidien du soir : «Je ne céderai pas aux tenants du politiquement correct qui, toujours, préfèrent ne rien dire, ne rien faire, ne rien penser, pour ne prendre aucun risque. Je suis, pour ma part, convaincu que les responsables politiques ont un devoir de transparence.» Reste que tout le monde, à droite comme à gauche, dans les médias ou ailleurs, prend cette affaire pour ce qu'elle est : une bourde médiatique à multiples facettes.
On oublierait presque qu'un autre Nicolas Sarkozy déclarait, en 2003 : « Si quelqu’un veut aller faire ses courses avec son voile, au nom de quoi devrait-on l’en empêcher ? »
La zone euro s'effondre...
Nicolas Sarkozy reste prudemment à l'écart de ces bourdes et polémiques. Il partait en Chine, sceller la réconciliation de nos deux pays avec son homologue dictateur. Xavier Bertrand, pourtant secrétaire général d'une UMP qui a signé un accord de partenariat avec le Parti Communiste Chinois, n'était pas du voyage. L'Armée Populaire chinoise a même joué et chanté deux chansons de Carla Bruni-Sarkozy. Le déshonneur était complet. On se demande vraiment si l'épouse du Monarque a réellement apprécié cet hommage d'une institution plus réputée pour ses rafles de tibétains que ses talents artistiques. «C'est la première fois que je suis en Chine, c'est éblouissant» a-t-elle déclaré. Cette visite du couple Sarkozy était surtout touristique. Ils ont parcouru le mausolée de l'empereur Qin Shi Huang (mercredi), se promèneront sur la Muraille de Chine (jeudi), et inaugureront le pavillon français de l'Exposition universelle de Shanghaï (vendredi).
Bien qu'en voyage, Nicolas Sarkozy devait faire semblant de rester attentif au sort de la Grèce. L'activité diplomatique est un terrain moins boueux que les polémiques douteuses de Sarkofrance. Avant son départ, le monarque a rencontré le président de la Commission européenne au sujet de la Grèce, puis fait publier un communiqué commun demandant «une action rapide et résolue contre la spéculation qui vise la Grèce, afin d'assurer la stabilité de la zone euro». Depuis, pas de réaction, pas un mot. Rien. Sarkozy visite la Chine. Mercredi, il a donné une "conférence de presse" avec son homologue Hu Jintao. Chacun a récité son texte. Pas de questions. On est en Chine. Là-bas, on enferme les journalistes trop curieux.
En Europe, la note de crédit accordée à la Grèce a encore été abaissée mardi. Les spéculateurs du monde entier jouent l'effondrement du système, et la sortie du pays de la zone euro. Le pays est contraint d'emprunter à des taux d'intérêt prohibitifs dépassant les 10% (pour les emprunts à 10 ans), dans un contexte de récession (-2% de PIB attendu cette année) et de déficit public record (14% de déficit budgétaire). Les Bourses européennes ont très mal réagi. Sarkozy veut faire pression sur l'Allemagne. Mais Angela Merkel pense à ses élections partielles. La crise grecque est aussi une crise du couple franco-allemand. Les Allemands exigent des Grecs un plan détaillé d'austérité budgétaire. Les Français, eux-mêmes financièrement très mal en point, sont moins regardants. Après la Grèce, le Portugal puis l'Espagne sont menacés. Après celles de la Grèce puis du Portugal, une agence de notation a abaissé d'un cran la note de la dette espagnole, assortie d'une perspective négative. Emprunter sera donc plus cher pour l'Etat espagnol, et donc pour les contribuables. A qui le tour ? C'est la panique dans la zone euro, commente le Figaro.
Mercredi, les Bourses européennes chutaient à nouveau.
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Du Niqab à la polémique...
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