Des maisons, des mystères
Des familles, des secrets
L'auteure
Connaissez-vous Germaine Beaumont ?
Il est fort probable que non tant elle fut vite enterrée. Il a fallu le coup de coeur et l’entêtement d’une universitaire (Hélène Fau) pour remettre sur le devant de la scène cette femme de Lettres très active et connue en son temps : 1890-1983). Elle était en effet journaliste, romancière, traductrice juré Fémina, critique et éditrice de romans policier, femme de radio (dans l’émission Les Maîtres du Mystère), amie de Colette…
Elle a publié plusieurs romans, où le secret est roi, et les éditions Omnibus s’attachent depuis quelques temps à rééditer son oeuvre.
Est paru en 2005 un volume contenant trois romans (La Harpe Irlandaise, Les Clefs, Agnès de rien, écrits entre 1940 et 1943) sous le titre de Des maisons, des mystères… Je ne pouvais résister à un tel intitulé ! Et je n’ai pas été déçue. Certes le style peut apparaître désuet. Mais comme le dit Colette, ce sont des “romans policiers sans police” tant le mystère et les secrets y règnent, et la lecture se fait haletante. L’auteure dit d’ailleurs d’elle-même : “Je suis une maison hantée”. Son histoire intime est à cet égard assez éclairante : elle a été abandonnée par sa mère à l’âge de huit ans. Dans ses romans, elle ne cesse de décliner cette scène originelle et d’en chercher les raisons. Comme le dit Hélène Fau, elle “interroge inlassablement la destinée féminine, espérant trouver un mobile, multiplie les hypothèses et collecte minutieusement les indices”. Elle traque sa blessure intime comme une enquêtrice. Voilà pourquoi ses romans ressemblent à des intrigues policières mais qui se feraient dans le souterrain des âmes, donc des maisons…
Alors oui, comme les héroïnes de ces histoires, souvent solitaires, on a envie de pousser la grille rouillée du jardin d’une maison abandonnée pour en découvrir le secret, pour briser le silence contenu par les vieilles pierres… et on tourne les pages…