Constat
A chaque fois, ce sentiment amer de relire dans les journaux et revoir à la télévision toujours les mêmes commentaires : la version officielle – forcément favorable à la police - contre la version du quartier - forcément défavorable - , la disparition de la fameuse Police Urbaine de Proximité, les bandes de petits caïds dénoncés par les parents dépassés, les familles de victimes et le Maire appellant au calme, le ministre de l’Intérieur se rendant sur les lieux pour dire que c’est inadmissible de s’attaquer aux représentants de l’Etat, l’échec de la politique d’immigration « à la française » etc… On pourrait faire un copier-coller à chaque émeute…
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Les discours tout faits
Alors quoi ?
Alors pas grand chose de ces discours tout faits qui enfilent des perles et assènent des vérités d’une banalité stupéfiante. Ces dernières tirent toute leur origine d’un constat qui vient bien de la réalité, mais qui verse dans la caricature, faute d’efforts, de travail, de connaissance et de recul. Et à l’expert qui fera un véritable travail d’enquête ou de recherche sur l’origine des maux, on rétorquera que leur analyse est bien jolie sur le papier mais qu’il y a le quotidien, et qu’on a pas le temps de couper les cheveux en quatre.
Peur sur la ville…
Sourde inquiétude de la population voyant ces scènes d’émeutes dans des décors qu’ils ne connaissent pas. Alors on a peur et on sort la grosse artillerie : pour certains, tout ça c’est un manque d’éducation, d’ordre et il faudrait remettre tous ces jeunes au travail plutôt que de les assister avec le RMI. Pour d’autres, c’est la faute de l’Etat qui a privilégié le tout répressif au détriment de la compréhension des problèmes des habitants et de la recherche de la matrice de ces violences. Le seul point intéressant c’est qu’on retrouve ces discours au sein même de la population des banlieues qui vit ces violences. Il y a donc forcément du vrai chez les deux…
Inquiétude surtout
Cette banalisation d’évènements si graves est inquiétante. Leur répétition est la preuve que le traitement administré, s’il existe, est insuffisant ou trop long à produire ses effets. Alors faut-il une « politique de la ville », faut-il un traitement particulier de ces espaces urbains et périphériques ? Un tel traitement n’est-il pas une manière supplémentaire de stigmatiser les espaces et les populations ?
En enfin, se pose la dernière question, problématique : la ville n’est-elle pas finalement un système génèrateur d’exclusion et si oui, pouvons-nous y apporter des éléments correcteurs ou bien sommes-nous condamnés éternellement à gérer ce type de problèmes ? Si tel était le cas, autant en prendre acte dès maintenant et arrêter tout ce cirque médiatique qui ne fait qu’alimenter peurs et mystifications.François