Constat
A chaque problème mettant en cause un « jeune des cités » et la police, le fait divers, souvent dramatique, dégénère en violences urbaines : policiers et pompiers attaqués, voitures brûlées, émeutes nocturnes, magasin, écoles et autres bibliothèques saccagées, jeunes cagoulés… Le dernier exemple de Villiers-le-Bel en est la parfaite illustration.
A chaque fois, ce sentiment amer de relire dans les journaux et revoir à la télévision toujours les mêmes commentaires : la version officielle – forcément favorable à la police - contre la version du quartier - forcément défavorable - , la disparition de la fameuse Police Urbaine de Proximité, les bandes de petits caïds dénoncés par les parents dépassés, les familles de victimes et le Maire appellant au calme, le ministre de l’Intérieur se rendant sur les lieux pour dire que c’est inadmissible de s’attaquer aux représentants de l’Etat, l’échec de la politique d’immigration « à la française » etc… On pourrait faire un copier-coller à chaque émeute…
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Les discours tout faits
Les problèmes des banlieues c’est, on le sait bien, la faute aux architectes qui ont construit ces vilaines tours et conçu ces foutus quartiers. Puis c’est aussi la faute aux bailleurs sociaux qui ont organisé le peuplement de leur parc HLM pour concentrer les problèmes dans certaines tours qu’ils ont ensuite laissées à l’abandon. Ces problèmes c’est aussi - bien sûr ! - la faute aux immigrés, dont le profil oscille entre chômeur assisté ou petit caïd trafiquant de drogue et semant la terreur dans les quartiers. C’est aussi la faute aux policiers, ces nouveaux cow boys des cités qui, c’est bien connu, agissent et se comportent comme les bandes de petites frappes qu’ils poursuivent. C’est aussi et surtout la faute à l’Etat-Mamma qui a laissé ces quartiers à l’abandon, et surtout quand l’Etat est représenté par l’adversaire politique ! (lire la misérable récupération politicienne de Montebourg). Allez, encore un dernier pitoyable exemple pour la bouche…
Alors quoi ?
Alors pas grand chose de ces discours tout faits qui enfilent des perles et assènent des vérités d’une banalité stupéfiante. Ces dernières tirent toute leur origine d’un constat qui vient bien de la réalité, mais qui verse dans la caricature, faute d’efforts, de travail, de connaissance et de recul. Et à l’expert qui fera un véritable travail d’enquête ou de recherche sur l’origine des maux, on rétorquera que leur analyse est bien jolie sur le papier mais qu’il y a le quotidien, et qu’on a pas le temps de couper les cheveux en quatre.
Peur sur la ville…
Sourde inquiétude de la population voyant ces scènes d’émeutes dans des décors qu’ils ne connaissent pas. Alors on a peur et on sort la grosse artillerie : pour certains, tout ça c’est un manque d’éducation, d’ordre et il faudrait remettre tous ces jeunes au travail plutôt que de les assister avec le RMI. Pour d’autres, c’est la faute de l’Etat qui a privilégié le tout répressif au détriment de la compréhension des problèmes des habitants et de la recherche de la matrice de ces violences. Le seul point intéressant c’est qu’on retrouve ces discours au sein même de la population des banlieues qui vit ces violences. Il y a donc forcément du vrai chez les deux…
Inquiétude surtout
Cette banalisation d’évènements si graves est inquiétante. Leur répétition est la preuve que le traitement administré, s’il existe, est insuffisant ou trop long à produire ses effets. Alors faut-il une « politique de la ville », faut-il un traitement particulier de ces espaces urbains et périphériques ? Un tel traitement n’est-il pas une manière supplémentaire de stigmatiser les espaces et les populations ?
En enfin, se pose la dernière question, problématique : la ville n’est-elle pas finalement un système génèrateur d’exclusion et si oui, pouvons-nous y apporter des éléments correcteurs ou bien sommes-nous condamnés éternellement à gérer ce type de problèmes ? Si tel était le cas, autant en prendre acte dès maintenant et arrêter tout ce cirque médiatique qui ne fait qu’alimenter peurs et mystifications.
François