En septembre 2004., j'avais regardé un reportage sur l'école et j'avais écris ce post. Récemment, Mariesg a eu la gentillesse de me laisser un long commentaire relatif à ce post. Comme je pense que sa réponse soulève des questions importantes pour quiconque souhaite contribuer au développement d'une école solidaire, j'ai souhaité lui répondre longuement moi aussi et donc rédiger un post. Je me permets donc de reproduire ici le commentaire de MarieG : Je vois que ce billet est très ancien, mais je le découvre juste et il me touche énormément. Je suis moi-même instit. Et des enfants comme la petite fille que vous décrivez, on en voit plein dans notre banlieue. A chaque fois, j'ai un mal de chien quand j'essaye d'imaginer ce qui peut passer dans la tête de ces enfants qui ne sont plus vraiment des enfants, qui ont des soucis d'adultes et qu'on ne sait pas comment aider. Alors on est quelques uns à essayer de comprendre, à essayer de parler avec les parents, à essayer de leur proposer un accompagnement psychologique, à essayer surtout de ne pas stigmatiser ces enfants en échec scolaire. Mais il y a aussi des profs qui les regardent de travers, qui disent que ces enfants n'ont pas leur place à l'école et devraient plutôt être internés. Il y en a qui baissent les bras et qui disent "avec les parents qu'il a, c'est normal, qu'est-ce qu'on peut faire ?". Il y en a qui pensent que ça n'est pas notre travail d'aider ces élèves et aussi de tout faire pour qu'ils trouvent un espace de paix et de joie à l'école - qu'au moins ils aient un endroit où les problèmes disparaissent... Oui, c'est difficile de s'occuper de ces enfants. Mais pour moi, rien n'est aussi triste qu'un enfant qui n'a pas d'enfance véritable. Alors il faut qu'on se batte pour eux. Et tant pis pour ceux que ça dérange et que ça remet en cause. Merci de parler de ça dans votre blog, c'est vraiment important, et trop de gens ne mesurent pas l'impact de la souffrance sur les apprentissages. Ce que vous faites est vraiment chouette. Continuez! Rien de plus triste qu'une enfance sans enfance véritable. Je ne doute pas qu'ils soient nombreux, les enseignants et les enseignantes qui sont touchés par ce type de situation et qui mettent tout en oeuvre pour lutter contre ces décrochages précoces. Ce sont, vous êtes, les artisans de la solidarité. MERCI pour eux et pour nous . A ceux qui pensent que ce n'est pas leur travail, qui baissent les bras sans même avoir lutté, j'aimerais leur demander quel sens peut bien avoir leur activité professionnelle. A lire et écouter certains, on dirait qu'ils se sentent déchoir si leur enseignement n'est pas compris. Sans jamais s'interroger sur leur pratique, ils se sentent offusqués de pas avoir un auditoire « à la hauteur » . Il devient alors urgent de le « rehausser » en éliminant tous ceux qui, par leur inadéquation, le font « baisser » . Autre tactique largement utilisée : s'adresser à un auditoire virtuel Enseigner non plus à des élèves, des enfants, des personnes, mais à un « niveau » - bref devenir une sorte de vidéo qui débite un cours. Peu d'interactions et quasiment aucune avec les « pas à la hauteur » . Mais renoncer au concret, au réel, se transformer en émetteur vidéo, n'est-ce pas là que l'on déchoit, que l'on s'ampute d'une part de son humanité ? Que l'on s'ampute aussi du sens pour soi de sa pratique professionnelle ? Je me souviens d'une émission « Arrêt sur image » de France 5. Y intervenait entre autre Jean-Paul BRIGHELLI, l'auteur de « La fabrique du crétin », grand pourfendeur sur son blog "bonnet d'âne" de toute recherche/innovation pédagogique, présentées comme autant de futilités. Interrogé après une séquence où on voyait un garçon en pleurs en classe, il a affirmé que ces pleurs relevaient d'un « AUTRE CHAMP SEMANTIQUE » et étaient à mettre sur le compte de la manipulation de la part de ce garçon. Se peut-il que j'aie raison ? Qu'un renoncement en implique d'autres, plus intimes ? Le débat est ouvert et votre avis m'intéresse !