Le président américain Barak Obama est un coureur de fond qui n’a pas fini d´étonner le monde. A peine qu’il ait remporté une première manche avec la réforme sociale la plus « progressiste » qu’ait connue les Etats-Unis ; le voilà poursuivant son irrésistible lancée avec à la clé, la réforme du système financier américain.
Sans peur même si pas toujours sans reproche, le président s’attelle à la transformation du capitalisme financier et des puissants lobbys. Il ose être frontal avec des secteurs riches et puissants auxquels il entend passer la bride…pour réfrénerl’équipée sauvage de la cavalerie financière. La position américaine jadis conservatrice sur des questions monétaires est aujourd’hui assez « progressiste » et étonne même à gauche. La vérité est que le 38e président des Etats-Unis veut rester conséquent avec ses discours de campagne et incarner les légitimes aspirations d’une Amérique profonde qui n’a pas dans la grande presse pignon sur rue.
« Certains à Wall Street ont oublié que derrière chaque dollar échangé ou emprunté se trouve une famille qui veut acheter une maison, financer les études de ces membres, créer une entreprise ou épargner pour sa retraite » ; affirme le chef de la maison blanche en pleine foulée de son marathon politique de la semaine.
Le projet de réforme forcerait à standardiser les produits financiers dérivés et à les coter sur des marchés organisés transparents. Il chercherait surtout à interdire aux banques qui ont accès au guichet de l’escompte de la Réserve fédérale, de spéculer sur leur propre compte. A l’instar du scandale qui secoue actuellement la Goldman Sachs accusée de spéculer contre ses propres actionnaires. Le momentum parait bon pour le président à un moment ou l’on annonce franchement une reprise autonome de l’économie américaine pour le premier trimestre de 2011.
La planète entière a eu chaud et est passé à coté d’un séisme financier de même magnitude que celui de 1929. La récente photo de famille particulièrement souriante des dirigeants du G-20 témoignent du regain de santé d’une économie mondiale, avec une croissante assez « insolente » des pays du BRI (Brésil, Inde, Chine).
Barak Obama ne croit pas uniquement dans les vertus d’un keynésianisme revisité. Il croit dans le concept de « capabilités » cher à certains économistes et qui renvoie aux capacités réelles qu’ont les individus d’utiliser leurs ressources aussi modestes soient-elles pour mener à bien le projet de vie qu’ils ont choisi. Cela suppose une petite « révolution », excuser du peu, dans la conduite des affaires publiques. Une application de la notion de justice comme équité dans des questions économiques et sociales. Un philosophe américain John Rawls décédé en 2002 en avait fait le nec plus ultra de sa théorie de la justice.
Le 38e président des Etats-Unis semble vouloir en faire un art de gouverner.
Roody Edme